"Batman - Meurtrier et fugitif" : nouvelle étape dans la publication des grands classiques du Chevalier Noir

Le point de départ de l’intrigue : un triangle amoureux et un dilemme entre amour et devoir

© DC Comics

Urban Comics poursuit sa politique d’édition chronologique des grands événements du "Barverse" depuis les années 1990 jusqu’à sa reprise en main de cet univers. Batman - Meurtrier et fugitif s’inscrit ainsi dans le prolongement direct de New Gotham, lui-même venu après No Man’s Land.

Nous sommes au début de l’année 2002, quelques mois avant la très grande série de la période, Gotham Central, dont ce grand cycle pose un peu plus fermement les fondements. On retrouve en effet à la baguette de Meurtrier et fugitif certains des auteurs de Gotham Central, comme Greg Rucka et Ed Brubaker, ici accompagnés d’autres scénaristes comme Chuck Dixon. Et l’intrigue, qui fait de Batman la cible du GCPD, accorde une place prépondérante aux nouveaux venus au sein du commissariat - rappelez-vous : Gordon vient de prendre sa retraite.

Le récit débute avec l’intégration actée de Sasha Bordeaux au sein de la Bat-Famille. La garde du corps devenue équipière du Chevalier Noir le suit dans ses missions nocturnes et tombe amoureuse de celui qu’elle a démasqué. Bruce Wayne, lui, vient de rompre brutalement avec l’un de ses conquêtes, la journaliste Vesper Fairchild, dont il était en train de s’éprendre, craignant que ses sentiments ne le détournent de sa mission.

Bruce Wayne, à la case people et fait divers

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Une scène de crime où tout accuse Bruce Wayne

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Le portrait du Croisé à la Cape, brossé par le regard de Sasha, se fait particulièrement sombre, empreint de frustration et de colère sourde. Les exploits réalisés et les vies sauvées ne parviennent à masquer les immanquables ratés et les inévitables victimes : nul ne peut être partout à la fois et les nuits s’achèvent laissant la lumière crue du jour souligner la corruption d’un ville rongée par la criminalité.

Là-dessus survient le drame qui amorce notre intrigue. De retour d’une expédition nocturne, Bruce et Sasha découvrent, au sein du Manoir Wayne, le corps de Vesper, tuée de plusieurs balles dans le dos. Aussitôt sur les lieux, la police arrête nos deux justiciers, qui ne peuvent livrer le moindre alibi, l’affaire prenant le tour d’un crime passionnel aux yeux de la population.

Batman en incapacité d’agir, ce sont ses comparses de la Bat-Famille qui s’emparent de l’enquête. Avec une difficulté toutefois : le peu de soutien qu’ils reçoivent de leur mentor, que tout accuse et qui refuse non seulement de suivre leurs recommandations mais même de leur dire ce qu’il sait de la situation ! Période de doute pour l’ensemble de nos héros, et sentiment d’être trahi par tous pour le Chevalier Noir.

Voici venu le procès de Bruce Wayne

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Alfred en proie au doute et face à ses (son ?) démons

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L’idée et le développement de cet événement s’avèrent excellents et le lecteur se trouve rapidement embarqué dans ce mystère qui ne cesse de s’épaissir. Les moments où Bruce Wayne fait face aux policiers de Gotham, aux juges puis aux prisonniers et au personnel de Blackgate valent la découverte de ce titre.

Reste le problème souvent rencontré dans ce type de crossover : l’impression de délaiement. En effet, pas moins de huit titres différents [1] se trouvent convoqués pour mener le récit en donnant une place à chacun des protagonistes que sont Nightwing, Robin, Oracle ou Bargirl. Mais le sentiment que l’on piétine ou que le propos se répète s’impose parfois à la lecture de cet copieux premier volume, qui ne couvre finalement que deux mois de publication.

Car ce sont surtout les deux titres de Greg Rucka - Detective Comics - et Ed Brubaker - Batman - qui proposent les moments les plus intéressants et les plus intenses, joliment complétés par ceux de Devin Grayson sur Gotham Knights. Le reste nous apparaît plus anecdotique, mais permet de construire un impressionnant moment de la vie du Batverse dont on aura plaisir à suivre l’évolution. D’autant que pour le moment, les grands Vilains classiques de Gotham brillent surtout par leur absence...

Image frappante : Bruce Wayne derrière les barreaux !

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