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Bella Ciao : Tre

Par Jorge Sanchez le 25 octobre 2022                      Lien  
Fin de la grande saga sur l’émigration italienne en quatre générations, Baru conclut son récit avec la touche d’humanité et d’humour qui le distingue, tout en bouclant avec adresse sa méditation sur ses “italiens” devenus français au fils des années, dans les grandes cités ouvrières du nord de la France.

Lancée en septembre 2020, la trilogie Bella Ciao raconte les histoires de vie de la communauté des italiens installés en Lorraine, proches des mines. Entre anecdotes loufoques, scénettes de repas familiaux et récits poignants, Bella ciao recouvre un peu plus d’un siècle d’histoire de l’émigration.

Ayant commencé son récit par le massacre des Italiens d’Aigues-Mortes en août 1893, Baru nous dévoile au long de ses albums les péripéties d’une communauté touchée par de rudes épisodes de discrimination et de marginalité, ainsi que de féroces divisions (telle la collaboration ou la résistance face aux nazis). Mais aussi, les instants de bonheur entre expatriés qui se retrouvaient pour parler du bled autour d’une table ou devant les jeux de cartes.

Bella Ciao : Tre
Bella Ciao : Tre

Si dans le deuxième album il avait abordé le style de vie par lequel les émigrés reconstituaient l’Italie au sein de leur communauté, le troisième volet ferme le cycle en explorant les voies par lesquelles cette émigration est devenue progressivement transparente. Avec un ton doux-amer, ponctué de petits gags, nous assistons à la disparition progressive des premiers « colons » et, plus largement, de l’univers industriel qui avait donné une aubaine à son existence.

Bella Ciao : Tre

Faisant exemple de sa maîtrise reconnue des lavis et des compositions dynamiques, l’ancien prof de sport explore la minutia des petits souvenirs d’enfance afin d’illustrer les changements graduels que cette communauté a expérimenté. Certains radicaux, comme l’arrivée de l’eau courante ou l’interdiction de parler italien dans le foyer familial et d’autres plus subtils, tels les premiers mariages en dehors de la communauté italique.

Au fil des pages l’album tisse un portrait de cette communauté, tout en posant la question, ou plutôt la réflexion, sur ce qu’advient de l’identité nationale dans une société de plus en plus métissée, avec des “origines” de plus en plus floues et difficiles à retracer.

Bella Ciao : Tre

Baru est loin d’être dupe et de se laisser adoucir par la fin bienheureuse de son récit et préfère nous secouer et nous laisser en guise de conclusion, un bref rappel sur le massacre de 1893 et le pardon accordé aux tueurs, afin de mettre l’accent sur la pérennité des idées qui ont conduit à cette tragédie. Des principes de “pureté” toujours entretenus au sein d’une partie de la France, qui a choisi de faire d’autres communautés plus récentes la cible de ses fureurs meurtrières…

Bella Ciao : Tre

(par Jorge Sanchez)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782754833776

Bella Ciao Futuropolis ✏️ Baru à partir de 13 ans Histoire chronique sociale Documentaire intimiste France
 
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4 Messages :
  • Bella Ciao : Tre
    28 octobre 2022 12:07, par PATYDOC

    Il ne s’agit pas du Nord mais de l’Est de la France ; Baru a commencé à publier dans "Le Gueulard" magazine ouvrier nancéien

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  • Bella Ciao : Tre
    31 octobre 2022 16:32, par ...

    Il ne s’agit pas de "lavis" comme vous l’écrivez, mais (très probablement) d’aquarelle. Le lavis se caractérise par la déclinaison d’une couleur unique en teintes de différentes densités, obtenues par dilution.

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    • Répondu par Flo le 1er novembre 2022 à  11:02 :

      L’aquarelle est un lavis, le lavis désigne une technique, pas un medium, l’aquarelle est une peinture au lavis.

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      • Répondu par Capitaine Kérosène le 2 novembre 2022 à  09:56 :

        Au sens strict, le lavis est une technique monochrome. Elle peut se faire à l’aide d’encre de Chine, par exemple. Mais quand il y a plusieurs couleurs, il est effectivement plus approprié de parler de technique d’aquarelle.
        Les erreurs sur les termes techniques sont très fréquents chez les critiques de BD. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils se risquent rarement à parler de dessin auquel il ne connaissent en général pas grand chose et préfèrent limiter leur texte à une interprétation intellectuelle.

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