Jean Tulard le faisait remarquer lors de son intervention sur la Scène BD Manga de Livre Paris : jamais autant d’ouvrages ne sont parus sur Napoléon. À fortiori en bande dessinée puisque le grand historien contribue lui-même à une bande dessinée sur l’empereur chez Glénat.
Mais la version de Patrick Rimbaud chez Dupuis ne démérite pas non plus. De l’épopée napoléonienne, elle retient le souffle épique fait d’arrogance et d’enthousiasme. L’empereur n’écoute plus que lui-même, ivre de sa propre propagande, écartant les conseils de prudence de ses généraux, négligeant les informations de ses conseillers, de ses diplomates. Trafalgar n’a pas servi de leçon. Il devrait savoir qu’il n’est pas invincible.
La victoire est pourtant là, à portée de sabre. L’Empereur entre dans Moscou. Mais il n’y reste personne. Alexandre est parti, et les habitants de Moscou avec lui, ne laissant rien qui puisse ravitailler la Grande Armée. Stupéfaction. Soudain, le feu surgit, Moscou est en flammes. C’était une ruse. "Il me vole ma victoire !" peste l’empereur. Il ne croit pas si bien dire...
Le dessin délicat d’Ivan Gil, comme l’excellent script de Frédéric Richaud et de Patrick Rambaut, que l’on avait déjà vus à l’œuvre sur La Bataille, le précédent triptyque du trio, fait toujours autant merveille. Toute l’imagerie napoléonienne se déploie là, sous nos yeux, en technicolor. On s’attache d’emblée aux personnages habilement amenés dans une fresque grandiose, avec ses curiosités, comme cette troupe de comédiens français laissés dans Moscou désertée et qui donnent toute la dimension burlesque à cette étrange équipée.
On commence par la farce, la tragédie est pour bientôt.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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