Embarqué par un copain dans un club de jazz à la fin du collège, Dai se prend de passion pour cette musique chaude, puissante et envoûtante. Et durant tout le lycée, le garçon répète, inlassablement, en autodidacte, sur un saxophone ténor, usant anche sur anche. Au point de vouloir en faire son métier.
Récit de passion et récit de musique, Blue Giant progresse par le biais d’un savant montage narratif. Shinichi Ishizuka aterne ainsi différents moments de la vie de son héros et cherche à produire, par certains effets de mises en scène, une fiction de documentaire. Des gens qui ont côtoyé au temps de sa jeunesse la légende qu’est devenu Dai en parlent. Une façon de construire une mythologie autour d’un héros qui se sera hissé au sommet de son art par la seule force de ses convictions et de son abnégation.
Mais le véritable tour de force de Blue Giant réside dans l’intensité qui se dégage du manga. La puissance du jazz de Dai, atypique voire dissonant, emplit littéralement les planches de Shinichi Ishizuka. Une gageure, tant la musique demeure un défi pour le dessin. Le mangaka qui avait déjà impressionné avec Vertical confirme là toute l’étendue son talent. A écouter avec les yeux !
(par Aurélien Pigeat)
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