Didier Pasamonik :
On me fait souvent passer pour un polémiste. Argument facile pour ceux qui n’aiment pas affronter le débat. Cette année encore, j’ai été particulièrement incisif sur les prix d’Angoulême toujours aussi incompréhensibles, sur le Spirou de Lewis Trondheim et Fabrice Parme, qui selon moi dévoie graphiquement le Groom ; sur les propos de Jean-Christophe Menu en juillet qui a l’habitude de réécrire l’histoire à son profit ; sur le numérique, Eldorado pour les uns, piège à cons pour les autres ; sur une prétendue bio de Nietzsche par Onfray qui tenait de l’imagerie saint-sulpicienne ; sur le passé collaborationniste d’Hergé … Soit quelques sujets seulement sur près de 180 articles que j’ai pu signer pour ActuaBD cette année (je ne compte pas les brèves).
Évidemment, on ne retient que ceux-là. On a l’impression dans les reproches qui nous sont faits (je parle là d’ActuaBD), que l’on attend de nous une attitude neutre, sans saveur, sans engagement, ni parti-pris. Ce n’est pas notre idée de l’actualité. Si un sujet mérite une discussion, voire une dispute, parlons-en. Cela montre que la BD est un élément central dans notre culture aujourd’hui. Comme disait Morris en précurseur dans une interview au journal La Vie catholique en décembre 1966 : « La bande dessinée, c’est un art de vivre ».
ActuaBD plus rapide
Ce qui nous importe, c’est d’apporter à nos lecteurs une information régulière, complète et qualifiée sur le monde de la bande dessinée. Un exercice très frustrant car, avec 5000 nouveautés publiées par an, il est impossible d’embrasser seul cette masse d’informations. Heureusement, l’équipe d’ActuaBD est là pour y pourvoir (insuffisamment à notre goût) et elle s’est encore enrichie de nouvelles plumes de qualité cette année. Le Conseil de Rédaction –c’est-à-dire ceux qui ont la haute-main sur le contenu d’ActuaBD- est passé à 7 membres cette année. Notre équipe bénévole est d’ailleurs toujours prête à accueillir de nouvelles plumes...
Le fait marquant pour ActuaBD cette année a été sa migration sur un nouveau serveur. Vous l’avez constaté, la lecture d’ActuaBD est beaucoup plus rapide depuis un mois. L’importance de notre audience nous a obligés à changer d’hébergeur. On a d’ailleurs eu chaud : le jour-même où nous migrions vers le nouveau serveur, nous découvrions que notre hébergeur était aussi celui de… Wikileaks ! Nous nous voyions déjà assaillis de cyber-hackeurs, bras armés de gouvernements en furie. Mais rien de tout cela ne s’est passé. Tout va bien.
Cette avancée technique est le début d’une évolution qui se remarque aussi par la présence régulière de publicités dans nos pages. Nous évoluons, nous allons encore évoluer. Vous verrez arriver cette année de nouvelles fonctionnalités, un léger relookage aussi. Mais comme dirait le grand timonier, nous marchons sur nos deux jambes : chaque chose en son temps.
N’hésitez pas à nous faire parvenir vos suggestions et vos encouragements. Notre plus belle aventure et notre plus beau souvenir, c’est vous.
Marianne St Jacques : le comic strip à la une
Genre traditionnellement anglo-saxon, le comic strip reste l’une des principales formes de BD en Amérique du Nord. Aussi, en tant que francophone du Nouveau Monde, mon intérêt pour la bande dessinée me vient autant de la tradition franco-belge (Astérix, Lucky Luke, Spirou) que des strips lus quotidiennement dans les journaux de langue anglaise (Peanuts, Garfield, Blondie, Hagar the Horrible, pour ne nommer que quelques classiques du genre).
Aussi, c’est toujours un plaisir pour moi d’aborder l’actualité qui touche ce genre particulier. À cet égard, l’année 2010 aura été particulièrement riche. Tandis que Garry Trudeau a célébré le 40e anniversaire de Doonesbury, l’une des plus grandes séries de satire politique américaine (anniversaire marqué par la publication d’une anthologie rétrospective de luxe), un autre monument du strip, le feuilleton Little Orphan Annie (Annie la petite orpheline) de Harold Gray a cessé de paraître après plus de 85 ans d’existence.
J’ai également eu la chance de publier cette interview avec Lynn Johnston, que l’on surnomme « la grande dame de la bande dessinée canadienne ». Cartoonist chevronnée, Johnston a publié pendant plus de vingt ans For better or for worse, strip dont le succès lui a valu le prestigieux Reuben Award en 1986. L’année 2010 se termine d’ailleurs par la publication d’une nouvelle anthologie de FBOFW (intitulée Something old, something new, Andrews MacMeel Publishing), dont je vous parlerai sous peu.
Morgan Di Salvia : des albums inventifs … et une pensée pour Geerts
De 2010 je me souviendrai de beaucoup de livres anglo-saxons : Asterios Polyp de David Mazzucchelli, Toxic de Charles Burns, Dungeon Quest de Joe Daly, qui m’ont, chacun à leur manière, impressionné par leur inventivité, par leur virtuosité, par cette qualité rare qui fait que ces histoires ne peuvent, à mon avis, pas exister autrement qu’en bande dessinée. Mais je garderai également en mémoire une histoire d’amour racontée par Manuele Fior dans Cinq mille kilomètres par seconde : un album sur les choix de la vie, sur pourquoi et comment une amie d’enfance devient la mère de vos enfants, ou une rencontre de voyage vous quitte définitivement en plein milieu d’un carrefour.
Et puis, comment ne pas penser à ce magnifique Mamy Blues de Geerts & Salma, l’album qui restera le dernier de la série Jojo. Un livre qui raconte l’attachement familial et la peur de perdre un être cher avec une justesse exceptionnelle. Je n’avais jamais rencontré André Geerts, mais je suis de ceux à qui son talent manque déjà beaucoup.
François Boudet
Ma présence sur ActuaBD cette année a été plutôt discrète... J’ai tout de même interviewé quelques nouveaux jeunes auteurs intéressants : Loïc Saulin & Jérôme Farrugia pour A bas les hommes-pigeons !, Nicolas Dandois pour Napoléon, Robin Walter pour KZ Dora... Ils ont en commun d’être talentueux, de dénoncer les travers de nos sociétés, et d’être très sympa. Des nouveaux talents à suivre de très près... L’album KZ Dora de Robin est très touchant. J’ai ainsi eu l’occasion de filmer l’auteur lors d’une conférence à un colloque à la bibliothèque Nationale de France qui a eu lieu le 6 mai 2010. Robin est quelqu’un de profond et de sincère, et c’est un plaisir pour moi de le connaitre. Idem pour Nicolas Dandois, Loïc Saulin et Jérôme Farrugia...
Du côté de la BD érotique, un (autre) genre de BD que j’apprécie (allez savoir pourquoi !), nous avons noté cette année la confirmation du regain d’intérêt des éditeurs avec même de nouveaux venus sur ce secteur comme Jean-Frédéric Minéry avec les éditions Ange et sa collection Sexy bulles, que j’ai interviewé pour ActuaBD... J’espère que ces interviews vous sont instructives... J-F. Minéry est également quelqu’un de sympathique et chaleureux.
Quand on dit BD érotiques et ActuaBD, on pense forcément à "Pincemi", cet internaute qui vient régulièrement nous rendre visite et discourir dans les forums... Pour ceux qui se demandent : "Mais qui est-t-il donc ce "François Pincemi" alias encore "Oncle François"... ?" Eh bien, non, ce n’est pas moi !! C’est vrai que j’apprécie ce genre de bandes dessinées mais de mon côté je ne drague pas encore les dessinatrices en festivals, moi !... Non mais !
Un mot pour finir, côté comics, j’ai apprécié également cette année la réédition chez Delcourt/Atlas de la première série Star Wars en comics, parue initialement en 1977 chez Marvel... On ne parle pas beaucoup, pas assez, du patrimoine de la BD, que ce soit celui des comics, celui de la BD européenne, ou des mangas... Mais tout de même, à noter également la réédition (tant attendue) en français de "Terry et les Pirates" dont il a été question sur ActuaBD cette année !...
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion