Batman Catwoman - par Tom King & Collectif - Urban Comics

Après des décennies de croisade dans les rues de Gotham, Bruce Wayne s’est fait rattraper par le premier et le dernier des antagonistes, celui qui vient à bout de tous les héros : le temps. Frappé d’une maladie incurable, il s’éteint paisiblement dans son lit, entouré de sa bat-family et aux côtés de sa femme, Selina Kyle alias Catwoman. Cette dernière, une fois son mari disparu, se lance alors dans une dernière mission, qu’elle seule peut réaliser, pour boucler toutes les boucles laissées en suspend par son mari.

The knight is dead, long live the knight

Cette fin d’année est décidément bien funeste pour Batman. Entre le dernier jeu Gotham Knight qui met aussi en scène la mort du croisé, et ce Batman Catwoman, l’actualité de Bruce est à retrouver dans la rubrique nécrologie. L’occasion pour nous, humbles fans en deuil, d’explorer le bat-verse sans le bat, et de nous poser la question ultime : sa vie a-t-elle eu un sens ?

C’est précisément ce qui travaille tout le récit de Tom King. De sa vie, Batman n’a jamais pris une seule vie (allegedly), et ce crédo l’a nécessairement conduit à laisser en vie les pires ordures. Vaut-il mieux tuer le Joker et prendre une vie, pour l’empêcher de nuire à l’avenir et de prendre d’innombrables vies ? A cette question, Bruce n’a jamais varié sa réponse, pour le meilleur et pour le pire.

Mais maintenant qu’il n’est plus là, son code moral a aussi disparu et les vieilles aigreurs qui larvaient dans le cœur de son épouse refont surface. Dans une cavale du troisième âge (elle aussi a subi les ravages du temps, ainsi que tous leurs anciens alliés et ennemis), elle met enfin un point final à tout ce que Batman n’a jamais résolu.

Le récit alterne ce "présent" avec le passé des premiers instants du couple Bat-Cat. Le conflit intérieur de Sélina entre ses allégeances au monde du crime et ses sentiments pour Batman les obligeant à jouer au chat et à la (chauve) souris. Ainsi, on alterne événements du passé, souvent confus et décousus, et présent dans lequel on comprend les conséquences et les liens.

Plusieurs artistes se succèdent aux dessins, pour un ensemble assez hétérogène en style et en qualité. Malgré les variations, l’ensemble reste néanmoins de très bonne facture globalement, avec une mention spéciale pour les chapitres psychédéliques et franchement angoissants de Liam Sharp et Clay Mann (je vous jure, les chapitres 7, 8 et 9 sont de purs bijoux d’angoisse).

Le récit présente finalement peu d’action et de combats, les auteurs brillent plus par leur mise en scène des dialogues que leur capacité à insuffler du dynamisme. Ils s’essaient donc à des astuces graphiques différentes pour relancer l’attention du lecteur, comme un recours récurrent aux splash-pages ou aux portraits en pleine page.

Voilà le cadeau idéal à mettre sous le sapin des grands fans de Batman qui suivent notamment le run de Tom King sur le personnage, réédité depuis peu en intégrale par Urban Comics (notre chronique du tome 1 ici, du tome 2 là). Suite directe (même si ce n’est pas indiqué sur la tranche, et sans doute pas nécessaire pour comprendre la suite) de la série principale, on peut aussi considérer l’ouvrage d’une manière autonome sans trop y perdre, même si on recommandera tout de même d’avoir en tête au moins le tome 2 de l’intégrale.