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Benoît Brisefer, un super-héros franco-belge porté à l’écran

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 décembre 2014                      Lien  
Un super-héros au béret basque... SuperDupont? Non, Benoît Brisefer. Le petit héros créé en 1960 par Peyo, l'auteur des Schtroumpfs, est un autre de ses coups de maîtres. Une parodie franco-belge des super-héros américains, à l'instar d'Astérix.
Benoît Brisefer, un super-héros franco-belge porté à l'écran
Les éditions du Lombard viennent de republier le premier tome avec un making of en bonus.
Benoît Brisefer T1 : Les Taxis rouges - Par Peyo. Ed. Le Lombard.

En 1960 aux États-Unis, la vogue des super-héros est à bout de souffle. Trop de super en tous genres, Superman suscitant des répliques : toujours plus vite (Flash), plus haut (The Hawkman), plus profond dans les mers (Sub-Mariner), plus souple (Plastic Man), plus petit (Doll Man)... Le super passe subrepticement au diesel, en baisse de régime en raison de la promulgation du Comic Code en 1954, un "règlement interne" aux éditeurs américains installé pour éviter les lois de censure qui s’apprêtaient à se mettre en place et qui va singulièrement aseptiser les surenchères super-héroïques à la fin des années 1960. Mais sa régénérescence est en cours avec la vague des super-héros Marvel qui est précisément en train de naître à ce moment-là...

La veine parodique

En Europe, l’influence des super-héros est plus souterraine. Il ne peut en être autrement puisque la Commission de la Loi pour la protection de la jeunesse de 1949 fait ouvertement la guerre aux comics de super-héros, frappant de sa censure le rare super-héros français à succès de l’époque, Fantax de Chott, traîné devant les tribunaux entre 1955 et 1961, une suite de procès qui aboutit à la faillite de sa maison d’édition. Idem pour les proto-comics hard boiled des fascicules belges Heroïc Album qui ne purent passer la frontière belge pour venir en France. Le super-héroïsme passera, mais sur le mode parodique. Avec Astérix et sa potion magique en 1959 et avec Benoît Brisefer en 1960.

L’intention parodique de Benoît Brisefer est patente : c’est un Superman de dix ans, portant béret pour que l’on soit bien sûr qu’il n’est pas américain. Comme Superman, il est très fort : il porte les automobiles, fait des bonds énormes, et rudoie les méchants. Mais sa kryptonite à lui est bien plus commune que le minerai extraterrestre : un simple rhume réduit à rien son super-pouvoir.

C’est génial : après avoir créé une bande dessinée qui fait la multitude avec un seul personnage (Les Schtroumpfs), Peyo invente un héros dont la faiblesse est commune à tous les lecteurs de France et de Navarre, lesquels passent leur grippe au lit à lire le Journal de Spirou ! Peyo, c’est le génie des idées simples.

Le film des Taxis Rouges : Benoît Brisefer est joué par Léopold Huet, Jules Dusifflard par Gérard Jugnot et l’infâme Poilonez par Jean Reno.
Photo : © Nicolas Reitzaum - © The Walt Disney Company France

Une série secondaire

Paraissant en juin 1960 dans l’hebdomadaire de la bonne humeur, la série Benoît Brisefer apparaît deux ans après la première apparition des lutins bleus et va très vite se retrouver sous leur éteignoir. Sept albums paraissent sporadiquement entre 1962 et 1978. Puis, après une interruption de quinze ans, sept autres nouveautés paraissent entre 1993 et 2004. Peyo n’a jamais pu s’y atteler seul, contrairement aux premiers Johan & Pirlouit.

Cette existence à la remorque du grand succès mondial des Schtroumpfs n’empêche pas le petit héros de conserver sa place dans le cœur et dans la mémoire des jeunes lecteurs. À la recherche d’idées en direction des jeunes spectateurs (après les succès du Petit Nicolas, de L’Élève Ducobu, des Profs, de Boule & Bill...), les producteurs jettent leur dévolu sur le petit Benoît. Le succès des précédents films permet de se tailler un casting de rêve : Gérard Jugnot, Jean Reno, Thierry Lhermitte, Hippolyte Girardot, Evelyne Buyle... Les grands acteurs français ne rechignent plus d’apparaître dans des comédies pour la jeunesse.

Le film se montre fidèle à la bande dessinée, y compris dans la description de la petite ville de province sans âge mise sous la coupe réglée d’une bande mafieuse de taxis rouges. Au temps des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) et de UberPop, tout cela est délicieusement désuet et constituera un excellent divertissement familial pour les fêtes.

Bien entendu, les éditions du Lombard, actuel éditeur de Benoît Brisefer, rééditent l’album avec un cahier documentaire supplémentaire faisant référence au film. On aurait préféré une édition imprimée sur un papier de meilleure qualité, voire agrémentée d’un cahier supplémentaire de documents inédits : scénario, crayonné, essais de planche. L’éditeur devait sans doute être enrhumé...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

- Le film est en salle à partir du 17 décembre 2014.

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© IMPS - Le Lombard

 
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