Batman, on voit bien ce que c’est : un jeune play-boy milliardaire que le meurtre de ses parents propulse en justicier. Un thème assez naïf en somme, typique des super-héros nés à la fin des années 1930. C’est le tandem Dennis O’ Neill et Neal Adams qui, dans les années 1970, le rapprocha de l’atmosphère gothique des romans victoriens. Frank Miller et Alan Moore parachevèrent la mutation en ancrant définitivement le personnage dans un imaginaire violent et crépusculaire.
Dans ce volume, le Prince de la Nuit investit Gotham City. Des meurtres en série se perpétuent dont on découvre bien vite l’origine vampirique. Le chef de la police Gordon est kidnappé par Dracula pour attirer Batman dans un piège. Grâce à Dieu et au scénariste Doug Moensch, notre héros est aidé par une bande de vampires rebelles. Mais la maléfique créature a de la ressource. Même si ses armées se font décimer à coup de pieux de chênes dans le cœur, il va falloir à Bruce Wayne un peu plus que son intelligence et sa condition physique légendaire pour en triompher. Sa copine la vampire instillera en lui le mal nécessaire pour abattre le vilain. Car c’est bien connu : rien de tel que de combattre le mal par le mal.
Cette version de Batman par Doug Moench et Kelley Jones ne restera pas dans les annales. D’abord parce qu’elle se perd dans une intrigue invraisemblable sans vraiment d’autre enjeu que la surenchère gore. Un peu comme si on voulait détruire le mythe Batman aussi sûrement que le manoir de Bruce Wayne dans cet épisode. Il n’y a d’ailleurs pas que le justicier de Gotham City qui se trouve affecté par cette entreprise. Dracula lui-même succombe à la trivialité et à l’absence totale de mystère. Dommage pour Kelley Jones qui nous livre quelques morceaux de bravoure graphique mais qui souffre de se mettre au service d’un scénario décevant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion