En 1966, l’éditeur James Warren, créateur de Warren Publishing, réputé pour ses comics d’horreur Creepy, Eerie décide de diversifier son offre. Il lance Blazing Combat, un magazine de comics de guerre sur le modèle de ceux publiés par EC Comics (Two-fisted Tales, Frontline Combat). Pour ce faire, il s’entoure des pointures de l’époque : Archie Goodwin pour les scénarios tandis que pour les dessins, il recrute rien moins que Frank Frazetta, Wally Wood, John Severin, Alex Toth… Excusez du peu !
Le contexte de l’après-guerre s’y prête : anciens -pas si vieux- combattants et jeunes admiratifs d’exploits héroïques sont la clientèle ciblée, essentiellement des jeunes garçons. Le succès commercial se fait tout de suite ressentir mais les affaires se compliquent pour Blazing Combat dès la parution du deuxième numéro et en particulier de l’histoire intitulée Paysage. En plus d’être jugée anti-guerre par l’American Legion (association des anciens combattants), le magazine ne remplit pas les critères du Comics Code Authority, sorte d’autocensure instituée par les éditeurs de comics pour permettre la distribution de leurs œuvres sans que l’Etat se mêle de leurs affaires. Face au retrait progressif de douze distributeurs (hégémoniques à ce moment) aux U.S.A., Warren Publishing est contraint de stopper la production de son magazine Blazing Combat pour se concentrer sur ses récits d’horreur.
Cette anthologie nous propose de découvrir ou redécouvrir l’intégralité des histoires publiées dans les quatre numéros de Blazing Combat. Grâce au facsimilé travaillé directement sur les films d’impressions originaux, 29 histoires en noir et blanc montrant la réalité de la guerre, la banalité et l’humanité des soldats, la futilité de la guerre, les dégâts des combats armés… quelques années avant que les mouvements de contestation ne s’emparent de la partie occidentale du globe.
Les histoires prennent comme décor les deux Guerres mondiales, la guerre américaine d’Indépendance ou encore la Guerre du Vietnam. Les dessins réalistes et poignants développent un narratif typique des comics de guerre des années 1960 mettant en avant l’héroïsme des soldats Mais ici, les textes d’Archie Goodwin dépeignent une guerre vraie, implacable, meurtrière, sans héros, ni valeureux guerrier.
Blazing Combat retrace donc un pan méconnu de l’histoire des comics de guerre anglophones, cinq ans avant que les mouvements de contestations de la Guerre du Vietnam ne jettent des milliers jeunes gens dans la rue.
(par Kelian NGUYEN)
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