Même s’il est ouvertement adressé à un jeune public, Berthile et le monde sans espoir surprend par son approche poétique et philosophique, rappelant Saint-Exupéry.
« Comment en sommes-nous arrivés là ? » questionne l’histoire, dans laquelle une petite fille survit alors que les hommes ont disparu, victimes de leur propre course à la destruction. Seuls les animaux ont survécu à l’Armageddon, mais à peine ont-ils acquis une conscience qu’ils se livrent une guerre sans merci et disparaissent à leur tour. Deux factions, les ours et les corbeaux, bataillent sur la Terre devenue un no man’s land.
Une petite fille, Berthile, a miraculeusement subsisté dans ce chaos. Elle ambitionne de récupérer des plumes pour s’envoler, aidée par un ourson du nom d’Hercule. Leur entraide va se muer en amitié, alors que tout semble les séparer.
Ce drôle de postulat n’est qu’après tout une porte sur un monde surréaliste, une histoire d’apprentissage par l’amitié et le respect, à travers ces yeux immaculés, dans un monde entaché par la haine. Les dessins pétillent de couleurs qui se rapprochent du manga, tandis que des éléments de récits de super-héros construisent une ambiance proche des comics modernes. Tout cela est assumé et ne nuit pas à l’homogénéité graphique, un amas de pop culture bien digérée.
En dépit de ses 148 pages, on ne perd pas une miette des splendides dessins, parfois explosifs et parfois d’une abstraction onirique. Les différents propos étalés semblent en revanche un peu confus, le fatras de mélanges stylistiques n’aidant pas bien à comprendre le lien entre les différents événements. Il est normal et sain de ne pas tout expliquer, mais l’ensemble ressemble davantage à une introduction qu’à une histoire achevée.
(par Auxence DELION)
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Berthile et le monde sans espoir. Par Maurizia Rubino (scénario et dessin). Éditions Aventuriers de l’Étrange. Sortie le 27 août 2021. 21 x 29 cm. 148 pages. 23 €.