Actualité

Books : Un autre regard sur la bande dessinée

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 mars 2010                      Lien  
La très sérieuse revue littéraire Books vient de lancer un hors-série sur la BD à l’occasion su Salon du Livre. L’occasion de faire un tour du monde du neuvième art…

Books a été créé en novembre 2008 au moment précis où la crise économique déboulait. La profession de foi de son fondateur Olivier Postel-Vinay est claire : « L’objectif était de faire un magazine à contre-courant. Alors que la tendance générale est au zapping, à la lecture cursive, au picorage, l’idée était de proposer un magazine de lecture lente, de lecture longue, de lecture approfondie, permettant de donner un éclairage nouveau sur les grands sujets et sur les livres qui sortent de par le monde  ». Le mensuel en est au numéro 13 et les ventes varient entre 15 et 20.000 exemplaires selon les numéros et en comptant les ventes à l’étranger auxquelles il faut ajouter 5.000 abonnés. « Notre ADN est constitué d’articles publiés sur les livres à travers le monde. Nous avons trouvé intéressant de faire un numéro sur la BD car ce genre de compilation, à ma connaissance, est inédit. Il y a eu plein de numéros spéciaux sur la BD, jamais une réunion d’articles venus de partout dans le monde présentant des commentaires, des analyses sur la BD qui ne sont pas connus en France. »

Books : Un autre regard sur la bande dessinée
Olivier Postel-Vinay, le fondateur de Books
Photo : D. Pasamonik (L’agence BD).

« On avait envie de faire la fête !, nous raconte Suzi Vieira, coordinatrice de ce numéro, L’idée est venue d’une lacune au départ parce que, dans Books, on avait du mal à couvrir la bande dessinée et l’on avait très peu parce que nous sommes dépendants des articles qui paraissent dans la presse étrangère et la bande dessinée est, il faut le dire, est assez peu couverte dans les grands médias internationaux, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou ailleurs. On s’est dit qu’on allait se forcer. On a trouvé finalement pas mal d’articles sur les auteurs et c’est comme en littérature : quand les auteurs sont bons, les articles qui en parlent sont souvent bons aussi. On a donc un panorama de ce qui se fait en bande dessinée dans le monde, y compris dans des pays de moindre tradition. »

S’ouvrant sur entretien avec Benoit Peeters qui compare Chris Ware à Georges Perec et taxe au passage Alain Finkielkraut d’ «  ignorance et d’incuriosité » quand il exprime son mépris pour la bande dessinée, Books introduit son florilège d’article par une mise en perspective de la reconnaissance de la BD : Töpffer, le roman graphique, la BD des super-héros vue comme un « art juif » [sic]…

Le magazine s’arrête ensuite sur quelques individualités : Tatsumi, Taniguchi, David Mazzuchelli, Alison Bechdel, Adrian Tomine, Gene Luen Yang, Gipi, Dash Shaw, Rutu Modan, Ralf König, Jaime Hernandez, Shaun Tan, Joe Sacco, Carlos Giménez, Crumb, Jens Harder…, un joli panorama de la création dans le monde, complété par des entretiens avec la Libanaise Zeina Abirached (Je me souviens, chez Cambourakis), auteure de la couverture, David B, Guy Delisle, Marguerite Abouet, Nicolaï Maslov, José Munoz

C’est l’occasion de découvertes comme le « premier roman graphique égyptien » de Magdi Al-Shafei, Metro, la grande dessinatrice turque de <>LeMan, Ramize Erer ou encore le Canadien « rural » Jeff Lemire

La BD n’est pas la seule représentée, le dessin d’humour aussi : « Nous voulions absolument couvrir certaines zones du monde, explique Suzi Vieira, notamment le Moyen-Orient et le Maghreb qui n’ont pas encore de tradition de bande dessinée mais qui ont en revanche une tradition ancestrale de caricature politique et de dessin de presse. On leur a fait une petite place. »

Joli numéro !

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

 
Participez à la discussion
8 Messages :
  • un autre regard ?... Le même regard oui ! Toujours les mêmes auteurs, toujours le même snobisme !

    Répondre à ce message

    • Répondu par max le 30 mars 2010 à  06:21 :

      Tout à fait d’accord.... Ca aurait dû s’appeller : Bo-boks....

      Répondre à ce message

      • Répondu par Oncle Francois le 30 mars 2010 à  10:46 :

        Bo-boks ...Arf arf arf, excellent pour ces amateurs de BD branchée-intello, même si je reconnais qu’il y en a de bonnes dans leur sélection. Le problème, c’est que leur justaposition donne à ce numéro HS (moi-aussi, je serai hors service si j’avais du le lire en entier !!)une idée prétentieuse, hermétique et ennuyeuse de la BD, art populaire convivial et accueillant s’il en est.

        Deux questions pour les journalistes de cette splendide publication : à leur avis, la BD existait-elle avant 1990 ? Ont-ils déjà entendu parler des grands éditeurs qui ont développé le genre (Dargaud, Dupuis, Lombard, Vaillant) ?

        Répondre à ce message

        • Répondu par Alex le 30 mars 2010 à  22:37 :

          Ont-ils déjà entendu parler des grands éditeurs qui ont développé le genre (Dargaud, Dupuis, Lombard, Vaillant) ?

          Ont-ils déjà entendu parler de Placid et Muzo ? Des 4 As ? D’achille Talon ? De Boulouloum et Guiliguili ?

          Répondre à ce message

          • Répondu par Oncle Francois le 3 avril 2010 à  19:55 :

            Cher Alex, il me semble discerner une once d’ironie dans votre commentaire, mais je n’en suis pas sûr !

            Certes, les titres que vous citez sont anciens et ciblés vers la jeunesse. Toutefois, ils sont représentatifs d’une certaine BD.
            Placid et Muzo : créés par Arnal, à mon avis bien plus riche et drole que son Pif le chien. La reprise de Nicolaou me laisse indifférent.

            4 As : une Bd humoristique de l’auteur de Chevalier Ardent (mais je n’ai jamais accroché...)

            Achille Talon : dessin moyen, mais quelle verve inimitable ! Mon favori : le journal Polite, pour ses caricatures étonnantes des pontes de Dargaud(Goscinny et Charlier, notamment). De plus, l’auteur y pose un regard pertinent sur le monde de l’édition.

            Boulouloum et Guiliguili de Mazel et Cauvin : si Cauvin est devenu le bestseller de dupuis, Mazel reste le grand négligé de la réussite des auteurs Spirou. Et pourtant, je trouve son trait très sympa, assez éloigné de celui des cadors Franquin et Peyo. Dupuis est sans doute passé à coté d’un auteur à fort potentiel, sans même se rendre compte de ses possibilités. C’est vraiment dommage...

            Répondre à ce message

            • Répondu par Alex le 5 avril 2010 à  23:47 :

              C’est exact, il y a une once d’ironie dans mon message. Mais il est à double tranchant, puisqu’il s’agit de bd que je lisais ardemment enfant. Je vous donne raison quand vous défendez une certaine bd populaire : la "profondeur" de l’oeuvre, son message altruiste n’est pas équivalent à un plaisir de lecture -bien mal cernable (comme si la magie d’une bd se trouvait ailleurs que dans la lecture, sur un plan de satisfaction intellectuelle par exemple). Peter Bagge -le dessinateur underground, créateur de "Hate" et co-scénariste des films de Spider-Man(?!!!) l’a bien cerné -avec le cynisme qui le caractérise- dans ses propos : " Tout est de la faute de "Maus", maintenant les artistes se battent pour des bourses et décrocher le prochain Pulitzer !"

              Mon message ci-dessus venait après votre intervention sur l’album "Robin Hood" : dans votre ivresse à défendre une certaine bd vous faites des émules bien moins talentueux dans la provocation, et puisque je sais que vos lectures vous ont amené à côtoyer les expérimentations les plus hardies je souhaiterai parfois que vous vous en souveniez et ne vous vous jetiez pas immédiatemment dans "l’ironie à la Pincemi".

              Sur cet album j’aurai souhaité votre support -car, l’ayant lu maintenant (merci Mr Fred Boot) il reprend avec exactitude les poncifs de la bd populaire : sur le plan du scénario et du dessin. Oui du dessin ! Je peux affirmer cela très confortablement puisque je suis un fan de "petits formats". Roussin reproduit- ou plutôt nous fait croire qu’il reproduit- les maladresses scénaristiques et artistiques des "petits formats". Il s’en dégage une poésie que seuls certains numéros de ces revues (Météor, Le Petit Duc, Akim, Blek, etc...) pouvaient atteindre dans la nécessité et la précipitation.
              Quand Roussin s’attaque au coeur du sujet, c’est à mon avis très louable et l’effort doit être au moins reconnu dans ces périmêtres.

              Répondre à ce message

              • Répondu par Oncle Francois le 6 avril 2010 à  08:56 :

                Merci pour cette longue réponse. Je ne connaissais pas le propos de Bagge sur Maus et le Pulitzer, en faisant une recherche google (je deviens un vrai naird technophile grâce à actuaBD !°), je suis tombé sur cet extrait d’interview suivant :"The epitome of this is Maus, which is a good book, but was also commercially successful. A lot of people want to do Maus. They want that credibility, and the Pulitzer prizes, and speaking engagements, and teaching gigs, and GRANTS ! Government grants and private grants. That’s what they’re all goin’ for, is grants, y’know... if your work is something that the average person wants, responds to, and relates to, that’s the last person you going to give the grant to. "Oh well, it’s commercial. This person doesn’t need me. This guy’s actually making something that people want." But you want to do some pretentious, high-falutin’ muckity-muck about this crap or another, "do it in a dry pretentious style, here. Free money." And I’m sure the twelve people out there who give a crap about this stuff will appreciate it.". Je suppose que c’est à cela que vous faites allusion.

                Merci encore pour la profondeur de votre réponse qui vient en écho à mes propres réflexions que j’ai parfois du mal à bien formuler.

                Répondre à ce message

  • Books : Un autre regard sur la bande dessinée
    3 avril 2010 07:56, par Géraud

    Acheté hier : je dois reconnaître que j’ai rarement vu une telle bouse... J’imagine le néophyte qui pense découvrir la BD avec ça. Au secours !

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD