Batman Terre-Un T. 3 - Par Geoff Johns & Gary Frank - Urban Comics

Dans les couloirs lugubres et pestilentiels des égouts d’Arkham s’aventurent trois hommes, ou plutôt un super-héros en devenir, son allié Alfred Pennyworth et la créature reptilienne "Killer Croc". Tous s’aventurent dans les profondeurs souterraines avec un but commun : y développer une base d’installations pour y accroitre leur territoire.

Une idée murement réfléchie par Bruce Wayne, propriétaire du manoir d’Arkham situé à proximité de son futur champ d’opérations. Bruce Wayne a réellement besoin de Batman, et le contraire est tout aussi vrai Mais plus encore, comme il le souligne, ce qui s’avère indispensable est de recruter des membres, des soldats, de solides alliés afin de contrecarrer les plans d’amont en aval de tout malfrat de Gotham.

Six ans d’attente entre le 2ème tome et la parution récente du dernier opus… C’est long ! Bien trop long pour bon nombre de lecteurs, désespérés de connaître la conclusion de Batman Terre-Un imaginée par Geoff Johns. Alors que le lecteur a pu jouir entretemps d’une autre œuvre de l’artiste avec la suite de Watchmen et son Doomsday Clock, voici enfin arrivée la clôture de cette saga.

Tandis que le Chevalier noir s’est précédemment lancé dans une croisade pour exterminer les nuisibles de Gotham, il envisage d’être secondé par une équipe de fidèles alliés afin d’accentuer l’impact de son travail et de redorer le prestige de la ville et de ses citoyens. Il trouve un premier associé en la personne de Killer Croc, qui, contrairement au tome précédent où il s’affrontait, le rejoint pour d’œuvrer vers des desseins communs. Un Killer Croc aussi dur qu’émouvant, notamment lorsqu’il intervient pour prendre la défense d’un pauvre chien abandonné, maltraité par des malfrats.

Plusieurs protagonistes sont mis en relief comme c’est le cas de Jessica Dent. Relativement éprouvée par son accident facial, la perte de sensibilité de son œil gauche et le port du masque recouvrant son visage, elle demeure toutefois très attirante. Dans la tourmente d’avoir également perdu son frère Harvey, mais réconfortée par l’amitié indéfectible de Bruce Wayne. Durant ces quelques pages, Geoff Johns donne la primeur aux sentiments et parvient à transmettre toute l’énergie bienfaitrice des deux amis de longue date. Toutefois, cette façade mielleuse dissimule bien des choses et le turnover final vaut agréablement le détour.

Une fin de saga qui s’affiche d’emblée comme un récit haletant et oppressant par moments. Les scènes de crime jalonnent l’action, sans pour autant se voir représentées en détail : la narration préférant jouer sur la suggestion.

Pour la partie graphique, nous retrouvons le dessinateur Gary Frank, qui orchestre le tout seul, comme c’était déjà le cas pour les deux premiers tomes de Batman Terre-Un. Il s’illustre par une capacité à servir une atmosphère crispante et une dynamique explosive des combats. Mais pas seulement puisqu’il dépeint un univers naturellement sombre où chaque protagoniste se démarque royalement. Les couleurs flamboyantes de Brad Anderson boostent le trait, et accompagnent une atmosphère noire et excitante que le lecteur savoure pleinement.

On notera les séquences d’action, ponctuelles, mais particulièrement réussies : la tension qui les anime vaut réellement le détour. Celles dessinées pleines pages projettent le lecteur dans une dynamique quasiment cinématographique.

Un récit prenant, ultra réaliste qui permet une relecture des premières années de carrière du justicier de Gotham. Le tout étoffé par un dessinateur de prestige. Certes, ce fût long mais finalement, mission accomplie !

©Gary Frank / Urban Comics