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Batman Infinite T. 2 : État de Terreur, 1ère partie - Par James Tynion IV, Tom Taylor & Jorge Jimenez - Urban Comics

Par Marc Vandermeer le 26 mai 2022                      Lien  
Dans la continuité de "Joker Wars", "Batman Infinite" joue avec nos nerfs de manière subtile et délicate. James Tynion IV décortique l'héroïne Mircale Molly et les motivations qui l'ont poussée à changer d'existence. Quant au Peacekeeper, en pleine introspection, il aura fort à faire face aux exigences du peuple de Gotham. Un deuxième opus brillant de réussite !

Dépossédé de sa fortune, privé de liberté dans ses mouvements, Bruce Wayne n’est désormais plus qu’un citoyen quelconque, comme tant d’autres. Se fondant dans la masse, il tente tant bien que mal de rééquilibrer son quotidien, mais les choses se compliquent puisque le peuple de Gotham se désintéresse de la nécessité des justiciers, relégués au titre de hors la loi.

Dorénavant, c’est le rôle des "Peacekeepers", une milice à la solde du nouveau maire Christopher Nakano, d’intervenir pour protéger la ville …

Ce second opus de Batman Infinite démarre sur les origines et les causes qui ont transformé Mary Kowalsky du statut d’ingénieure ambitieuse chez "Helios Robotique" en "Miracle Molly", une méchante sanguinaire stimulée par la violence. Bien qu’anciennement imprégnée dans son travail, la belle n’y trouve aucun réconfort, prise entre un patron macho qui la dénigre et un amoureux égocentrique qui la rabaisse. Pire encore, autant sa propre mère que les parents de Matsuda la poussent à quitter son emploi et devenir femme au foyer à temps plein.

Emprise avec le doute, elle suit avec grande attention les vidéos postées par Master Wize qui dénonce ouvertement la société, et le moule dans lequel doit se couler chaque bon citoyen. Une prise de conscience, une ouverture d’esprit et surtout un choix déterminant qui poussent Mary à activer le processus mental qui consiste à rejoindre le collectif de Mr. Wize "Unsanity" et d’annuler tout souvenir de son ancienne existence…

Sur ce point d’ailleurs, James Tynion IV n’y va pas par le dos de la cuillère, affichant certes avec lucidité mais avec grand pessimisme la terreur sociétale connue et vécue par bons nombres de citoyens. "The Rat Race" (la course du rat), comme le nomme les Américains, un système proche de "Marche ou crève", une compétition omniprésente et presque contagieuse, où tout un chacun tire la couverture de son côté.

En utilisant Mary Kowalski tel un cobaye de laboratoire, l’auteur permet à celle-ci de passer du statut de femme inaccomplie, maussade et laissée-pour-compte à une femme libérée de ses chaînes, sûre d’elle-même et pragmatique. Non sans mal, puisque son côté humaniste tend à disparaître pour réveiller en elle la diablesse …

D’autre part, Gotham est prise d’assaut à maintes reprises par le Collectif Insanity, dont le maître-bourreau n’est autre que l’Épouvantail, à qui l’on doit l’attentat au gaz à Arkham (voir Joker Wars). Miracle Molly & Master Wize agissent à leur guise...

Quant à Batman, plus personne, ou presque, ne songe à lui : la quasi totalité des citoyens tourne dorénavant leur regard sur le nouvel héros "Peacekeeper-01", tout proche de mettre la main sur l’Épouvantail et ses sbires.

Mais fort vite, Pecakeeper-01 connaîtra les affres de la défaite, notamment suite à la dose de toxines injectées par l’Épouvantail. Dès lors, il sera en quête de réponses sur ses agissements et son rôle de fils en rapport avec son père et, tout comme Mary Kowalski, saisira la faculté de nuisance de l’Épouvantail !

Pour la partie graphique, plusieurs artistes s’enchaînent à tour de rôle dans des registres plutôt inégaux. Le premier chapitre concernant Miracle Molly est dessiné par Dani au style désuet et déstructuré. Un découpage tonitruant mais bien trop surchargé, de quoi donner un sacré mal de tête, même pour les lecteurs les plus aguerris. Ensuite, Riccardo Federici, à qui l’on doit l’excellent Saria aux côtés de Jean Dufaux. Un travail exemplaire, jouant sur les moindres détails, auquel on ne peut reprocher que des protagonistes trop statiques, qui manquent cruellement de mouvement.

Finalement, c’est Jorge Jimenez qui nous en met un nouvelle fois plein la vue avec un trait nerveux, précis et redoutable. Ses planches sont d’une haute volée artistique, forçant le respect. La palette de couleurs signée Tomeu Morey n’est pas en reste, éclairant de bout en bout ce travail éclectiques.

Un second opus de Batman Infinite dans la lignée de son prédécesseur, à savoir de bonne facture. Des ingrédients qui tiennent en haleine, des justiciers en perte de vitesse, un Gotham remanié et un Chevalier noir de plus en plus esseulé.

Mais rien n’est joué ! Le duo James Tynion IV & Jorge Jimenez fonctionnent à l’unisson et déploient en final un récital de toute beauté !

Batman Infinite T. 2 : État de Terreur, 1ère partie - Par James Tynion IV, Tom Taylor & Jorge Jimenez - Urban Comics
©Dani / Urban Comics

(par Marc Vandermeer)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026822110

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