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Bandes Dessinées Magazine N°6 : La réplique.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 mars 2005                      Lien  
Dans le numéro six du « Gala de la BD » [N°6 - Avril 2005], rien que du gratin, et du beau : Moebius, François Bourgeon, Raoul Cauvin côtoient l'éditeur des éditions Soleil, Mourad Boudjellal qui, violemment pris à partie dans un pamphlet de Jean-Christophe Menu (« Plates-Bandes ») répond de façon cinglante à son détracteur.

Et dire qu’il y avait des gens pour affirmer que ce magazine ne dépasserait pas le troisième numéro ! Non seulement les Cassandre en sont pour leurs frais (ils n’en avaient pas pour lourd, de toute façon, leurs arguments étant souvent gratuits), mais en plus voici que le titre croise bientôt sa première année d’existence et s’apprête à passer mensuel. En outre, malgré le procès d’intention instruit par ses détracteurs (qui l’accusent en gros d’être un « Voici » de la BD attentant à la vie privée des auteurs de bande dessinée ; on voit bien qu’ils ne l’ont pas lu), le titre reçoit de plus en plus de soutien de la part des professionnels de la BD qui voient dans cette publication un moyen de désenclaver la BD d’un discours réducteur et, il faut bien le dire, souvent sectaire.

Pour preuve, dans ce numéro, Jean Giraud alias Moebius y va de son compliment au micro de Laurent Queyssi (par ailleurs collaborateur d’ActuaBD) : « Bandes dessinées magazine ? Ah oui, j’aime bien. J’aime beaucoup car je trouve que l’idée qui consiste à amener un côté, presque « people », vedettariser, d’une façon graphique les gens, c’est vraiment une bonne idée. ». Et quand on lui dit que tout le monde n’est pas de cette opinion, de ce que l’on croit savoir, il y va de ses encouragements : « Ca fait rien, il faut y aller. Il y a toujours des opinions divergentes sur les choses, surtout quand on prend une attitude nouvelle ou un peu à contre-courant. Sinon, ça ne bouge jamais. ». Le directeur du journal, Hervé Loiselet et son éditeur, Mourad Boudjellal, ont dû boire du petit lait.

Ce dernier règle d’ailleurs ses comptes avec Jean-Christophe Menu qui en prend pour son grade dans une interview (titrée : « La Querelle ») où le patron des éditions Soleil se montre implacable : « je pense que le bouquin de Menu est un appel au secours de quelqu’un qui est en train de disparaître » dit-il. Il ajoute : « Il pensait que taper sur Soleil ou sur BD Mag, cela pouvait être fédérateur dans un milieu où il est totalement décrié.  » Il dit que le livre de Menu est « un testament », le bouquin de quelqu’un qui est « appelé à disparaître assez rapidement parce qu’il est complètement obsolète.  ». Cela donne le ton et le moins que l’on puisse dire, c’est que Mourad Boudjelal ne se complaît pas à pratiquer la langue de bois. Ah, Menu voulait de la polémique, il en a ! Mourad, qui doit avoir quelque pratique de jeunesse dans la castagne des cours de récré, l’invite même à une explication entre quatre yeux, entre hommes. Chacun son style.

Mais heureusement, il n’y a pas que cela dans ce numéro de BD Mag. Les interviews crépitent, c’est d’ailleurs le principe du magazine. Interviews des stars évoquées, mais aussi de Shanower, Roosevelt, Rossi, Bourhis, Luz, Montellier, N’Guessan, Tota et j’en passe... Tous les genres de la BD sont abordés, les plus commerciaux comme les plus confidentiels. Parmi elles, Cécile Grenier (« Rwanda 94 ») et Sera (« L’eau et la Terre »), nous touchent par leur émotion, la qualité de leur témoignage. En plus, ce numéro est parcouru de dessins d’humour, toujours aussi intelligents, de Jean-Luc Coudray qui publie prochainement un album sous le label "La Boîte à Bulles" abhorrée par Jean-Christophe Menu, pourtant lui-aussi éditeur du même Jean-Luc Coudray... Il faudra s’en faire une raison, si l’on veut une image à peu près fidèle de la BD d’aujourd’hui, on devra peut-être désormais en passer par Bandes Dessinées Magazine.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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4 Messages :
  • > Bandes Dessinées Magazine N°6 : La réplique.
    1er avril 2005 10:24, par Un lecteur agacé

    Assurer la "critique" d’un magazine dont on est pour grande partie rédacteur... L’exercice doit être pour le moins périlleux. Bravo Monsieur Pasamonik pour cette belle marque d’indépendance ! Plus sérieusement : quel crédit accorder à votre opinion sur BD mag ? Ne serait-il pas moins condamnable, d’un point de vue purement déontologique, de confier cette critique à quelqu’un de moins impliqué que vous ?

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    • Répondu par BFH le 2 avril 2005 à  01:03 :

      remarque amusante... mais :
      lisez donc l’ours de ce n°6 de BDmag : Didier Pasamonik n’y a pas signé une seule ligne !!!
      comme quoi, on peut se gourer...

      Briag Haslé, journaliste BD, collaborateur de BDmag

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    • Répondu par Hervé Loiselet le 2 avril 2005 à  08:44 :

      Il se trouve que Didier Pasamonik a repris sa liberté vis à vis de BDMag. Vous constaterez de vous même qu’il n’est plus crédité "conseiller de la rédaction" dans l’ours et qu’il n’a même pas écrit la moindre ligne dans le numéro qu’il chronique. Pour ma part : j’appécie son fair play.

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      • Répondu par Didier Pasamonik le 2 avril 2005 à  19:18 :

        Personnellement, je ne vois pas où est le problème. Mon article est bienveillant pour l’article de Laurent Queyssi, qui est un vrai journaliste, et pas mon pseudonyme. Quant à mes opinions sur BDMag et sur Menu, elles sont bien connues, et jamais reniées. Vous avez une vision de la déontologie extrêmement réductrice. En clair, on ne peut pas défendre un support de presse sous le prétexte qu’on y travaille. Je ne vois pas pourquoi. ActuaBd n’a jamais fait le mystère des collaborateurs qui oeuvrent de part et d’autre. Les supports BD sont peu nombreux et cela n’a rien de choquant de voir la même signature sur un support et sur un autre. Que je fasse une critique négative à propos d’un magazine dont je défends le concept et que j’ai contribué à créer, n’y comptez pas : ce serait me renier. D’ailleurs, même si je prends un peu de distance (mes activités professionnelles sont de plus en plus prenantes), cela n’empêche pas la possibilité de retrouver ma signature dans BDMag à l’avenir. Et que son absence aujourd’hui ne vous empêche pas de l’acheter !

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  • Coïncidence. Pour nourrir les réflexions que Moebius déclenche dans son entretien à BDMag, on lit dans Le Point de cette semaine, un portrait de Frédéric Beigbeder (scénariste occasionnel de BD) signé de Christophe Ono Dit Biot (l’auteur d’un excellent papier sur Spiegelman parus dans le même hebdomadaire). Beigbeder - qui ne parle pas ici de BD - déclare : "Je suis de ceux qui pensent que la littérature est en danger de mort, et qu’il faut la remettre au centre de la société en la "glamourisant". Il n’y a aucune raison pour que Madonna, Britney Spears ou Monica Bellucci prennent plus de place que les écrivains dans les magazines. (...) Un auteur, ça a toujours été d’abord un corps, un visage, et faire disparaître l’écrivain derrière son oeuvre, c’est risquer de faire disparaître la littérature." C’est le point de vue exprimé dans cette dernière phrase qui pousse BDMag dans son champ d’intérêt. La BD veut elle apparaître ?

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