Au bord du gouffre, totalement épuisé, Batman déambule dans les rues de Gotham, perdant énormément de sang. Basculant dans un rêve étrange, il revoit ses parents avant leur décès, puis se voit subitement tomber d’un pont d’une seule masse. Reprenant quelque peu ses esprits, il voit John Constantine, une clope à la main, calme et sarcastique, tout le contraire de lui. Plus tard dans cette étrange nuit lugubre, Bruce Wayne apprend la mort de son pire ennemi, le Joker, retrouvé noyé suite à une chute ...
Après les excellents Luthor et Joker ou encore Before Watchmen, le duo Brian Azzarello & Lee Bermejo reviennent avec du lourd !
Dans une trame sublimée par une qualité graphique alléchante. Brian Azzarello s’affranchit des normes sur bien des plans : C’est ainsi que nous voyons à plusieurs reprises Batman nu, affaibli, tourmenté par d’incessants flashbacks de son passé, blessé, grimaçant ou pleurant et se vidant de son sang.
L’association Bruce Wayne & John Constantine fonctionne à merveille. C’est bien simple : plus le personnage de Batman s’apitoie sur son sort, plus celui de John Constantine resplendit et rayonne.
Dans cette dynamique constante, les indications n’apparaissent qu’au compte-gouttes, laissant ainsi planer une sensation mystérieuse autour de ce récit. À la fois poétique, sombre et philosophique, le mal-être et la douleur vécue et infligée atteignent leur paroxysme.
D’un point de vue graphique, d’une qualité somptueuse, les héros sont reconnaissables au premier coup d’œil. Hyper réalistes, stylés, soignés dans le moindre détail. Certainement, l’un des Batman les plus aboutis de tous les temps. Encore faut-il, bien entendu, être d’entrée de jeu attiré par ce trait, envoûtant, nerveux voire survolté, mêlant une rage folle à une mélancolie perceptible à chaque plan.
Prises de vues aériennes de Gotham, profondeurs de champ efficaces, décors somptueux... le résultat est juste bluffant. Brian Azzarello & Lee Bermejo opèrent à l’unisson jouant sur une démesure tant scénaristique que graphique. L’action est calibrée et apparaît rapidement, le lecteur se trouvant aspiré par cette énergie dynamique. Chaque émotion, qu’il s’agisse de tristesse, de colère ou encore d’indifférence est idéalement retranscrite. Les amateurs du duo seront d’ailleurs agréablement surpris par un twist final qui vous amènera à relire les précédents travaux du duo.
Chaque réplique est à la fois calculée et juste. Les monologues intérieurs de Bruce Wayne, affligé, désorienté, au bout de sa route en somme, véhiculent aisément le lecteur page après page, alternant séquences d’action insolites et dramaturges fascinantes. Indéniablement, l’un des titres phares du catalogue Urban Comics de cette année 2019.
(par Marc Vandermeer)
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Batman Damned. Scénario : Brian Azzarello. Dessin : Lee Bermejo. Éditeur : Urban Comics. 160 pages. Sortie : le 25 octobre 2019. Prix : 15,50 euros.
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