Cet autodidacte du dessin se fit un nom en publiant dans L’Enragé de Siné, une brève publication soixante-huitarde. C’était le début d’une carrière de dessinateur d’humour qui allait durer pendant 50 ans. Patrick Gaumer nous montre ces premiers dessins ainsi que les autres grandes étapes de sa carrière qui passe de Pilote, où il publie son récit Voir Naples ou mourir, à la création de son détective Jack Palmer en 1974. En 1989, sa notoriété s’accroit, il est accueilli par ses pairs dans l’Académie des Grands Prix de la Ville d’Angoulême.
En 1993, il entre au Canard enchaîné, le « saint des saints » du dessin d’humour politique. C’est une forme de consécration. Chacune de ses interventions sont des moments de pertinence et d’élégance. 2001 marque un tournant supplémentaire dans sa reconnaissance auprès du grand public. Son Enquête corse reçoit le Prix du meilleur album à Angoulême et se voit adaptée au cinéma par Alain Berberian (le frère de Charles).
Son parcours s’achève avec un « Grand Boum » à Blois en 2017. Il avait eu le temps d’élire son successeur qui sera proclamé à la fin du mois. Mais une « longue maladie » le rattrape et il quitte la scène le 30 septembre dernier, ActuaBD n’a pas manqué de lui rendre hommage. Le « festival citoyen » n’a pas d’autre choix que d’accepter l’absence de ce géant.
Un "festival citoyen"
Avec 200 auteurs invités et 70 exposants, il honore le souvenir d’Annie Goetzinger, un autre « Grand Boum » récemment disparu, accueille une exposition Valérian de Christin & Mézières, et une autre sur Le Cœur des Amazones de Géraldine Bindi et du brillant Christian Rossi.
La nouvelle génération fait acte de présence avec une exposition des travaux de Jeremy sur Les Chevaliers d’Heliopolis qu’il cosigne avec Alejandro Jodorowsky (Ed. Glénat), de ceux de Pierre-Henry Gomont, Prix Château de Cheverny de la BD historique 2017 pour Pereira prétend (Ed. Sarbacane), adaptation d’un roman éponyme d’Antonio Tabucchi sur le Portugal au temps de Salazar., un hommage à la collection Aire Libre (Ed. Dupuis) pour ses 30 ans, un éclairage sur les contes, des frères Grimm à Lewis Carroll, signé par Fabrice Meddour.
Enfin, comme à l’habitude, la jeunesse n’est pas oubliée avec des expositions sur Les P’tits Diables d’Olivier Dutto (Ed. Soleil), sur les Mystères à la Maison de la Magie à l’occasion des 20 ans de cette institution blésoise (Ed. Bilboquet), et les Voyages en Égypte d’Isabelle Dethan (Ed. Louvre-Delcourt) et Momo de Jonathan Garnier & Rony Hotin (Ed. Casterman). Ces expositions sont ponctuées de mille et une animations pour la jeunesse, l’un des savoir-faire éminents de ce festival dédié à la transmission des valeurs par la culture.
Parmi les multiples conférences (reportez-vous au programme publié sur leur site dont le lien figure ci-dessous, nous remarquons une rencontre avec Jean-David Morvan autour d’Irena (Ed. Glénat), sur les Mangas par l’excellent Fabien Tillon, sur la Crédulité et les rumeurs par Jean-Paul Krassinsky (Ed. Le Lombard), un café littéraire avec l’écrivain Camille de Toledo pour Herzl, une histoire européenne (Ed. Denoël Graphic), une rencontre avec le dessinateur turc Ersin Karabulut, l’auteur de Contes ordinaires d’une société résignée (Ed. Fluide Glacial), une autre avec le Prix Jacques Lob 2018 (qui sera proclamé lors de ce week-end).
Il faut compter aussi avec une avant-première autour de Mutafukaz de Run (Ed. Ankama) et du film d’Avril Tembouret, L’Énigme Chaland dont nous vous disions récemment le plus grand bien.
Un joli programme porteur de valeurs citoyennes bien utiles à une époque où, de la Hongrie à la Turquie, des États-Unis au Brésil, les Droits de l’Homme et du Citoyen sont remis en cause…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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BD BOUM à BLOIS
23-24-25 novembre 2018
ENTRÉE GRATUITE