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Benoît Sokal : La BD et le jeu vidéo comme véhicules d’émotion.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 mai 2004                      Lien  
{De la bande dessinée au jeu vidéo} était le sous-titre de [l'exposition organisée par la Ville de Reims->http://www.actuabd.com/breve.php3?id_breve=633] en hommage à Benoît Sokal, le créateur de {Canardo} (Casterman). La formule résume parfaitement la carrière de cet auteur qui créa le Marlowe palmipède à l'âge de vingt ans avant d'aborder, en 1999, le monde du jeu vidéo, avec {L'Amerzone}, une création sur PC qui obtint cette année-là le prix Pixel-Ina (catégorie jeu) au Festival Imagina de Monaco.

Né en 1954, Sokal a vingt ans quand il décroche son diplôme de l’école de BD de Saint-Luc à Bruxelles où il a comme professeurs Claude Renard et François Schuiten. Du premier, il retient le sens de l’emphase et du panache ; du second, il conserve le goût de la belle image et des constructions monumentales propres à développer des histoires fantastiques. Mais face à cette influence académique, Sokal secrète son antidote : une espèce de cynisme décapant qui permet à ses personnages de prendre de la distance face à l’absurdité de la vie quotidienne. Canardo, dont il publie les premières pages dans (A Suivre) en 1978, en est l’incarnation. Aujourd’hui, Sokal vit à Reims avec sa femme et ses deux enfants, c’est pourquoi la ville de Rémus lui a rendu hommage. Alors qu’il approche ses trente ans de carrière, il était en effet nécessaire de lui donner le coup de chapeau. En Janus créatif, Sokal mène de front la bande dessinée dont le dernier album Canardo : Marée Noire (Casterman) vient de sortir en librairie et une production de game designer et de créateur de jeu vidéo pour la société Microïds dont il est le directeur artistique et chez qui il édite le 6 mai 2004 Syberia II ( sur PC, Playstation et X-Box), le deuxième volet d’un jeu d’aventure dont le premier opus a reçu de nombreuses récompenses internationales, sollicité aussi bien par la critique que par le public.

Benoît Sokal : La BD et le jeu vidéo comme véhicules d'émotion.
Marée Noire
la nouvelle aventure de Canardo (Casterman).

Marée Noire est un album parfaitement représentatif d’une tradition de la BD belge : celle d’être le témoin de son époque. Avec son argument central (un groupe de terroristes fait un chantage à la catastrophe écologique et exige qu’on lui remette un dictateur en fin de vie en train de se faire soigner dans une clinique française), elle mobilise les thèmes qui font aujourd’hui l’actualité des Français. Canardo y apporte sa touche, littéralement la clope au bec, aussi cynique que peuvent l’être ses employeurs et toujours aussi peu enclin à se laisser entreprendre par quelque idéologie que ce soit. « Tu n’es pas un ami du peuple  » lui rétorque Carmen, une femme envoûtante qu’il a croisée naguère en Amerzone. De fait, le palmipède en imper navigue à vue entre ses scrupules et ses intérêts.

Le premier auteur de BD à concevoir, développer puis superviser un jeu vidéo.

Quand il crée le jeu Amerzone le 25 mars 1999, Sokal prend le contre-pied de ses petits camarades de la BD. Ceux-ci craignent le monde du jeu vidéo : il va détourner les lecteurs de nos livres, pensent-ils. Sokal ne suit pas cette analyse. Considérant les promesses de cet univers, il relève plutôt le défi. De plus, il est attiré par ce travail d’équipe (comme ses collaborateurs ont vingt ans de moins que lui ; on comprend dès lors pourquoi ils se sentent concernés par une histoire de mammouths en hibernation), il est, depuis deux décades, vissé à sa planche à dessin. Ayant tâté de cette industrie nouvelle en collaborant avec Philippe Druillet pour le graphic design de « The Ring  », il convainc Casterman de se joindre à Arxel-Tribes dans une première aventure qui est l’adaptation de sa BD Amerzone, un épisode parmi les plus brillants des aventures de Canardo. Il utilise sa connaissance de l’évolution de la BD, passée récemment de la littérature pour enfants à l’expression adulte, pour l’appliquer aux jeux vidéo, alors en pleine révolution. Son originalité est d’y introduire du sens, des idées et des émotions un peu plus complexes que celles alors en vogue sur les PC et les consoles. Mieux : Il aborde le jeu vidéo en tant qu’artiste. Le résultat ne se fait pas attendre : c’est un carton.

Syberia II
Le nouveau jeu de Sokal qui sort le 6 mai (Microïds).

Il persévère ensuite avec Syberia qui lui donne une reconnaissance internationale. Le deuxième volet de ce jeu, Syberia II, sort ces jours-ci chez Microïds. L’histoire n’a cette fois rien à voir avec celle de Canardo. Elle a pour personnage principal une avocate américaine nommée Kate Walker en mission à Valadilène, un petit village lové au cœur des Alpes Françaises, pour racheter une usine d’automates qui avait fait autrefois la renommée de la vallée. A son arrivée, l’avocate assiste à l’enterrement d’Anna Voralberg, la propriétaire de l’usine... L’aventure peut commencer. Il n’y aura pas de troisième volet à Syberia, Sokal l’a déjà annoncé urbi et orbi. Mais il n’exclut pas une suite aux aventures de Kate Walker. Une suite sous la forme d’une BD ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photo en médaillon : Benoît Sokal par D. Pasamonik

 
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