BoDoï n°100

On a tous un peu oublié, que c’est en octobre 1997 qu’est paru le premier numéro de cette revue disponible dans les kiosques tous les mois, auxquels s’ajoutent quelques hors-série souvent dignes d’intérêt.

Depuis, BoDoï est resté globalement fidèle à ses origines : pré-publications de séries ( 3 ou 4 au maximum), interviews généreuses des célébrités de la BD (de Van Hamme dès le n°1 à Christin, pour le merveilleux long voyage de Léna), une multitude de petites infos et annonces,... les évolutions se sont limitées à une maquette plutôt sage tout en restant fidèle aux choix initiaux qui en ont sans doute fait le succès.

Cela n’empêche pas, pour autant,les rédacteurs de bousculer les traditions ou les idées reçues, et d’emprunter quelques chemins de traverse.
Avec ce centième, l’occasion était belle, d’aller au delà du simple regard dans le rétroviseur, et c’est pourquoi, BoDoï a choisi, en ces temps, de parité (!) de donner la paroles aux femmes ! Ainsi les interviews des compagnes des principaux dessinateurs qui ont fréquenté la revue , figurent parmi les meilleures pages de ce numéro spécial.
Si on a souvent glosé sur les femmes de marins, on l’avait peu fait à propos de celles des dessinateurs Le sujet évite les écueils du "BD people" tout en éclairant parfois sous un jour inattendu, la personnalité de nos auteurs préférés. C’est ainsi qu’on apprendra que Tardi écrit des chansons, qu’Hermann "scénarise en dormant", ou moins étonnant (?) que Zep a une passion pour les coussins péteurs ! Détail amusant : chacun d’entre eux a réussi , au cours de sa carrière à placer son épouse, au moins une fois, quelque part dans un de ses albums. Des cases à regarder attentivement. Au delà l’anecdote ces instantanés savoureux inédits nous rappellent aussi que les dessinateurs sont des gens plutôt ordinaires (enfin presque tous), le talent en plus !

Dans le même esprit, on découvrira aussi les "cartes blanches" d’auteurs, ou de scénaristes, quatre pages où ils "se lâchent" avec humour et dérision, à savourer sans retenue !

Au niveau éditorial, on appréciera les interviews de Raymond Leblanc (pour son livre consacré au journal de Tintin) et Moebius à propos de Nausicaa, qui au passage nous reparle d’un projet autour de Blueberry.
S’agit -il d’une coïncidence ? La série Thorgal, déjà présente dès le premier numéro, redécolle dans les pages de ce centième, Rosinski y réaffirme sa passion pour la couleur directe. Vient ensuite le second épisode de Grand Siècle série "historique à suspens" au graphisme solide et aux couleurs flamboyantes, d’un nouveau venu, dont on risque de reparler : Simon Andriveau. Le second tome des Cyclopes de Jacamon et Matz trouve ici sa conclusion provisoire, science-fiction et actualité se percutent avec pertinence dans cette série toujours aussi prometteuse dans ce second opus.
Dernière surprise de ce numéro, la couverture peut paraître un peu énigmatique à certains lecteurs... Nicolas Pothier semble jeter le masque ? Le pinailleur, rédacteur de la rubrique emblématique éponyme et le scénariste de l’excellent "Ratafia" ne feraient-ils qu’un ? L’indice est donné en couverture de ce numéro.

Au final, un "centenaire" qui se porte plutôt bien et qui, au fil du temps, a su non seulement trouver sa place au creux des kiosques mais aussi durer, précieux privilège dans le contexte actuel des revues de BD généralistes.