BD d’Asie

« Battle Royale » de Kôshun Takami & Masayuki Taguchi - Soleil Manga

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 16 juin 2004                      Lien  
Cette BD a fait l'objet d'un film de Kinji Fukasaku sorti en salle en France fin 2001. Un film d'emblée interdit aux moins de 16 ans. Le scénario était inspiré d'un roman de Takami Kôshun datant de 1999, aussitôt suivi de sa version manga : Dans une « république d'extrême orient », une classe de lycéens de terminale était choisie par hasard par le gouvernement et placée dans une île déserte isolée avec pour obligation de s'entre-tuer l'un et l'autre.

Chacun recevait une arme différente, terrible ou dérisoire. Un seul des joueurs pouvait s’en sortir vivant. Leur professeur, entouré d’une soldatesque armée jusqu’aux dents, suivait la progression du carnage sur un écran vidéo. Ce programme gouvernemental leur était ainsi imposé « pour leur apprendre à respecter les adultes. » Ce manga gore publié en 1999 par la revue Young Champion des éditions Kadokawa Shoten (il respecte et approfondit même le récit raconté dans le film) a dépassé très vite le cap du million d’exemplaires vendus en cumul. Le final contrarie évidemment le scénario conçu par ces tortionnaires en mal de téléréalité, mais l’argument est terrible et fait directement allusion à la philosophie qui sous-tend ces programmes ainsi que celle de certains scénarios de jeux vidéo, consomption fantasmatique et suicidaire de la loi du plus fort.

Echo de Sa Majesté des Mouches de William Golding comme du 1984 de George Orwell, cette critique de la télé et des jeux vidéo donne aux auteurs l’occasion d’exalter les valeurs traditionnelles telles qu’elles sont perçues au Japon : le courage, la solidarité, l’empathie, la responsabilité face à la lâcheté, l’indifférence et l’insouciance suscités par l’évolution de nos sociétés consuméristes. Il y a aussi, en filigrane, une révolte contre le fatalisme propre à une certaine pensée asiatique qui favorise la léthargie face aux événements, en fait la facette la plus ordinaire du conservatisme.

Ce discours raccroche le manga de Kôshun Takami et Masayuki Taguchi (un dessinateur vu sur Baron Gong Battle ) à une autre œuvre de la même trempe : le V pour Vendetta d’Alan Moore et David Lloyd. Très occidentale dans sa forme, l’œuvre du scénariste anglais est aussi très orientée vers les adultes. Battle Royale, sous ses airs de littérature de défoulement pour les ados, s’adresse à un public plus jeune, moins sophistiqué, malgré l’avertissement (qui n’apparaît qu’au tome 3 de cette version française concoctée par Soleil Manga) : « Pour public averti ».

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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