Bo Doï n°109 : Un boucan d’enfer !

Musique et BD ont souvent croisé leur route et leur public. BoDoï a choisi d’en examiner les relations passionnées et passionnantes en sollicitant quelques personnalités concernées. Des souvenirs de Jean Pierre Dionnet (ex-fondateur de Métal hurlant) à la démarche très originale des éditions Nocturne (qui proposent une collection associant CD et biographie dessinée) en passant par les avis de Zep, ( Dans l’enfer des concerts ), de Loustal (plus jazzy avec la note bleue) ou encore de Luz très féroce sur la chanson française rien de ce qui « sonorise » nos bulles n’est laissé au hasard dans ce dossier complet et plutôt bien fait. Une enquête à ne pas passer sous silence !

Boucan d’enfer, cette expression n’était sans doute pas de mise en 1914 bien que correspondant sans doute à ce que subissaient alors certains poilus. Gibrat situe le début de sa nouvelle série Mattéo dans l’enfer des tranchées. L’événement sert de prétexte à une rencontre où l’auteur du Sursis nous dévoile son nouveau projet, dont la sortie du premier des quatre volumes est annoncé chez Futuropolis pour la rentrée. Nul doute que cela fera grand bruit !

Loin des décibels assourdissants des concerts, François Schuiten a l’honneur des pages du magazine à l’occasion de la sortie du nouvel opus des Cités obscures : la théorie du grain de sable, une opportunité pour l’auteur de faire le point sur un travail entamé en 1983.

L’enfer c’est aussi ce qui caractérise deux des prépublications présentées ce mois ci. Avec le troisième épisode de Haute Sécurité la tension est à son comble dans une série qui s’efforce de nous dépeindre au plus près le réalisme froid et dur de l’enfer carcéral. Si cette chronique pénitentiaire provoque l’intérêt par son intrigue fidèle aux lois du genre (meurtre, huis clos, violence…) elle déçoit un peu par le manque d’épaisseur des personnages.

Annoncée pour la rentrée, la publication de la série les enfers de Serpieri et Dufaux fera sûrement du bruit. Dans un décor vénitien vieillissant, baroque peuplé d’anges et de milices fascistes Saria, conviée au chevet de son père, un puissant doge de la cité, se retrouve en possession de clés qui donnent accès à la porte de l’Ange, qui conduit au paradis et à la puissance suprême. Bien entendu, ceci excite les appétits de personnages peu recommandables comme Galadriel, sorte d’ange exterminateur au look légèrement "destroy » ou encore les Fasci du Duc, sortes de miliciens brutaux d’aspect très mussolinien. Six ans après sa fuite Saria remet les pieds dans ce Venise baroque et délabré…

On l’aura compris cette nouvelle série met en scène différents thèmes chers aux deux auteurs : Italie, fascisme, histoire et religion…autant d’ingrédients qui devraient en faire l’un des événements par lesquels les éditions Robert Laffont entendent s’installer dans le paysage de la BD francophone.

Éloigné de Schuiten par son style, le premier épisode de la série Murailles semble adopter un nouveau rythme, cette histoire qui mêle architecture, utopie politique et aventure suscitent l’intérêt par une mise en place progressive d’une intrigue bien maîtrisée.

Au final, ce numéro reste de facture aussi classique dans son contenu que dans sa forme, les lecteurs assidus ou gourmands pourront en compléter la lecture avec le désormais traditionnel hors-série, spécial été également en kiosque afin de patienter jusqu’en septembre !