Batman - Silence - Par Jeph Loeb et Jim Lee (trad. Jérôme Wicky) - Urban Comics

Que serait une aventure de Batman sans le Joker ?

Batman - Silence © Jim Lee / DC / Urban Comics

En 2013, Urban Comics rééditait Batman -Silence, en couleurs, ouvrage déjà paru en France chez Panini en 2010 (Actuabd vous en avait alors parlé). Et si l’on compte l’édition en trois volumes publiée chez Semic entre 2004 et 2005, nous en arrivons donc aujourd’hui, avec cette série limitée en noir et blanc, à la quatrième édition de cette histoire considérée comme un nouveau départ des intrigues Batman au début des années 2000.

Silence raconte comment Batman doit faire face à un gigantesque complot convoquant nombre de Villains classiques de son univers - Killer Croc, Catwoman, Poison Ivy, le Sphinx, le Joker, Double Face, Harley Quinn, Gueule d’Argile, l’Épouvantail ou encore Ra’s Al Ghul et sa fille ! - sous la houlette d’un nouveau venu, le fameux Silence.

Au cours de cet affrontement, de non moins nombreux comparses viendront l’épauler : Robin, Nightwing et Gordon bien sûr, mais aussi Oracle, Huntress et même Superman. Bref, on y croise quasiment tout le personnel de l’univers Batman, au sens large.

Si c’est là l’un des intérêt de cette intrigue, cela en constitue aussi la limite. Difficile en effet de ne pas trouver un peu poussif ce défilement très linéaire des Villains de Gotham, gentiment et successivement alignés jusqu’au twist final censé livrer la vérité sur l’identité de ce fameux Silence.

Même Huntress est conviée dans cette intrigue

Batman - Silence © Jim Lee / DC / Urban Comics

Batman - Silence correspond davantage à une revue des troupes qu’à une véritable intrigue et donne le sentiment de se contenter d’offrir du mystère pour du mystère, sans enjeu réellement construit ni dramatiquement mené.

En revanche, ce qui frappe et emporte le morceau, et finalement justifie pleinement cette nouvelle édition en noir et blanc, c’est bien évidemment le dessin de Jim Lee, dont on appréhende la pleine mesure avec cette version qui présente le volume après l’étape d’encrage de Scott Williams.

Il faudra cependant accepter préalablement cette approche très super-héroïque de Batman, toute en muscles et en démonstrations de force, loin de l’image du détective disparaissant dans les ombres. Avec Jim Lee, Batman donne de sa personne et fait parler son corps.

Ainsi, l’indéniable maîtrise graphique dont fait montre le dessinateur américain rythme et dynamise le récit par une mise en scène puissante et imposante de l’action. Mieux encore : la tension sexuelle qui anime le héros, habituellement sous-jacente, s’y exprime ici de manière explicite, notamment dans le jeu entretenu tout au long du volume avec Catwoman.

Rappelons aussi qu’il existe aux États-Unis, parue en 2011, une autre édition rendant hommage au trait de Jim Lee, l’’édition dite "unwrapped", c’est-à-dire proposant le seul dessin, avant même l’étape de l’encrage. La préface de l’ouvrage, par Scott Williams, présente dans l’édition d’Urban Comics, provient d’ailleurs de cette édition Deluxe américaine.

Première danse du volume entre Batman et Catwoman

Batman - Silence © Jim Lee / DC / Urban Comics

Si, au final, Silence ne s’impose pas comme l’un des meilleurs récits mettant en scène Batman, même s’il eut le mérite, en son temps, de donner une nouveau départ à l’univers du Chevalier Noir, cette édition en noir et blanc propose de le redécouvrir dans une version qui met en relief son véritable point fort : la version graphique que Jim Lee propose de ce héros et de son univers.

Rien que pour la découverte de ces représentations, dépouillées du spectre de la couleur, offertes par le dessinateur des différents protagonistes de Gotham City, cette édition ne manquera pas de séduire le lecteur.

Silence, le nouveau Vilain

Batman - Silence © Jim Lee / DC / Urban Comics