Nos dossiers La Bande Dessinée numérique

Bande dessinée numérique : la bataille des solutions favorise créativité et coups bas !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 juillet 2009                      Lien  
Aquafadas, l’un des développeurs français les plus performants d’outils de lecture de la bande dessinée pour les supports informatiques (Ave!Comics) doit se défendre de rumeurs de « piratage » alors qu’il s’apprête à lancer une BD inédite de Trondheim lisible sur iPhone : Bludzee
Bande dessinée numérique : la bataille des solutions favorise créativité et coups bas !
Bludzee, une création inédite de LewisTrondheim pour Ave !Comics
(C) Ave !Comics / Lewis Trondheim

Claudia Zimmer, la présidente d’Aquafadas s’en étrangle presque : « Des rumeurs grotesques circulent à notre sujet et nous ne pouvons pas rester sans réagir ». Depuis plus de trois ans, cette société investit dans le développement d’outils pour la production, la promotion et la vente de la bande dessinée numérique dans le monde entier, notamment au travers de la marque Ave !Comics qui vient de lancer le 1er juillet un store de bandes dessinées disponibles pour un prix qui va de 0,79€ à 4,99€, accessibles sur l’une des applications de Aquafadas, Ave !Comics Lite ou MyComics et distribuées via les boutiques dédiées des fabricants de téléphone portable : AppStore pour Apple, Market pour Androïd, BBWorld pour Blackberry, OviStore pour Nokia, etc. L’achat passe donc par un système sécurisé qu’il soit en Wifi, 3G ou Edge.

Ce projet qui a obtenu le soutien du CNC à travers le réseau RIAM s’est notamment vu décerner par le Sénat le Grand Prix Logiciel du concours Tremplin Entreprises 2008.

Pas de piratage

«  Notre modèle économique s’appuie sur le partage de revenus provenant des ventes de BD numériques que nous confient les éditeurs, nous dit Claudia Zimmer. Nous les partageons avec eux. Quel serait notre intérêt de favoriser le piratage ? Au contraire, nous le combattons !  » Ave !Comics utilise un système de protection, ou DRM (Digital Rights Management), qui permet de crypter les données de manière à ne les rendre lisibles que par l’utilisateur du contenu. Pas de piratage possible en principe, donc, alors que d’autres opérateurs qui diffusent les produits en PDF ne protègent pas aussi bien leurs données. Ave !Comics est d’ailleurs en train de développer une application permettant de tatouer les images, ce qui permettra leur traçabilité au cas où elles seraient piratées.

Parmi les éditeurs distribués à la date d’aujourd’hui par Ave !Comics (13 au total), on compte quelques éditeurs historiques comme Soleil ou les Humanoïdes Associés et une série de petits éditeurs comme Akileos ou Diantre. Ni Média-Participations (Dargaud, Dupuis, Lombard, Kana…), ni Casterman qui, semble-t-il, développent un moteur de lecture propriétaire. Mais selon diverses sources concordantes, d’autres grands éditeurs pourraient rejoindre le store Ave !Comics dans les prochaines semaines.

Aquafadas et Ave !Comics victimes d’une rumeur.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Une BD inédite de Lewis Trondheim

L’enjeu est de taille et dépasse de loin la simple gestion d’un fond de catalogue. Ave !Comics est encore sous forme de Beta test en 3 langues, et déjà les premières ventes se sont déclenchées, de la France à l’Asie, en passant par les États-Unis, alors même que l’ouverture officielle ne se fera qu’en septembre.

À cette date, d’ailleurs, le 1er septembre, Ave !Comics mettra à la disposition du public une bande dessinée inédite de Lewis Trondheim, une expérimentation sur un an, avec une histoire par jour sur iPhone, BlackBerry et le web. Traduit en 18 langues, ce projet permettra de sonder l’appétence pour ce type produit dans différents pays. Une première et une sacrée performance technique car le lecteur sur iPhone doit passer d’une langue à l’autre en temps réel !

Une page de Bludzee, une BD inédite de Lewis Trondheim pour Ave !Comics
(c) Ave !Comics / Trondheim

Enjeu crucial

L’Apple Tablet. Le créateur de l’iPhone va sans doute révlutionner le monde du livre
Photo : DR

L’autre enjeu est la multiplication des plate-formes de lecture. Pour ceux qui ne sont pas des « geeks techno » ou qui ont tout simplement la vue basse, la lecture d’une BD sur iPhone, aussi sophistiquée soit-elle, n’est pas spécialement attirante. Mais la réussite du Kindle d’Amazon et l’annonce pour septembre, confirmée par le Financial Times de l’Apple Tablet doivent commencer à entamer la certitude des plus techno-résistants.

Comme d’habitude, on n’en sait pas d’où vient cette rumeur. Mais on se doute qu’elle vient de la concurrence qui craint que l’éditeur montpelliérain prenne une avance décisive sur le marché alors que les autres solutions n’en sont qu’à leurs balbutiements et n’envisagent pas de lancement avant plusieurs semaines.

Dilemme

Il est vrai que pour les éditeurs de BD, c’est un vrai dilemme : ont-ils intérêt à céder leurs droits ou doivent-ils développer une plate-forme d’exploitation en interne qui leur garantirait par le même coup le contrôle de la diffusion ? Dans le jeu vidéo, on l’a vu avec le cas Nintendo, l’avance technologique assortie à une bibliothèque conséquente, est un facteur déterminant du contrôle du marché.

C’est le choix qu’a fait Media-Participations en rachetant l’éditeur de jeux vidéo Anuman qui développe pour le groupe l’application BDTouch.fr qui n’a à ce jour que 6 titres disponibles, même s’ils annoncent une centaine de titres avec de grosses licences comme Tintin, Spirou, Largo Winch, etc. Comme le disent les gens d’Anuman : « L’accès aux contenus du catalogue Média Participations sera très clairement un atout pour BDTouch.fr. » Bamboo qui, comme on sait, ne fait pas partie de ce groupe mais qui possède quelques gros blockbusters de l’humour, comme Les Profs ou Les Rugbymen, a annoncé qu’il avait opté pour cette solution.

La rapidité et le volontarisme d’Ave !Comics, notamment en créant avec Lewis Trondheim, Grand Prix d’Angoulême et un des meilleurs raconteurs d’histoires de notre époque, une BD adaptée à ces nouvelles technologies, fait peur.

Et la peur, comme on sait, est le premier combustible de la rumeur.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

 
Participez à la discussion
23 Messages :
  • le gros désavantage du numérique c’est la dépendance informatique. j’ai un imac de 2004 et chez le vendeur on considère déjà cette machine comme un ancêtre, pourquoi ?
    On ne fabrique plus les pièces de réparation du modèle que je possède, argument imparable.
    Question, vous faites quoi le jour ou vous avez une collection de bd sur un support informatique inutilisable.......!?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Fred Boot le 29 juillet 2009 à  20:40 :

      Les premières entreprises spécialisées dans la déclinaison de contenu sur différents supports se précisent. Ce sera l’un des prochains enjeux quand les cartes des catalogues auront été distribuées, ces entreprises vont avoir de beaux jours devant elles.

      Il y a aussi des vendeurs qui proposent l’accès à un livre numérique via un serveur distant (en clair le fichier n’est pas copié sur votre machine).

      Des solutions apparaîtront toujours, mais il est clair que c’est une question importante.

      Répondre à ce message

  • Non seulement on ne semble pas savoir d’où vient la rumeur, mais en plus personnellement je n’en ai pas vu de trace. Elle circule dans les sphères professionnelles plutôt que publiques ?

    Mais bon, ces ragots ne sont pas bien importants. Cela offre une excellente opportunité pour donner un état des lieux des enjeux du marché de la bd numérique à l’heure actuelle. Ce court article montre bien l’emplacement des pions sur l’échiquier, à quelques mois du lancement officiel des services de chacun.

    Répondre à ce message

  • A ce jour la BD numérique me parait être tout à fait UTOPIQUE ! Comment assurer des revenus aux auteurs alors que le numérique est ce qu’il y a de plus piraté (partage gratuit) !? C’est pour cela que je suis pour le développement qu’un loi comme Hadopi, même si cette dernière comporte de nombreuses failles. Elle a le mérite d’ouvrir la voie vers un plus grand respect des auteurs.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 30 juillet 2009 à  11:52 :

      Tout à fait d’accord. L’avenir c’est le papier, pas internet.
      D’ailleurs nos députés l’ont bien compris...

      Répondre à ce message

    • Répondu par Henscher le 30 juillet 2009 à  14:17 :

      Est-ce que le respect du droit des auteurs (une belle galéjade en soi dans tous les milieux artistiques, les auteurs étant généralement tout en bas de la chaine alimentaire) mérite de revenir sur des principes de droit fondamentaux, tels que l’obligation de démonstration de la culpabilité par le ministère public et le recours à un juge en cas de condamnation ?

      J’en doute fortement...

      Des lois du type Hadopi ne font que défendre le pré carré des distributeurs et éditeurs de contenu. Elles ne sont en aucun cas conçues pour défendre les auteurs.

      Mieux rémunérer les auteurs pour l’exploitation de leur oeuvre sur support numérique voire, faire établir un contrat séparé, en plus de l’édition papier et des droits audiovisuels, voilà qui irait dans le sens d’un plus grand respect des auteurs.

      Or, chose amusante, c’est typiquement le genre de discussion dont les éditeurs ne veulent pas entendre parler.

      Le piratage a bon dos...

      Répondre à ce message

    • Répondu par marcel le 30 juillet 2009 à  23:13 :

      pas de panique avec le numérique ! presque 20 ans de web et on a pas encore vu un best seller qui serait né et publié uniquement sur le net, ce n’est pas demain qu’on entendra la formule"300 000 téléchargements vendus à la nouveauté".
      Le net c’est un outil publicitaire de plus et la limite de ce monde virtuel est la même que pour le monde réel.
      L’argent.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Math le 31 juillet 2009 à  10:29 :

        Et pourtant certaines applications de l’appstore (pour Iphone) ont été téléchargées plusieurs millions de fois à travers le monde. C’est un média en plein essort. Il ne faut surtout pas minimiser le phénomène et visiblement les éditeurs qui se lancent dedans ont flairé le filon.
        Reste aux auteurs à bien lire leurs contrats maintenant...

        Répondre à ce message

        • Répondu par marcel le 31 juillet 2009 à  12:47 :

          quelles applications ? des videos de bêtisiers ? ou alors la sonnerie d’un pet à télécharger sur le portable, actuellement il y a une campagne de promo sur ab3 et 4 pour inciter les gens à télécharger ce genre de bêtise.

          Répondre à ce message

          • Répondu le 31 juillet 2009 à  14:18 :

            "La sonnerie d’un pet à télécharger" vaut bien la BD de Bigard (plus même ça peut être drôle comme gag). Tous les téléchargements seront confondus, que ce soit un sudoku, un bétisier, une chanson ou un gag en BD.

            Répondre à ce message

            • Répondu par marcel le 31 juillet 2009 à  15:57 :

              oui je comprends votre point de vue, mais pour revenir à la BD, ce que je dis c’est qu’il est utopique de croire à de gros succès de BD en téléchargements payants, ça fonctionera peut-être un peu, d’accord, mais ça ne sera qu’un moyen de plus pour vendre de la BD. Avec le désavantage de ne pas avoir de produit (livre) en main, que du contenu sur un appareil inutilisable après quelques années, parce que trop vieux ou plus de pièces pour le réparer.

              Répondre à ce message

              • Répondu le 31 juillet 2009 à  21:59 :

                Avec le désavantage de ne pas avoir de produit (livre) en main, que du contenu sur un appareil inutilisable après quelques années, parce que trop vieux ou plus de pièces pour le réparer.

                Oui, mais là cher Marcel vous parlez comme un collectionneur de livres, ces nouveaux supports s’adressent à des consommateurs, qui lisent et jettent, comme un strip dans un quotidien ou une revue de comics (ou un manga) qu’on lit et qu’on oublie.

                C’est comme pour les séries télé, il y en a qui regardent en streaming de mauvaise qualité sur le net, avec des sous-titres approximatifs et d’autres qui achêtent les coffrets DVD de luxe : la démarche (sans être inconciliable) n’est pas la même. Ce sera la même chose en bd.

                Nombre de personnes adorent lire Snoopy ou Calvin et Hobbes sans jamais avoir tenu en main un livre de ces bd, ils se contentaient de les lire dans la presse.

                (à part ça, ça va Marcel ? LC)

                Répondre à ce message

                • Répondu par Tofer le 3 novembre 2009 à  12:47 :

                  Pour ceux qui pensent que le livre a encore de nombreuses annees devant lui, je suis dans le regret de vous dire que vous vous trompez... La transition vers le numerique va se faire tres rapidement, le seul chainon manquant actuellement etant l’arrivee sur le marche d’un e-book simple, intuitif, en couleur avec un catalogue de titres digne de ce nom : je parie sur Apple pour prendre ce creneau, tout comme il a pris celui des MP3. Soyons honnetes, le livre est souvent lourd, encombrant, et bien qu’il fasse joli dans la bibliotheque, il ne fera pas le poids face au cote ultra-pratique du e-book...

                  Répondre à ce message

  • Quelle misère pour Lewis : passer de l’Association à l’I-Phone... c’est triste. Le téléphone portable envahit tout, quel fléau.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Sergio Salma le 2 août 2009 à  12:37 :

      Chère 0’Nimm, pourquoi ce rétrograde raisonnement ? En quoi ce passage de Lewis Trondheim d’un éditeur à une plate-forme de diffusion hautement originale vous semble-t-il un fait négatif ?

      Sans doute pensez-vous que l’Association est une boîte alternative et que l’iPhone est le symbole-même de la toute puissance de l’argent et du pouvoir abrutissant, de la consommation effrénée de la bourgeoisie bohême et parisienne évidemment .

      Quelle erreur. Lewis Trondheim ( vous l’appelez par son prénom c’est étrange, c’est un ami ? Si oui , le massacrer en public est bien antipathique sinon vous êtes bien familier, est-ce que je vous appelle Anne moi ?!)est encore pionnier au contraire. Ils ne sont pas nombreux les grands auteurs à en plus pouvoir soutenir ce rythme de "parution". Si les gens qui s’occupent de mettre en place tout ce joli entrecroisement de technologies et de talents ont choisi cet auteur c’est bien parce qu’il a une notoriété intéressante, un talent infaillible et de plus la capacité d’être ultra -lisible dans ce format ; il avait inscrit dans son style les germes de bien de nouveaux auteurs éclos justement dans les blogs, minimalistes par nécessité et qui pour la plupart n’ont pas encore eu les faveurs de l’édition papier.

      Vous considérez sans doute que l’Association est une entité subversive en oubliant que Persépolis dépasse de plusieurs centaines de milliers d’exemplaires les ventes de beaucoup de best-sellers issus de boîtes traditionnalistes. C’est embêtant voyez-vous ce mélange de genres on ne sait plus à qui se fier et il y a même des socialistes au gouvernement français et ce matin il faisait 12 degrés pour un 2 août alors qu’on nous rebat les oreilles avec le réchauffement climatique bon sang mais où va-t-on ?

      Mais je comprends votre désillusion ; vous vous dites que tous et toutes nous nous faisons récupérer par le système, que le fric pourrit tout et corrompt l’art. Vous êtes donc ( j’espère pour vous) un quasi-quinquagénaire qui n’a pas encore compris que le téléphone portable , les consoles, les smartphones et les ordinateurs portables ou non ne sont pas une menace mais un fait.
      Vous devez penser que le téléphone fixe a déjà dévoyé les rapports entre les personnes puisque celles-ci ne daignent plus rendre visite mais se contentent d’un triste coup de fil pour entretenir ce qui reste de l’amitié qui elle aussi comme la météo ou la probité n’est plus qu’un concept oublié qui ne veut plus rien dire.

      Bon, j’exagère peut-être votre désarroi mais faites un effort. Monsieur Trondheim, grand prix d’Angoulême et auteur de dizaines de livres ne vous choisira pas comme agent c’est certain ; laissez-lui au moins le loisir d’expérimenter encore et encore , d’être justement très subversif contrairement à vos allégations presque méprisantes. Car vous êtes en quelque sorte choqué de son attitude. je crois qu’en 15 ans , ce qui correspond je pense à ses premières parutions, c’est vous qui avez vachement vieilli.
      Lui, il est toujours à la pointe. Performance.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Sébastien Célimon le 2 août 2009 à  15:38 :

        Tout à fait d’accord avec M. Salma (comme on ne se connait pas encore, j’évite les familiarités :) - l’apparition de nouveaux supports de lecture a toujours entraîné des réactions conservatrices et rétrogrades, en voici une nouvelle preuve. La BD sur écran, et pourquoi pas après tout. La multiplication des articles, des tentatives, des créations montre dans tous les cas qu’un mouvement important est en cours, et l’observer est passionnant !

        Répondre à ce message

      • Répondu par buzz le 2 août 2009 à  15:41 :

        Pourquoi négatif ? Peut être parce que l’originalité ne vient pas du support mais de l’histoire, du dessin ... et pas du support !

        Peut être aussi parce que certains pensent que le téléphone portable est un objet abrutissant, antisocial et éventuellement potentiellement très polluant !

        Après la radio, puis la TV, voilà la BD dans vos portables ... Vous allez vivre et dormir avec, au chevet de votre lit, posé sagement après une douce lecture avant de se coucher ??? Ah mais oui, suis-je bête, il est déjà au chevet de votre lit vu qu’il sert aussi de réveil matin !

        La technologie n’excuse pas tout, et encore moins la dérive mercantile qu’a pris cet objet avant tout utile pour communiquer avec les autres ...

        Maintenant c’est devenu une sorte de "totoche" dont il semble impossible de se passer.

        Bienheureux les développeurs de ce genre d’objets et d’applications qui trouvent en vous des consommateurs qui ne réfléchissent plus mais consomment consomment et consomment encore jusqu’à ce que notre planète explose ...

        Répondre à ce message

        • Répondu par marcel le 2 août 2009 à  17:39 :

          Cher Buzz je partage votre avis, j’avais ouvert les commentaires sur ce que j’appelle la dépendance informatique et l’obligation de consommer, merci à vous de revenir à ce qui me semble l’essentiel quand on parle de lecture informatisée. Quant aux discussions sur la bd en elle-même, les auteurs à la mode, ce sont des marécages insondables et je n’ai pas envie de m’y enfoncer.
          Je souhaiterais vous raconter une petite histoire mais je précise d’avance que je n’ai que 40 ans et que j’ai banni de mes discussions les phrases "c’était mieux avant" et "les jeunes ne respectent plus rien". D’une part parce que je connais un peu d’histoire et ensuite j’ai lu dans un texte écrit par Platon il y a 4000 ans "les jeunes ne respectent plus les anciens, nous vivons un monde décadent".
          Un jour que je battais des oeufs en neige,(passionnant non ?) mon batteur s’arrête brusquement. Comme cet appareil n’est pas très ancien et que je souhaite le conserver, je prends conseil en magasin pour une réparation. Cher Monsieur ce modèle n’est plus fabriqué et la réparation risque de vous coûter plus cher que l’achat d’un appareil neuf. Un autre jour, ma belle-mère me dit si tu veux je peux te donner un de mes appareils j’en ai deux et elle me donne un batteur manuel acheté en 1962 lors d’un salon des arts ménager. Depuis 5 ans, j’utilise une petite machine de 47 ans totalement non polluante et qui ne me coûte aucune électricité, fabriquée en son temps par une entreprise qui pensait qualité avant de penser consommation. Je précise d’avance que je n’ai pas envie de m’éclairer à la bougie ou me déplacer en calèche...

          Répondre à ce message

        • Répondu par Sergio Salma le 2 août 2009 à  17:46 :

          Monsieur Buzz,
          on discutait bande dessinée et vous venez effrayer tout le monde avec votre Armageddon personnel. Alors bien sûr, les voitures devaient à l’origine permettre d’aller d’un point A vers un point B, assis et plus vite qu’à pied, et malheureusement il y a la pollution, des embouteillages et des milliers de morts.

          OK,dérive.
          Vous achetez des livres et des revues mais dès que la forme change, puisque vous n’adhérez pas, le côté mercantile vous choque. Pourtant vos livres et vos revues génèrent aussi beaucoup d’argent et causent aussi leur lot de désastres écologiques( ça va des encres aux arbres, des camions pour transporter tout ça aux halogènes pour éclairer les boutiques). Les gentils comme vous , partant d’excellents sentiments (et je me moque pas) sont sans cesse tiraillés par deux vues de l’esprit qui les font naviguer dans une humeur cafardeuse et catastrophiste : le "c’était mieux avant" et le "demain c’est l’enfer". Chaque nouvelle dans le poste vous fait repartir sur vos grands chevaux et l’avenir devient pire chaque jour. Vous êtes cernés dans le présent, aux aguets, on ne vous la fait pas.

          Beaucoup de vos contemporains pensent pareil et la fin du monde ne saurait tarder ne vous inquiétez pas. En attendant ce funeste moment, je suis d’accord avec vous sur le fond, l’homme est un animal maladroit et cupide ; très mauvais pour son environnement, oublieux des réalités terrestres dès qu’il s’agit de flatter son ego ou son portefeuille.

          Je ne pense pas être un consommateur débauché, je fais gaffe quand je me brosse les dents à couper le robinet mais je suis obligé d’avoir une voiture . Je tire la chasse format small quand je le peux mais je vais pas laisser mes enfants mourir de froid dans la maison sous prétexte de ne pas augmenter l’effet de serre.

          Donc , je vous avoue ne pas être partisan de la décroissance qui vous tente me semble-t-il. Alors, d’abord revendez ou jetez-moi ( dans les espaces ad hoc) l’ordinateur qui vous permet de vous exprimer. Puis laissez tomber ces discussions autour de toutes ces fariboles hautement dispensables que sont la bande dessinée , le cinéma ou tout autre source de divertissement abrutissant pour les masses populaires . Elles consomment ( ces discussions ) une énergie incroyable, vous brûlez inutilement des calories au lieu d’aller retourner le petit lopin de terre que vous aurez pris la peine d’acquérir afin d’y faire pousser vos pommes de terre et d’y faire paître le joli cheptel qui pourvoira à vos besoins en lait, fromage et autres denrées indispensables. N’oubliez pas d’entretenir le moulin (à vent ou à aube) qui vous permettra de rester en autarcie tranquillement loin des rumeurs du monde.

          Ce monde ne sera plus en danger ; vous aurez gagné votre bataille philosophique quotidienne. Il ne sera plus en danger non pas parce que la famine et la guerre auront disparu mais parce que vous n’en entendrez plus parler vu que vous aurez jeté radio, télé (dans les espaces ad hoc s’il vous plaît) et que jamais vous n’irez cautionner le grand capital qui abreuve le peuple d’informations par l’intermédiaire de journaux jetables (quelle gabegie).

          Vous serez heureux et de vous savoir heureux me rendra heureux à mon tour.

          Répondre à ce message

          • Répondu par Anne O’Nimm le 2 août 2009 à  21:30 :

            certains pensent que le téléphone portable est un objet abrutissant, antisocial et éventuellement potentiellement très polluant !

            Tout à fait d’accord avec M.Buzz !
            Par ailleurs, créer des BD uniquement pour les téléphones, c’est se couper d’une partie du lectorat car tout le monde n’a pas accès à cette technologie (par choix ou non) alors que tout le monde a accès aux livres (bibliothèques publiques).

            M.Salma résume ègalement très bien le problème :

            l’iPhone est le symbole-même de la toute puissance de l’argent et du pouvoir abrutissant, de la consommation effrénée

            M.Salma dit aussi :

            le téléphone portable , les consoles, les smartphones et les ordinateurs portables ou non ne sont pas une menace mais un fait.

            Donc incontestable et exempt de toute critique ?!?!
            On en reparlera quand les conséquences de la nocivité écologique, sanitaire et sociale de cette technologique seront à leur tour un fait. Ce n’est peut-être ni le lieu ni le moment d’en parler sur un forum avant tout consacré à la BD.

            Quant à L’Association, malgré le succès (imprévu !) de Persépolis, elle occupe toujours une place à part dans le milieu de la BD car c’est resté un éditeur éxigeant et intelligent, tant au niveau des créations que du travail de réédition.

            Répondre à ce message

            • Répondu par Sergio Salma le 3 août 2009 à  13:52 :

              Bon sang, comment faut faire pour me faire comprendre ?!
              Il ne s’agit pas de faire le procès ou l’apologie du téléphone portable !
              On en reparlera...ok .

              Exempt de toute critique ?! Mais pas du tout. je suis le premier à remettre les choses en cause, rien ne me satisfait vraiment, je vois des injustices , des déséquilibres partout !

              Il me semblait qu’ici , la diffusion en numérique de bandes dessinées était un phénomène intéressant, amusant aussi. Il s’agit aussi d’un phénomène riche d’enseignements, absolument dans l’air du temps et révélateur de bouleversements technologiques en train de se produire. Ces bouleversements ( je suis pas en train de dire que la technologie est la réponse à tout )changent la donne qu’on le veuille ou non.

              Les décroissants ( au petit déjeuner, miam) ont raison sur toute la ligne philosophiquement. Mais économiquement ou tout simplement dans la réalité, ils jonglent avec des valeurs utopiques. Nous sommes en train de converser par le truchement de cette technologie en pestant contre cette même technologie. Faudrait savoir !

              Vous avez des jugements respectables sur chaque objet qui vous entoure et c’est très bien ainsi. Mais vous exagérez le phénomène de nuisance en vous mettant au centre du monde et en rejetant tous les "gadgets" dont vous n’avez pas besoin.

              Sans penser que la plupart des meubles , des voitures, des vacances, les vêtements, les produits, les objets d’art, les services dont vous n’aurez, vous, jamais besoin ni envie font vivre des millions de personnes.

              Ce tabouret design qui vous fait crier au ridicule fait vivre 100 personnes. Cessez la production de millions d’objets et arrêtez cette débauche de services polluants et antisociaux et on se retrouve dans une misère encore plus noire que celle qui vous fait peur dès aujourd’hui.

              Si la téléphonie et l’informatique ont connu ce boum incroyable
              c’est parce qu’il y a une demande. Vous arrivez derrière avec vos gros sabots en gueulant que la consommation nous est imposée. 1) Vous prenez tous vos contemporains pour des imbéciles et 2) Vous vous placez au-dessus de la mêlée. Mais en vous mettant ainsi hors-jeu, vous avez le rôle facile.

              Mettez-vous dans la situation d’un père de famille( ce que vous êtes peut-être) avec 2 enfants et connectez-vous avec le monde. Vous achetez des milliers de produits qui sont des licences, qui sont fabriqués en plastique, vous consommez pour les conduire à l’école et vous claquez un fric fou pour tous les moyens de divertissements ( MP3, console , jeux, livres...). Tous ces produits sont vos ennemis d’hier.

              Dans les années 70, plein de gens ont opté pour la vie rurale et hors du circuit. Si c’est ça qui vous tente, je trouve ça, malgré mes quolibets, très épatant. Votre non-enthousiasme pour l’innovation, la recherche, les développements doivent se retrouver dans votre manière d’aborder l’existence et les autres. Je voudrais que votre démarche soit entière. Soit vous optez pour un monde soit pour l’autre.

              Revenons à notre vrai débat et à l’article d’ActuaBD...
              La bande dessinée erre pour le moment dans un sas . On sent confusément que quelque chose est en train de bouger. Les formes traditionnelles sont menacées, les chiffres s’effondrent, les éditeurs cherchent des solutions , pensent à l’avenir avec une panique à peine dissimulée et certains, dans leur pré carré, pensent que ces évolutions sont anecdotiques. Ils ne sont pas réellement réactionnaires( ce qui induit une idéologie politique) mais simplement déconnectés des réalités artistiques. Abel Gance ,cinéaste des années 20, 30 a vu apparaître le cinéma parlant en se gaussant. Des centaines de cinéastes ont d’ailleurs été très sceptiques quant à cette évolution ridicule à leurs yeux. Ils ont démoli l’objet et n’ont pas cru à cette avancée ; ils la considéraient avec dédain.

              Les personnes qui se passionnent pour Internet et la téléphonie depuis 30 ans qui ont créé toutes les machines que vous utilisez quotidiennement (en bougonnant) ont révolutionné non seulement la vie de tous les jours ( en bien ou en mal c’est un autre débat on n’est pas des juges) mais ils ont changé les rapports sociaux. La crispation envers les moyens de communication ( antisocial selon certains observateurs ) facilitent ou rendent possibles des millions de connexions dont vous profitez tous les jours. Les bandes dessinées que vous aimez tant, en papier, cartonnées et en couleurs , profitent de cette chaîne tant décriée . Ce sont des milliers de mails, d’envois de fichiers, de contacts téléphoniques . Sans cela, ces livres auraient eu un accouchement peut-être fatal. Sans cette technologie, les dessinateurs et artistes que vous appréciez n’auraient pas pris connaissance de possibilités qui changent leur approche du monde et qui changent donc le fond et la forme de leurs travaux.

              Ce que je reproche à tous ceux qui freinent par principe toutes les démarches nouvelles c’est le risque de voir l’évolution générale piétiner. Je vous redis que mon discours ne partait que d’une simple constatation : il est urgent( il est toujours urgent) de remettre en cause ce qui semble être une distribution définitive des rôles. Il faut au contraire considérer que tout est éphémère et hautement malléable.

              Ceci est ma dernière intervention à ce sujet. Ceux qui n’entravent pas ce que je m’égosille à écrire éh ben tant pire. Pour les autres, mes frères, pardon de rabâcher.

              Répondre à ce message

              • Répondu par marcel le 3 août 2009 à  18:54 :

                Mais Monsieur Salma décidemment vous ne comprenez pas, la planète est gravement en danger et il faut changer notre approche de la consommation, il ne faut pas avoir fait l’ENA pour comprendre que lire des bds sur un appareil qui dans trois ans sera à remplacer parce que dépassé technologiquement induit un rapport de consommation gaspillage et un comportement suicidaire. Il ne faut pas dépenser des budgets pour aller sur la lune ou sur mars, il faut s’occuper ici et maitenant, de réduire la catastrophe créé par 100 ans d’industrialisation.
                Par ailleurs je vous signale que sur l’informatique dont je me sers pour vous aider à moins vous égarer, je paye la taxe écologique récupel

                Répondre à ce message

        • Répondu le 2 août 2009 à  17:55 :

          Qu’est-ce que Totoche vient faire là-dedans, moi j’adorais cette série de Tabary, qui a vu naitre Corinne et Jeannot, j’adore Valentin le vagabond aussi, beaucoup plus que Iznogoud.
          Tabary est un formidable scénariste, avec un style de narration très personnel et très efficace, on a tendance à ignorer son talent de scénariste, c’est très dommage. A quand Tabary grand prix d’Angoulème ? Il le mérite largement.

          Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Nos dossiersLa Bande Dessinée numérique  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD