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Bande dessinée alternative 2020 : la sélection de la rédaction d’ActuaBD

Par Frédéric HOJLO le 14 décembre 2020                      Lien  
Pourquoi cette année une sélection dédiée à la bande dessinée alternative ? Des ouvrages d'éditeurs indépendants se sont déjà glissés dans les diverses propositions - "Comics", "Asie" et "Jeunesse" - de la rédaction d'ActuaBD. Mais le contexte lié à la crise sanitaire a invisibilisé ce champ éditorial encore plus que de coutume. Alors que de superbes livres en font partie.

ActuaBD n’a pas eu, pendant longtemps, la réputation de faire la part belle à l’édition alternative - et c’est un euphémisme. Mais, la diversité et l’ouverture demeurent des principes-clés de la ligne éditoriale. C’est pourquoi on y retrouve régulièrement les éditeurs indépendants « historiques », comme L’Association, Cornélius, Les Requins Marteaux et le Frémok, ou d’autres plus jeunes, tels Adverse, Misma, Super Loto Éditions et 2024.

Or ceux-ci ont été particulièrement chahutés par la crise sanitaire et ses conséquences. Report de nombreuses sorties, baisse de visibilité avec la fermeture des librairies, annulation des festivals et salons où ils réalisent un grande part de leurs ventes, quasi absence des palmarès et sélections de fin d’année - celle du festival d’Angoulême faisant exception et créant un effet de loupe assez trompeur... Beaucoup de maisons d’édition se retrouvent en difficulté, avec une trésorerie chancelante. Si elles ont résisté jusqu’ici, l’année 2021 sera vraisemblablement une pierre d’achoppement.

Suivant la définition proposée par le Syndicat des éditeurs alternatifs, nous avons choisi « des œuvres tournées vers la création et éloignées du formatage industriel, [qui] s’efforcent d’élargir sans cesse le champ littéraire et visuel existant, tout en stimulant l’émergence et la circulation d’idées » et publiées en priorité par des éditeurs indépendants des grands groupes possédant de multiples filiales. Pas sectaires, nous nous sommes permis quelques - rares - entorses à ces critères. Et c’est encore une fois la diversité et l’originalité qui ont été privilégiées par Aurélien Pigeat, qui propose un Top 5, Tristan Martine, avec un Top 4, Thomas Bernard, avec une sélection de neuf titres, et Frédéric Hojlo, avec un choix non hiérarchisé de douze ouvrages.

La sélection d’Aurélien Pigeat

1. Longue Vie de Stanislas Moussé (Le Tripode)
2. Un Travail comme un autre d’Alex W. Inker (Sarbacane)
3. Le Discours de la panthère de Jérémie Moreau (Éditions 2024)
4. Celestia de Manuele Fior (Atrabile)
5. Azur de Simon Bournel-Bosson & Maxime Gueugneau (Kiblind)

Si les lectures de l’année, rubriques obligent, m’ont conduit à lire davantage les productions « Asie » et « Comics », 2020 a été marquée par la découverte, en dehors de ces sphères, de quelques titres qui m’ont fortement marqué, par leur propos et / ou leurs parti-pris graphiques et narratifs.

Au premier chef de ces rencontres, les deux volumes de Stanislas Moussé, Longue vie et Le Fils du roi (Le Tripode). Une aventure médiévale-fantastique, d’apparence enfantine, que l’on pense entendue, mais narrée d’une façon totalement inattendue, inventive et puissante à la fois.

Puis Un Travail comme un autre (Sarbacane), d’Alex W. Inker. L’adaptation d’un roman, aux dimensions historiques et psychologiques essentielles, subtilement rendues et surtout transcendées, notamment par un usage de la couleur assez stupéfiant.

Viennent ensuite trois coups de cœur très divers par leurs sujets et leurs registres. La fable animalière du Discours de la panthère de Jérémie Moreau (Éditions 2024) dans un premier temps. Un propos d’ensemble brodé pas à pas grâce à l’enchevêtrement d’historiettes d’apparence morale et philosophique. L’aventure poétique et éthérée, existentielle et énigmatique de Celestia, de Manuele Fiore (Atrabile), dans un deuxième temps. Pour son ambiance, son esthétique et son cadre, tous trois éminemment troublants. L’enquête journalistique en forme de road trip déployée par Simon Bournel-Bosson (dessin) et Maxime Gueugneau (textes) dans Azur (Kiblind) dans un troisième temps. Pour son humour, sa composition mêlant textes et illustrations et son graphisme, pop et coloré.

Bande dessinée alternative 2020 : la sélection de la rédaction d'ActuaBD

La sélection de Tristan Martine

1. Voyages en Égypte et en Nubie de Giam­bat­tista Belzoni. Troisième voyage de Lucie Castel, Nicole Augereau & Grégory Jarry (Éditions Flblb)

Cet album clôt en apothéose une série marquante avec un troisième volume magistral qui a remporté le Prix Cheverny de la bande dessinée historique et qui est en lice, comme les deux premiers tomes l’avaient été, pour un Fauve à Angoulême. Grégory Jarry et Nicole Augereau ont su adapter avec maestria le récit de l’aventurier Belzoni, proposant un album rythmé et dessiné par Lucie Castel, dont le dessin vif se marie naturellement aux gravures de la fin du XVIIIe siècle. L’ensemble renouvelle le genre de la bande dessinée historique, tout simplement.

2. Le Collectionneur - Tome 5 : Les aventures de la librairie introuvable d’Alep & Deloupy (Jarjille)

Alep et Deloupy ne sont pas seulement les deux fondateurs des Éditions Jarjille, qu’il dirigent avec conviction et courage. Ils sont aussi à l’origine d’une série d’albums de bandes dessinées traitant de... bande dessinée, à travers les aventures de libraires, chaque tome prenant pour prétexte un livre précis. Ce nouveau volume, qui aborde la thématique du vol d’enfants organisé par l’État franquiste, confirme les talents de scénariste d’Alep et montre les progrès faits par Deloupy au dessin ces dernières années. L’album de la maturité, le meilleur de la série !

3. Le Journal de Clara de Clément Xavier & Pauline Cherici (Actes Sud – L’an 2)

La thématique semblait casse-gueule : comment parler de Clara, qui fut la maîtresse de Mussolini pendant des années, sans verser dans le voyeurisme ou dans l’anecdotique ? En adaptant le journal de Clara Petacci, Clément Xavier et Pauline Cherici évitent tous ces pièges et proposent un récit aussi haletant qu’intelligent. Ce roman graphique servi par un noir et blanc nerveux permet de mieux comprendre la personnalité du Duce et nous plonge dans une page complexe de l’histoire italienne.

4. L’Association des femmes africaines de Swann Meralli & Clément Rizzo (Marabulles)

Cet album croise deux intrigues : d’un côté la création dans une banlieue d’une association d’entraide de femmes pour combattre ensemble, notamment contre l’isolement ; de l’autre le développement dans ce même quartier d’une communauté sectaire qui marie de force des jeunes femmes, notamment kényanes, et pratique l’excision forcée. Ces questions sont lourdes, mais cet album réaliste traite avec force le thème de la charge mentale et plus généralement de la place des femmes dans les banlieues françaises. On attend la suite avec intérêt.

La sélection de Thomas Bernard

- Cascade de Fabio Viscogliosi (L’Association)

Pourquoi faire court quand on peut faire très long ? Lisez donc ceci, ça en vaut la peine.

- Le Caramel du Jurassique de Roxane Lumeret (Albin Michel)

Je le dis et je le répète : Roxane Lumeret, c’est le giallo pour loupiots et ce livre-là, avec son ambiance digne d’un vieux Disney réalisé par Dario Argento, c’est du roudoudou double crème pour les mirettes des petits T-Rex.

- Mauretania. Une traversée de Chris Reynolds (Tanibis)

Comme l’écrit Ed Pinsent dans sa postface : « Ce ne sont pas des bandes dessinées, ce sont des sortilèges ». Étrange, inquiétante, obsédante, cette œuvre magistrale du 9e Art ouvre un espace dans votre boîte crânienne qui n’est pas prêt de se refermer.

- Paracuellos (coffret deux volumes) de Carlos Gimenez (Fluide Glacial)

Vous lisez ça puis Pascal Brutal de Riad Satouff et, en louchant un peu fort, vous arriverez à voir la France des prochains siècles. Une pépite intemporelle par un des grands maîtres de la bande dessinée.

- Ville Nouvelle de Łukasz Wojciechowski (Éditions ça et là)

L’urbanisme déshumanisant démontré et démonté magistralement en bande dessinée par un architecte polonais, et tout ça grâce au logiciel Autocad : c’est Kafka à Legoland !

- Détective Kahn de Min-seok Ha (Misma)

Si j’avais la flemme, je pourrais décrire cette bande dessinée comme une simple addition : Cocoshaker + Inspecteur Gadget + Un Collège Foufou. Bon, par souci de professionnalisme, je vous dirai quand même que Détective Kahn, vu de loin, ça a tout de la madeleine bubble gum pour quadra régressif. Mais en fait, c’est pire que ça, c’est la seule véritable fontaine de jouvence que je connaisse.

- Violence and Peace de Kaze Shinobu (Le Lézard Noir).

Compositions somptueuses, histoires violentes et mystiques : bienvenue dans les trips psychédéliques et furieux de Kaze Shinobu. À ce jour, aucune descente n’est garantie par l’éditeur poitevin, et c’est encore heureux.

- Morte-Saison de Nicole Claveloux & Édith Zha (Cornélius)

Parce que Nicole Claveloux a toujours quarante ans d’avance (comme c’est démontré ici) et parce que ce n’est pas Métal Hurlant qui doit ressortir aujourd’hui mais Ah ! Nana.

- Krazy Kat. Les Quotidiennes panoramiques de 1920 de George Herriman (Les Rêveurs)

Fulgurance de la langue (POW !) qui tient de l’incantation magique, poésie nerveuse du trait, félin au sexe indéterminé, briques en apesanteur : l’avant-garde a 100 ans. Happy birthday !

La sélection de Frédéric Hojlo

- Le Taureau par les cornes de Morvandiau (L’Association)

Dessinateur de presse, enseignant et auteur de bandes dessinée, Morvandiau retrace l’histoire de sa mère, femme de caractère, et celle de son fils, atteint de trisomie. La disparition de l’une et l’apparition de l’autre poussent à la réflexion et à la remise en question, non sans humour. Le Taureau par les cornes constitue une chronique familiale riche, tendre et pudique.

- Gousse & Gigot d’Anne Simon (Misma)

Peut-être mon préféré parmi mes préférés ! Quatrième volume de la saga se déroulant dans le Pays Marylène, contrée imaginée par Anne Simon, Gousse & Gigot est un récit dur, où l’apparence du fantastique n’est là que pour mieux dévoiler notre réalité. La vie des deux sœurs permet d’en découvrir encore plus sur le Pays Marylène et son histoire. Mais celle-ci est loin d’être terminée...

- Michel et le grand schisme de Pierre Maurel (L’employé du Moi)

Pierre Maurel excelle dans la description de nos sociétés contemporaines, ultralibérales et nombrilistes. Sa série des Michel témoigne d’un regard terriblement lucide, bien que drôle. Quatrième tome des petites aventures de son personnage rondouillard et poissard, Michel et le grand schisme est le meilleur résumé des évolutions de ces dernières années.

- Les Imbuvables de Willem (Les Requins Marteaux)

Il serait déplacé de présenter Willem. Depuis les années 1960, il est toujours là, fidèle caricaturiste de notre vie politique et de nos mœurs plus ou moins dissolues. Les Imbuvables, ce sont d’abord Trump et Macron. Mais ils sont entourés d’une clique infernale que le dessinateur ne rate pas. Indispensable Willem.

- Rorbuer d’Aurélie Wilmet (Super Loto Éditions)

Avec son Rorbuer, la jeune autrice Aurélie Wilmet fait une entrée remarquée dans l’édition de bande dessinée. Et il fallait la témérité de Super Loto Éditions pour la soutenir. Son livre transporte le lecteur dans une Norvège mystique et mystérieuse, aux couleurs vives et contrastées. Étonnant !

- Manuel de civilité biohardcore d’Antoine Boute, Stéphane de Groef & Adrien Herda (Frémok / Éditions Tusitala)

Pandémie, changement climatique, crise économique : nous n’en avons plus pour longtemps. À moins de suivre à la lettre les préceptes du Manuel de civilité biohardcore écrit par Antoine Boute et dessiné par Stéphane de Groef et Adrien Herda. Après avoir détruit tous les temples du capitalisme et brûlé les idoles du consumérisme, il ne restera plus qu’à se réfugier en terra incognita. Au fin fond de la Bourgogne par exemple.

- Francesca Murphy ! de Thomas Gosselin (Atrabile)

Francesca Murphy ! fait partie de ces ouvrages impossibles à résumer. On y bondit à travers le temps et l’espace, à la suite de Francesca, sur un rythme soutenu. Thomas Gosselin est sans l’ombre d’un doute l’un des tous meilleurs scénaristes de sa génération, osant briser la linéarité de la narration et perdre ses lecteurs. Et il est d’une grande inventivité graphique, ce qui ne gâche rien.

- Trois heures de Mana Neyastani (Arte Éditions / Éditions çà et là)

Réfugié politique en France depuis presque dix ans, le dessinateur iranien Mana Neyestani a raconté son pays, son exil, son arrivée. Son dessin hachuré et son sens du récit rendent ses bandes dessinées passionnantes. Trois heures, un quasi huis clos à l’aéroport d’Orly, raconte ses déboires au moment de partir quelques jours au Canada. Une situation kafkaïenne qui réveille des tensions personnelles et universelles.

- Battue de Marine Levéel & Lilian Coquillaud (6 Pieds sous terre)

Dans Battue, la confrontation de l’homme à la nature est un leurre. Le véritable affrontement oppose des conceptions du monde pour ainsi dire irréconciliables. Les grands espaces et les couleurs merveilleuses - dans tous les sens du terme - de Lilian Coquillaud contrastent, à dessein, avec le scénario oppressant de Marine Levéel. Preuve que les « anciens » de l’édition alternative, en l’occurrence 6 Pieds sous terre, savent toujours dénicher des perles rares.

- Lola, reine des porcs de Martes Bathori (The Hoochie Coochie)

L’ « Utopia Porcina » domine le monde. Les porcs, après leur révolution contres les « anthropiens », ont pris le pouvoir et l’exercent sans pitié. Dans ce nouvel épisode de sa fresque dystopique, Martes Bathori fait des quelques humains survivants les jouets de leurs maîtres cochons. De son dessin baroque et même outrancier, il décrit un monde répugnant, empli de sexe et de violence, à la limite du soutenable. Bien en-deçà donc de ce dont les êtres humains sont capables.

- Les Quatre Détours de Song Jiang d’Alex Chauvel & Guillaume Trouillard (Les Éditions de la Cerise)

Projet de très longue haleine, écrit par Alex Chauvel et dessiné par Guillaume Trouillard, réalisé en partie par une équipe de bénévoles appelés solidairement à la rescousse, Les Quatre Détours de Song Jiang est un magnifique livre objet - un leporello tout en couleurs enrichi de huit cartes - à lire, à déplier, à admirer. C’est aussi la promesse d’un voyage dans la Chine médiévale, entre dialogues aux inspirations philosophiques et paysages de montagnes embrumées. Du grand art.

- Visages du temps de Sammy Stein (Éditions Matière)

Attention aux apparences : Visages du temps ne contient pas de bandes dessinées abstraites. Ce recueil de Sammy Stein édité par Matière rassemble de courts récits dessinés au fil des ans, jouant avec les formes, les textures, les effets. Fausses illusions d’optique et vraies réflexions sur le passage du temps créent un ensemble déroutant. Est-ce encore de la bande dessinée ? Plus que jamais !

(par Frédéric HOJLO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire également sur ActuaBD, nos autres sélections pour l’année 2020 :
- Asie
- Comics
- Bande dessinée jeunesse

 
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20 Messages :
  • Je ne suis pas d’accord. La bd alternative (ou roman-graphique c’est du pareil au même) n’a jamais été aussi présente que ces 15 dernières années. Il y en a partout, tout le temps, dans les médias comme les libraires, ou auréolée de nombreux prix. Si bien que, si vous n’en faites pas, on vous explique que c’est tendance et que vous n’êtes plus dans le coup. Ce n’est pas cette bd là qui manque de visibilité et encore moins chez les éditeurs qui refusent de plus en plus de projets avec d’autres styles graphiques, mais c’est bien la bd plus académique, humoristique, voir fantastique, qui devient invisible. Il faut absolument faire du Roman-Graphique. C’est la pensée universelle, "mainstream" comme on dit...

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    • Répondu par RDevelder le 22 décembre 2020 à  22:11 :

      les éditeurs qui refusent de plus en plus de projets avec d’autres styles graphiques

      A vous lire, les romans-graphiques auraient un style graphique commun, mais rien n’est plus faux, il y a autant de diversité dans le roman-graphique que dans le reste de la production BD. Alors oui, on ne fait pas de romans graphiques avec un style sous-Franquin comme chez Bamboo ou un style sous Jacques Martin pas maitrisé comme un peu partout en fait, mais sinon tout style personnel est le bienvenu dans le roman graphique où c’est surtout le propos être cohérent.

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      • Répondu le 26 décembre 2020 à  07:44 :

        Faux. Que vous le vouliez ou non, pour les éditeurs, il faut passer par certains codes de dessin pour faire du roman-graphique ou de la bd alternative. Deux de ces codes, sont le délai de réalisation accordé pour l’ouvrage et le prix de planche. D’emblée, cela élimine pas mal de monde. Contrairement à ce que le public pense, les éditeurs sont les premiers à mettre les auteurs dans des "cases". La cohérence du propos n’a plus rien à voir là-dedans. La bd est un business, il ne faut pas l’oublier, et comme dans tout business, il y a beaucoup de cynisme.

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    • Répondu par Frédéric HOJLO le 22 décembre 2020 à  22:12 :

      Bonjour et merci de votre remarque.
      Cependant, je pense que vous faites fausse route en assimilant roman graphique (un format de bande dessinée parmi d’autres) et bande dessinée alternative (un champ éditorial se définissant par l’indépendance économique de ses acteurs et la recherche de nouvelles voies graphiques et narratives).
      Certes, les indépendants se sont démarqués du reste de l’édition en mettant l’accent sur le roman graphique. Mais c’était dans les années 1990. Depuis, les lignes ont considérablement bougé et le roman graphique n’est plus leur apanage. Les principaux éditeurs de romans graphiques sont désormais Delcourt, Casterman, Dargaud, Glénat... Alors que les alternatifs ne revendiquent plus particulièrement le format du roman graphique.
      D’ailleurs, notre sélection de bande dessinée alternative propose aussi bien des romans graphiques que des séries ou de la bande dessinée de genre, évidemment éloignés des modèles développés il y a plusieurs dizaines d’année. Je vous invite d’ailleurs à comparer cette sélection avec celles que l’on peut trouver ailleurs, qui mettent en avant les productions des éditeurs « industriels » : vous ne trouverez pas l’équivalent je crois.
      Cordialement.

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      • Répondu par Max le 23 décembre 2020 à  08:05 :

        "Un champ éditorial se définissant par l’indépendance économique de ses acteurs...", vous plaisantez j’espère ? La bd alternative est celle qui est la plus aidée et subventionnée par les pouvoirs économiques( CNL, aides des régions, de l’Etat, bourses, etc). Les "indépendants" sont les plus dépendants. Présentez un dossier pour une aide pour un 46cc et un album alternatif et vous verrez qui obtiendra l’aide promise.

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        • Répondu par Frédéric HOJLO le 23 décembre 2020 à  11:10 :

          Bonjour Max,
          Je ne plaisante pas (pas cette fois) et d’ailleurs ce n’est pas moi qui ai "inventé" l’utilisation du terme "indépendant" pour désigner les éditeurs non affiliés à une grosse maison d’édition type Madrigall ou Média-Particiaptions. C’est un usage qui date au moins des années 1990.
          On peut bien sûr discuter du terme, notamment du fait des subventions publiques reçues par les éditeurs (qui restent relativement faibles par rapport à ce qui se fait dans d’autres secteurs comme le cinéma). C’est d’ailleurs pourquoi je préfère le terme "alternatifs", qui met davantage l’accent sur la volonté de renouvellement et la recherche.
          Enfin, si les "48cc" reçoivent moins d’aide (qui ne sont pas "promises" à l’avance), c’est peut-être parce qu’ils en ont moins besoin, étant justement publiés le plus souvent par des groupes brassant des dizaines de millions d’euros.
          Cordialement.

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          • Répondu par Onomatopée le 24 décembre 2020 à  08:24 :

            Ce n’est pas aussi simple que cela : les 48cc reçoivent moins d’aide non pas parce qu’ils n’en ont pas besoin (et les moyens des groupes d’édition n’ont rien à voir là-dedans), mais plus par un effet de vases communicants sur les chiffres de ventes, tous genres confondus. N’oublions pas que le tirage moyen d’un album, en nouveauté, même chez Média-Participations, ne dépasse pas les 1500 exemplaires. Dès lors, comment voulez-vous que les auteurs s’en sortent et que le marché BD avance dans de bonnes conditions...

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            • Répondu par Frédéric HOJLO le 24 décembre 2020 à  08:40 :

              Il se peut malgré tout que les membres des commissions du CNL (par exemple) regardent d’où viennent les demandes d’aides. Aides que les grands groupes demandent moins, conscients qu’ils sont d’en avoir moins besoin (du fait des "vases communicants" comme vous l’expliquez) mais sûrement aussi de proposer des projets moins susceptibles de plaire aux dites commissions.

              Sur la condition des auteurs et leurs revenus, sujets ô combien important, vous vous éloignez du point de départ de cette discussion et vous invite à rejoindre ce fil déjà très nourri (plus de 200 commentaires).

              Vous souhaitant un bon Noël.

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              • Répondu par Onomatopée le 24 décembre 2020 à  09:33 :

                Merci pour ce lien, je viens de parcourir les messages qui s’y trouvent. Les témoignages des auteurs, sont une fois de plus, édifiants sur le fossé qui se creuse inexorablement entre le monde de l’édition et celui des auteurs et autrices. Je ne relèverais pas les messages de certains intervenants qui croient connaître les coulisses de la BD, qui donnent des leçons, mais qui ne font que rajouter de l’huile sur le feu.
                Bonnes Fêtes également.

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              • Répondu par auteur bd le 27 décembre 2020 à  09:01 :

                J’ai présenté mon projet au CNL pour financement, un thriller d’aventure. On me l’a refusé et pourtant mon projet tient largement la route. Mais c’est un autre auteur qui a obtenu ce financement et il en est à son troisième projet financé ! Un auteur roman-graphique, comme par hasard...

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                • Répondu par Max le 28 décembre 2020 à  07:44 :

                  Bilan aides du CNL BD 2019 : 30 000 euros, aide maxi pour David Vandermeulen Fritz Häber et Gwen de Bonneval pour Philiation. Etonnant aussi de voir des auteurs à gros succès comme Algues Vertes, et ou bien installés ; Salch, Sera, Sorel, Tanx, Mattiussi, Frappier, etc. Une très grande majorité de projet typés romans-graphiques, évidemment, et un jury qui occupe déjà le terrain dans ce genre là. Ca s’appelle de l’entre-soi.

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    • Répondu par RDevelder le 22 décembre 2020 à  22:12 :

      Et puis prenez un pseudo, on ne vous reconnaitra pas, mais ça permettra de vous différencier des autres commentateurs qui signent aussi "auteur".

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      • Répondu par Onomatopée le 23 décembre 2020 à  08:18 :

        Je ne suis pas intervenu pour distribuer les bon et les mauvais point et je me tiens très au courant de toutes les sorties bd, tout éditeurs confondus. Cependant, je parle de mon vécu, et malheureusement, aujourd’hui, les programmes éditoriaux qui préconisent plus de roman-graphique/livre-alternatif qu’auparavant, au détriment des autres genres, s’amplifie. La dénomination de ces genres d’albums n’existe que dans les papiers des critiques de bd, pour les éditeurs les frontières entre ces genres ont déjà été franchies depuis longtemps. Je ne vais pas citer des exemples de ces jonctions éditoriales, ce serait trop long, mais la réalité de ce mouvement de fond ne fait que paupériser de plus en plus en plus d’auteurs dont on juge que le travail n’est pas assez dans l’air du temps. Il n’y a rien de plus démodé qu’une mode. Sous couvert de la diversification de la bd, c’est en fait tout un appauvrissement d’autres genres graphiques qui se produit. C’est grave et dangereux pour la création. Seules les autrices s’en sortent mieux, grâce au mouvement ME TOO, qui leur permet une meilleure considération.

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        • Répondu par Frédéric HOJLO le 23 décembre 2020 à  11:20 :

          Bonjour,
          Vous continuez assez confusément à assimiler le roman graphique à un genre, alors que c’est un format. Tous les "gros" éditeurs ont leur collection de romans graphiques depuis des années (Ecritures chez Casterman, Shampoing chez Delcourt...) mais il n’empêche que ces éditeurs continuent de publier en majorité (si l’on parle de tirages, en nombre de titres c’est plus long à vérifier) des albums cartonnées en couleurs.
          Si l’on regarde les meilleurs ventes et les tirages (voir le dernier rapport Ratier en date, qui certes a trois ou quatre ans je crois), les albums non romans graphiques tiennent encore le haut du pavé et semblent avoir de beaux jours devant eux. C’est aussi le cas en terme de mise en place dans les librairies et les grandes surfaces. Les médias et le FIBD créent un effet de loupe.
          Cordialement.

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          • Répondu par Mille Sabords le 24 décembre 2020 à  16:12 :

            "Est-ce encore de la bande dessinée ? Plus que jamais !"
            Non, ce n’est plus de la bd, juste des livres qui figureraient en meilleure place dans les librairies des musés, style Pompidou. Il y a une différence entre "l’art conceptuel" et la bd ! La bd est beaucoup plus populaire, abordable, certains de ces albums sont très hermétiques. Pas sûr qu’avec les problèmes de chômage et le Covid qui durera en 2021, les gens qui lisent de moins en moins, les jeunes qui préfèrent leur portable ou les mangas, que le public se tourne avec fougue vers cette sélection bobo. Faut croire que le moche est devenue l’apanage des classes aisées.

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            • Répondu par Frédéric HOJLO le 24 décembre 2020 à  17:40 :

              "hermétiques"... "bobo"... "moche"... A force d’utiliser un vocabulaire que vous voulez disqualifiant, c’est votre propre commentaire qui perd en crédibilité.

              Bon, vous donnez une vision extrêmement restreinte de la bande dessinée, excluant même les mangas, donc le reste n’est guère étonnant.

              De bonnes fêtes de fin d’année à vous.

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              • Répondu le 25 décembre 2020 à  09:58 :

                Vous m’avez mal lu, je n’exclus personne, je donne juste une réalité : le manga et le comics taillent des croupières à la bd européenne et cela depuis des années, One Piece vend plus qu’Astérix ! La perte du lectorat et flagrante dans les diverses études à ce sujet, surtout chez les jeunes, ce que dénonce régulièrement la presse. Votre marotte, aussi noble soit-elle, n’est pas celle du grand public. A force de faire de la "nouvelle vague", elle finira par tout emporter avant de revenir vers un rivage plus traditionnel, comme dans le cinéma. L’art "conceptuel", même sous forme de livre, n’est pas de la bd. Joyeux Noël à vous !

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          • Répondu par Onomatopée le 25 décembre 2020 à  10:05 :

            Gardons-nous des statistiques et des chiffres "officiels", car comme pour les sondages, on leur fait dire ce que l’on veut !

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  • En vérité, la bande dessinée alternative n’existe plus parce que l’offre s’est tellement démocratisée, voire atomisée qu’il existe et des clans e des individus de toutes sortes. Ce que vous, Frédéric Hojlo, appelez "bande dessinée alternative" est un clan avec une vision de la bande dessinée qui a aussi ses stéréotypes et ses codes. Cest une posture comme une autre. Mais bon, tracer des frontières, définir des genres, c’est pratique pour créer se donner l’illusion d’un combat et créer un débat.

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    • Répondu par FranckG le 6 avril 2022 à  14:22 :

      Ces commentaires sont assez aflligeant pour qui tombe par hasard sur cet article ayant au moins le mérite de proposer quelques titres "alternatifs" à la bande dessinée plus traditionnelle vendue en grande surface. Alors certes, on pourra trouver que la sélection est "trop" ou "pas assez"... on pourrait préférer aller sur des publications plus "fanzinesques"... mais vu qu’il n’y a aucun livre ou article de fond richement illustré sur le propos facilement trouvable, cette "mise en bouche" me parait déjà intéressante.
      Après, jouer sur les mots, "roman graphique", pas roman graphique, "soutenu, pas soutenu par le CNL".. on s’en fout ! C’est la découverte qui doit primer ici, non ?

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PAR Frédéric HOJLO  
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