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"Bloodshot" : faux départ pour le "Valiant Cinematic Universe" de Sony

Par Jaime Bonkowski de Passos le 14 août 2020                      Lien  
Attendu depuis 2012 comme un potentiel concurrent à Marvel, sans cesse repoussé depuis, voilà enfin "Bloodshot", le premier volet du nouvel univers étendu de super-héros de Sony mettant à l'honneur les encapés de Valiant Comics. Verdict ?

Premier né de la nouvelle licence Sony centrée sur les héros de Valiant Comics, Bloodshot est ce qu’on pourrait appeler un accouchement dans la douleur. On retrouve les premières traces d’un "Valiant Cinematic Universe" dès 2012 dans les cartons de Columbia Pictures (filiale de Sony). Le projet est alors de créer un univers connecté adaptant les héros de Valiant Comics sur le modèle de Marvel ou de DC Comics. Rappelons qu’en 2012, Iron Man est sorti depuis quatre ans, et Avengers ravage le box office, préfigurant l’hégémonie des supers-héros au cinéma des dix années suivantes. Toutes les maisons de production cherchent alors "leurs" Avengers et se tournent vers les comics pas encore exploités au cinéma.

Le studio prévoit alors cinq films mettant en scène les plus grands héros de l’éditeur, avec un premier centré sur Harbinger, suivi d’un second sur Bloodhshot, et un troisième réunissant les deux dans un crossover explosif.

"Bloodshot" : faux départ pour le "Valiant Cinematic Universe" de Sony
© Valiant Comics.

Mais de complications en faux-pas, le projet est sans cesse repoussé, annulé, les producteurs changent, reviennent, repartent, et ce n’est qu’en 2018 que démarre le tournage de Bloodhsot, qui sera finalement le premier de la licence. On retrouve Dave Wilson à la réalisation avec Vin Diesel dans le rôle-titre. Le film sort finalement aux États-Unis le 13 mars 2020 soit... Quelques jours avant le début de l’épidémie de Coronavirus ! En urgence, le studio annonce donc le retrait du film des salles de cinéma et sa sortie en VOD notamment sur YouTube et sur Prime Video. C’est ce qu’on appelle un mauvais coup du sort !

C’est d’autant plus regrettable que nonobstant l’épidémie, le film aurait pu remporter un certain succès au box office en se plaçant dans le créneau "film bourrin à voir entre potes". Sa sortie a malheureusement été complètement éclipsée par l’actualité mondiale, pas vraiment centrée sur les nouveautés cinématographiques, et on devine aisément qu’il n’a pas du tout été rentable pour le studio. Une autre victime du Covid-19...

Le film raconte l’histoire de Ray Garrison, marine d’élite qui, assassiné suite à une mission top secrète, revient à la vie grâce à l’intervention de RST, une entreprise de technologie militaire. En lui injectant des nanites, sortes de minis-robots, dans le sang, le voilà devenu une véritable machine à tuer, invincible à la force surhumaine ; pouvant guérir quasi-instantanément de toutes ses blessures. Mais le coût à payer pour cette nouvelle renaissance est sa mémoire : il n’a plus aucun souvenir de son ancienne vie...

En quête d’identité, il se confronte à une série d’ennemis mettant à l’épreuve ses capacités, et il est surtout amené à découvrir la vérité sur RST et sur lui-même...

Disons le tout net : Bloodshot est loin d’être parfait. La principale faiblesse du film repose sur son manque d’ambition. Sans chercher à être plus qu’un simple divertissement bas de plafond, le film manque l’opportunité de s’interroger sur des questions intéressantes comme les limites des technologies militaires, la quête de l’identité, le rapport à la mémoire... Autant d’enjeux bien présents dans le film mais qui sont à peine survolés et qui auraient donné bien de la profondeur au récit sans en gâcher la dimension "bourrine". Les dialogues sont, en outre, très artificiels, et donnent beaucoup trop dans l’exposition.

En dehors de cela, le film est relativement bon. Les scènes d’action sont souvent réussies, particulièrement la dernière avec un ascenseur en chute libre, et toutes les séquences avec les nanites sont plutôt inventives. Doté d’un gros budget, le réalisateur a cependant abusé d’effets de ralentis, clichés au possible.

Ray en pleine "reconstruction" par ses nanites.
© Sony Pictures.

Vin Diesel n’a plus rien à prouver dans le genre "gros muscles-gros flingues", et s’il ne partage que deux ou trois émotions sur l’ensemble du film, on n’en attendait pas forcément plus de lui. Guy Pearce, l’autre tête d’affiche, incarne le "grand méchant" du film avec un certain talent, sans en faire des tonnes non plus. Il s’en sort bien avec un personnage au final pas si bien écrit et effroyablement archétypal.

Mention spéciale pour Lamorne Morris qui incarne le hacker Wigans, et qui parvient en quelques répliques à conquérir le spectateur. Le duo qu’il forme avec Vin Diesel fonctionne du feu de dieu, on regrette juste de ne pas le voir plus souvent à l’écran.

Harting (Guy Pearce) face à Ray (Vin Diesel).
© Sony Pictures.

Quant à l’histoire, si elle nous réserve quelques bons twists (que les connaisseurs du comics verront venir), elle reste assez banale. On est sur du très classique "gentil contre méchant". Mais, et c’est une chose assez rare pour être mentionnée, les enjeux tournent uniquement autour du héros et pas pour une "cause supérieure". On a été habitués, surtout ces dernières années, à voir des super-héros affronter des créatures divines pour sauver l’univers, des scientifiques fous voulant détruire le monde... Il s’agit là toutefois du seul point original du script.

Notre principal regret réside dans la sous-exploitation évidente du matériau d’origine. Sony a avant tout voulu produire un film tout public, avec un héros qui ne l’est pas du tout. Résultat : Ray a la capacité d’atomiser littéralement ses ennemis, de les hacher menu, de les déchirer et il se contente à la place de leur envoyer quelques coups de poings. Pas d’effusions de sang, pas d’ultra-violence : voilà qui est risible pour un film intitulé Bloodhsot.

Plantage relatif donc pour un film qui aurait pu rencontrer un succès en salle, à défaut de conquérir les critiques (1,5/5 étoiles seulement sur Allo-Ciné). Sony devra s’en contenter, reste à voir si cet échec signera la fin du "Valiant Universe"...

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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