2039, Gotham City. Une mystérieuse chauve-souris humanoïde sème la terreur, s’opposant à la fois aux malfrats et aux forces de l’ordre. Certains parlent d’une légende urbaine du siècle dernier, largement oubliée, qui referait ainsi brusquement surface. Mais, étonnamment, rien dans les archives du GCPD à son sujet. Et tandis que les services fédéraux court-circuitent la police de Gotham sur un crime dans le métro de la ville, le mystère s’épaissit.
Avec Batman : Année 100 Paul Pope signe une mini-série récompensée en 2007 par un Eisner Award manifestement mérité. Sa manière de revisiter le mythe de Batman tient autant de la démarche initiale de Frank Miller dans The Dark Knight Returns que d’un retour aux origines du personnage, dans une sorte de relecture de toute son histoire depuis sa création en 1939.
Le parti-pris, habile et stimulant, embarque le lecteur dans une aventure pourtant située dans un cadre lui totalement nouveau, futuriste et dystopique. Dans celui-ci, la collusion entre pouvoirs politique, économique et militaire menace plus que jamais la vie des concitoyens de Gotham. Et Batman devra réellement payer de sa personne pour surmonter cette opposition.
Se déploie alors un jeu entre effets d’échos manifestes, notamment dans le personnel qui gravite autour du héros, batfamily réévaluée, et décalages, nombreux et subtiles, qui modifient la donne et procurent à l’histoire son originalité. Là dessus, le dessin nerveux, presque dérangeant, de Paul Pope instaure la dose de tension et de terreur auquel le récit carbure littéralement.
Demeure toutefois un dénouement qui pourra frustrer, porte de sortie peut-être un peu facile. Une adversité volontairement peu personnifiée - puisque c’est un système que combat le héros - mais qui paraîtra anecdotique au moment de résoudre l’action. Et des mystères autour de l’identité de Batman, cultivés tout au long de la lecture, en fin de compte sans réponse autre que symbolique. Pour apprécier pleinement, il faut aimer les fins ouvertes...
L’édition d’Urban Comics adjoint au récit qui donne son titre au recueil trois autres histoires, courtes, toujours de Paul Pope, et proposant d’autres variations autour du Chevalier Noir. Notamment une version intitulée Batman Berlin, premier travail de Paul Pope sur le super-héros. Avec un personnage juif, à Berlin, en 1939, l’auteur offre là une recomposition vraiment étonnante !
(par Aurélien Pigeat)
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