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Bannister & Nykko (Les Enfants d’ailleurs) : « Nous abordons des événements très durs dans notre série pour la jeunesse ! »

Par Nicolas Anspach le 16 juin 2010               Les Enfants d’ailleurs) : « Nous abordons des événements très durs dans notre série pour la jeunesse ! »" data-toggle="tooltip" data-placement="top" title="Linkedin">       Lien  
Les auteurs des « {Enfants d’Ailleurs} évoquent avec nous cette excellente série pour la jeunesse alliant aventure, Heroïc Fantasy et fantastique. Dans le premier cycle de cette série, des enfants se retrouvaient plongés dans un autre monde peuplé d’animaux féroces. Ils devaient vaincre leur peur et s’armer de patience pour retrouver une porte leur permettant de rejoindre l’univers réel.

Bannister & Nykko (<i>Les Enfants d'ailleurs</i>) : « Nous abordons des événements très durs dans notre série pour la jeunesse ! »Comment est née votre série « Les Enfants d’ailleurs » ?

Bannister : Nous avions réalisé ensemble une série pour Soleil. Nous avons fais le tome 1 qui n’a pas marché, puis la moitié du tome 2. Quand on s’est aperçu, après plusieurs mois sans retour de leur part, que nous ne serions jamais payés, nous sommes partis. Nous avions envie de rebondir sur un autre projet. Comme nous aimions la bande dessinée d’aventure que publiait les éditions Dupuis, nous avons réfléchi à une histoire pour eux.

Nykko m’a résumé le concept des Enfants d’ailleurs. Une bande de gamins qui débarquent dans un autre monde. Il y avait-là un côté « Club des 5 » qui ne me déplaisait pas. Dupuis l’a accepté quelques mois plus tard.

Il y avait très peu de vrais récits d’aventure pour la jeunesse dans le journal de Spirou à l’époque. Il n’y avait que des gags ou des « séries classiques historiques ». Et plus de nouvelle série d’aventure qui apportait un souffle nouveau. Notre série a été refusée dans un premier temps par le rédacteur en chef de Spirou de l’époque.

Nykko : Jusqu’au jour où nous avons rencontré à Saint-Malo Benoît Fripiat, éditeur chez Dupuis. Il s’intéressait au projet. Il a évoqué les collections Puceron et Punaise qui se créaient chez Dupuis. Denis Lapière, le directeur de ces collections, m’a appelé quelques jours après. J’ai évoqué les grandes lignes de la série : la mort d’un personnage important à la fin du troisième album, etc. Cela ne lui posait aucun problème que des événements très durs se passent dans l’histoire. Les enfants sont suffisamment intelligents, pense-t-il, pour comprendre ces situations si elles sont amenées délicatement. Cela me plaisait de participer à la création de ses collections et de travailler avec cet éditeur par ailleurs scénariste.

Aviez-vous dès le début l’intention de réaliser un second cycle ?

Nykko : Nous envisageons de réaliser quatre cycles de trois albums, si le succès suit. D’autant que j’ai de plus en plus envie de réaliser des séquences un peu plus contemplatives et calmes. J’étais frustré que les événements s’enchaînent si rapidement dans le premier cycle. Dans le deuxième tome, Max et Rebecca se parlent à un moment donné. Ils se livrent, et on assiste à un véritable échange. J’aurais aimé poursuivre dans cette voie.

Bannister : Les événements plus calmes nous permettent d’apporter de l’épaisseur et d’approfondir le vécu des personnages.

Extrait des Enfants d’Ailleurs T4
(c) Bannister, Nykko & Dupuis

Rebecca l’une de ces enfants est une rescapée du génocide des Tutsus au Rwanda. Pourquoi ?

Nykko : J’avais lu différents témoignages sur ce génocide. C’était tellement hallucinant que j’avais envie d’en parler à ma manière. J’ai donc décidé de mettre en scène une enfant adoptée qui aurait totalement occulté ce drame. Elle n’en garde aucun souvenir, mis à part des cauchemars. Nous allons aborder son passé, mais cela ne va pas devenir un fil conducteur du récit. Les Enfants d’ailleurs reste une série d’aventure fantastique.

Extrait des Enfants d’Ailleurs T4

Maxime a également un passé difficile. A la fin du premier cycle, vous montrez qu’il est malmené par ses parents.

Nykko : Effectivement ! Il n’avait pas envie de revenir dans le monde réel à la fin de la première histoire. On comprend pourquoi … Il s’était raccroché à Ilvanna. La mort de cette dernière l’a perturbé. Et il n’est plus réellement capable de décider de son avenir : rester ou quitter l’autre monde. Le quatrième tome est plus axé sur lui. Je n’avais pas envie de me montrer cruel à son égard. Il va avoir sa revanche !

Comment travaillez-vous ensemble ?

Nykko : Nous sommes en permanence en contact via MSN. Dès que l’on a une idée, on la partage avec l’autre. Grâce à cela, j’ai parfois l’impression que Bannister travaille dans la pièce à côté de mon bureau.

Bannister : Nykko m’envoie sa vision de chaque scène. Si je visualise des choses différemment, nous en parlons ensemble. Dès que l’on trouve un accord, il rédige un découpage. Je lui envoie mes dessins afin qu’il bénéficie de mes remarques. Nous cherchons avant tout à être efficaces. C’est pour cette raison que le bestiaire n’est pas développé à l’extrême. L’interaction entre les enfants et les monstres de l’autre monde sont plus essentiels que leurs caractéristiques physiques.

Recherches pour "Les Enfants d’Ailleurs"
(c) Bannister, Nykko & Dupuis

Les éditions Dupuis ont publié en début d’année une très belle intégrale.

Bannister : Oui. Et le format du quatrième album a changé pour rejoindre une taille classique. C’est une envie de l’éditeur. La collection Punaise a été arrêtée. Notre série est passée dans la collection « Tout Public » des éditions Dupuis.

Nykko : Du coup, on gagne deux planches supplémentaires. Cela peut paraître peu, mais cela nous permet d’apporter une respiration supplémentaire aux albums.

Vous êtes également les auteurs de Titoss & Ilda, une série publiée dans la collection Puceron des éditions Dupuis.

Bannister : Effectivement ! Cette histoire a pour cible les enfants pré-lettrés (3-6 ans). C’est un véritable exercice de style que de réaliser une histoire pour des lecteurs qui n’ont aucune expérience de la lecture de bande dessinée. Il faut être très clair et éviter de jouer sur les codes propres à la BD, comme par exemples les ellipses. Denis Lapière et Laurence Van Tricht, les responsables éditoriaux de la collection, ont réalisé une charte narrative basée sur le travail de Pierre Bailly et Céline Fraipont autour du Petit poilu. Ils ont posé un standard auquel nous essayons de nous rapprocher. Ce processus de fabrication est particulier et m’aide à aller à l’essentiel dans Les Enfants d’ailleurs. Pour ce type de bandes dessinées, il faut être synthétique, direct, fluide.

Extrait de "Titoss et Ilda" T2
(c) Bannister, Nykko & Dupuis

Quels sont vos projets, mis à part le deuxième cycle des Enfants d’ailleurs et la poursuite de Titoss & Ilda ?

Bannister : Ces deux séries me prennent tout mon temps. Chaque année, je prends cependant quelques jours pour réaliser une histoire courte pour Flight, un recueil anthologique américain. Je suis un des rares auteurs français à y participer. Cela m’apporte une bouffée d’oxygène ! Je supervise aussi de très près l’adaptation US des Enfants d’ailleurs édité par Lerner, ça prend un peu de temps. J’ai aussi quelques autres projets dans les cartons, rien de très avancé.

Nykko : Pour ma part, je continue Lily, une série pour la jeunesse dessinée par Elsa Brants dans la collection Puceron des éditions Dupuis.

Recherches pour "Les Enfants d’Ailleurs"
(c) Bannister, Nykko & Dupuis

(par Nicolas Anspach)

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Lire une interview de Bannister : "Les Enfants d’ailleurs", c’est un peu "Le Club des Cinq" en BD !" (Septembre 2007)

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Illustrations (c) Bannister, Nykko & Dupuis.
Photos (c) Nicolas Anspach

 
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