Deux jeunes gens, quasi nus, triment dans la mine, quelque part au début des années 1970 en Chine. Ce travail punitif fait partie de leur rééducation. La faute à des parents "réactionnaires". Dans leur gouffre sombre, le peu de lumière provient des livres, gonflant la valise d’un camarade, et de la petite tailleuse de la montagne. Auprès d’elle, ils vont connaître de forts émois, tout en gardant cette passion enfiévrée pour la littérature, notamment Balzac, cet auteur français...
Dai Sijie avait connu un succès planétaire pour son premier roman, Balzac et la petite tailleuse chinoise, paru en 2000. Il l’avait d’ailleurs adapté lui-même pour le cinéma deux ans plus tard. Pour Freddy Nadolny Poustochkine, les enjeux narratifs se croisent : mettre en scène une situation d’enfermement tragi-comique, la sensation de solitude doublée d’une forme de claustrophobie, et bien sûr le triangle amoureux, et la violence de ses émotions.
En laissant souvent les décors de côté, enveloppant ses personnages dans des cadrages arrondis, l’auteur tente d’entrer dans leur condition, et les sentiments contradictoires qui les bousculent : un mélange d’espoir, d’appétit de vie, mais aussi une révolte sourde contre le régime et sa violence institutionnelle. Les scènes, dialoguées ou muettes, ne manquent pas de grâce, et les personnages existent avec un délicat relief. Une adaptation qui met autant en avant une belle personnalité graphique que la sensibilité du roman d’origine.
(par David TAUGIS)
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