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Bande dessinée : le financement participatif prospère

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) Thomas Berthelon le 26 juillet 2015                      Lien  
Il ne se passe pas un jour sans que l'on nous demande de faire la promotion d'une opération de financement participatif pour un projet de financement autour de la BD... Il faut dire que depuis [l'initiative pionnière des éditions Sandawe->http://www.actuabd.com/Sandawe-naissance-d-une-maison-d], première entreprise de financement participatif de la BD franco-belge, les choses ont sérieusement évolué : même les festivals de BD font appel à la communauté des passionnés du 9e art.

Souvent, à la rédaction, on reçoit ce genre de message au ton parfois désespéré : "Aidez-nous, il ne nous reste plus que quinze jours pour boucler le financement de notre projet  !"

Il faut dire que ce système de financement a atteint des formes diverses : publications de bande dessinée, de magazine, d’essai ou d’exposition, de film ou d’émission TV sur la BD, ou même d’adaptation ciné tirée d’une BD. On a même vu un éditeur (Cornélius) faire financer avec succès son déménagement de Paris à Bordeaux.

Nous ne pouvons pas y répondre systématiquement : nous ne sommes pas un relais communautaire de financement, mais un organe d’information sur la BD et nous sommes déjà tellement en retard par rapport au flux d’informations qu’on nous livre, qu’il est impossible de nous rajouter cette charge !

Si vous voulez communiquer à nos lecteurs, nous vous recommandons d’utiliser l’agenda et d’y passer votre annonce en y mettant un titre accrocheur et en mentionnant dans votre argumentaire toutes les bonnes raisons de faire cet investissement et les liens vers votre site de financement. C’est gratuit et vous pouvez le faire vous-même. Cela se passe ici..

Maintenant, si votre projet comporte un angle inédit ou curieux, ou ajouter une image à votre annonce, n’hésitez pas à envoyer un dossier complet à redaction@actuabd.com. Sinon, vous pouvez toujours acheter de la pub, comme le fait Sandawe...

Bande dessinée : le financement participatif prospère
L’Equipe Z, un Olive et Tom" à la française.
(c) Makma

Un "Olive et Tom" chez les Girondins

Mais d’où viennent ces projets ? Comment leurs auteurs se trouvent-ils confrontés à trouver ce moyen pour se financer ? petit tour d’horizon de quelques initiatives originales aperçues ces derniers temps.

"C’est une histoire qui parle de football, mais aussi d’amitié et de solidarité, nous raconte Edmond Tourriol, à l’initiative du manga L’Equipe Z financé avec succès sur Ulule. Un manga de foot à la Olive et Tom (influence assumée, voir la vidéo) qui raconte les mésaventures d’un club de foot historique de la Ville de Bordeaux, l’Atlas Bordeaux FC, en perte de vitesse, racheté par un milliardaire indien qui a dans l’idée de fusionner ce club avec d’autres clubs de la ville pour en créer un plus gros : Metropolis Bordeaux FC.

Intrigues autour de cette fusion, relations tendues entre le coach Adrien avec le financeur, mais un peu plus tendre avec la fille du milliardaire, concurrence entre les joueurs, et un challenge : réunir une équipe Z capable de battre la tête de série de la sélection en trois semaines.

L’Equipe Z, un Olive et Tom" à la française.
(c) Makma

Un vrai shônen sportif, en somme, sauf qu’il est conçu par des auteurs français, "une BD de rêve, celle que l’on voulait faire depuis qu’on était gosses !" disent-ils. Ils ont choisi le financement participatif "parce qu’ils n’avaient pas d’éditeur sous la main." En ont-ils seulement sollicité un ? Pas sûr...

La suite de "Paloma" sur Ulule

Un autre cas de figure, c’est quand l’éditeur jette l’éponge en cours de publication et que les auteurs veulent continuer, au moins pour que le cycle s’achève.

Suite à des ventes à leurs yeux décevantes, les éditions Ankama avaient décidé de ne pas donner de suite au tome 1 de la série Paloma, dont nous vous avions déjà parlé sur ActuaBD.
Qu’à cela ne tienne, Ancestral Z et Mojojojo, les deux auteurs de la série (et par ailleurs aux commandes de la série Dofus et du diptyque Chaosland), n’ont pas abandonné et ont mis en place un financement participatif sur la plate-forme Ulule.

L’univers de la bande dessinée raconte les aventures d’une belle espionne italienne nommée Paloma Crescendo, dans un esprit parodique et peuplé de références aux romans de gare et aux récits d’espionnage rétro.

Le projet a déjà réussi son pari, financé à hauteur de 109% à 6 jours de la clôture. En fonction de sa mise, l’investisseur peut encore recevoir de multiples récompenses, allant de l’artbook en PDF à un repas avec les auteurs, en passant par des PLV, des t-shirts, ou des illustrations personnalisées. La page Facebook du projet est ici.

Une voie pour l’érotique

Dans un autre registre, le dessinateur Benoît Springer ("Terres d’ombre", "Volunteer", "Cécile" ou encore "Le Beau Voyage" avec Zidrou) lance avec la scénariste Séverine Lambour ("La Rebouteuse", "On me l’a enlevée", "La Boussole"...) une bande dessinée érotique très très chaude au format traditionnel de 48 pages couleurs, broché, intitulée "L’Ivresse".

Le pitch ? "Les mots, leur sonorité, leur douceur, leur dessin... sont autant de sources de fantasmes pour Anna, jeune libraire chez L’ivresse. Dans sa boutique, chaque client, chaque livre, chaque mot est potentiellement une invitation au désir pour elle. Que ce soit seule ou accompagnée, elle laisse le pouvoir des mots guider son imagination, la faire rêver et "vivre" ses fantasmes."

Le très chaud "L’Ivresse" de Benoit Springer et Séverine Lambour. Dans l’imprimé, pas de pastille de censure...
(c) Benoit Springer et Séverine Lambour

"Séverine et moi souhaitons mêler l’érotisme des mots à l’érotisme des images, racontent les auteurs. Les mots inspirent des situations sexuelles, les accompagnent, les amplifient, titillent l’imaginaire érotique des lecteurs. Les images déclenchent des sensations immédiates, brutes, et les deux forment une expérience de lecture érotique unique." L’objet du désir et son financement sont sur Ulule, on peut encore y souscrire.

On voit bien, avec cet exemple, que le financement participatif tend à répondre aux insuffisances du marché : face aux pressions des ligues de vertu et à la pudibonderie ambiante, la constitution d’un "club d’investisseurs" permet d’échapper à une censure rampante qui constitue un véritable recul par rapport aux publications des années 1980 est une voie intéressante.

Un festival

Le prochain festival de Solliès-Ville a besoin d’un coup de main...

Enfin, terminons ce rapide aperçu par deux initiatives étonnantes. La première concerne le Festival de Solliès-Ville qui a lieu fin août (nous vous en reparlerons) et qui, lui aussi fait appel au financement participatif pour financer sa manifestation : "Malheureusement, la crise économique actuelle a un impact désastreux sur les subventions publiques et les partenaires privés des évènements culturels et de nombreux festivals ont disparu ces dernières années. Notre manifestation n’ayant pas été épargnée par les "coupes budgétaires" nous avons besoin de nouveaux soutiens, que nous espérons trouver dans le financement participatif, pour continuer à exister et pouvoir proposer un festival unique en son genre, avec des artistes rares et des animations de qualité."

En contrepartie une gamme étendue de publications, d’affiches signées par les artistes les plus prestigieux, des T-Shirts, des sacoches... Ça nous change d’Angoulême. On peut y souscrire sur la plateforme de financement participatif Ulule ICI.

Un dessin animé

Enfin, une fois n’est pas coutume, c’est un dessin animé, tiré de la bande dessinée de Michel Kichka, Deuxième Génération qui a été mis sur la plateforme de financement participatif Kickstarter.

Fermée le 6 juillet, la souscription n’a pas atteint ses objectifs. Mais l’auteur ne désespère pas : "Nous allons le re-proposer à nouveau et le mettre sur d’autres plateformes", nous dit-il. Espérons-le car la bande-annonce est tout simplement magnifique.

Comme on le voit, le financement participatif de la BD est en train de prospérer tous azimuts, participant à la mutation inéluctable des métiers de la bande dessinée.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Thomas Berthelon)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Lire une autre expérience originale de financement participatif sur la durée : Only Two - P.I.L.O.T.E. - Par Jérôme - Microcosme

 
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2 Messages :
  • En matière de festivals, ce n’est pas nouveau : voilà des années que le festival d’Angoulême "lève" 2 millions d’euros chaque année auprès du public (i.e. les contribuables), sans contrepartie aucune (les fameux "goodies" offerts aux souscripteurs), et le fait de nouveau passer à la caisse à l’ouverture de la billetterie. Et cela toujours sans payer les auteurs... Ce modèle original de crowdfunding est bien rôdé et semble satisfaire tout le monde.

    Répondre à ce message

    • Répondu par aurélie le 26 juillet 2015 à  17:54 :

      Et cela toujours sans payer les auteurs...

      Est-ce qu’ils ont demandé à être payé les auteurs ? Si ça tombe ils n’ont même pas demandé.

      Répondre à ce message

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