Books a été créé en novembre 2008 au moment précis où la crise économique déboulait. La profession de foi de son fondateur Olivier Postel-Vinay est claire : « L’objectif était de faire un magazine à contre-courant. Alors que la tendance générale est au zapping, à la lecture cursive, au picorage, l’idée était de proposer un magazine de lecture lente, de lecture longue, de lecture approfondie, permettant de donner un éclairage nouveau sur les grands sujets et sur les livres qui sortent de par le monde ». Le mensuel en est au numéro 13 et les ventes varient entre 15 et 20.000 exemplaires selon les numéros et en comptant les ventes à l’étranger auxquelles il faut ajouter 5.000 abonnés. « Notre ADN est constitué d’articles publiés sur les livres à travers le monde. Nous avons trouvé intéressant de faire un numéro sur la BD car ce genre de compilation, à ma connaissance, est inédit. Il y a eu plein de numéros spéciaux sur la BD, jamais une réunion d’articles venus de partout dans le monde présentant des commentaires, des analyses sur la BD qui ne sont pas connus en France. »
« On avait envie de faire la fête !, nous raconte Suzi Vieira, coordinatrice de ce numéro, L’idée est venue d’une lacune au départ parce que, dans Books, on avait du mal à couvrir la bande dessinée et l’on avait très peu parce que nous sommes dépendants des articles qui paraissent dans la presse étrangère et la bande dessinée est, il faut le dire, est assez peu couverte dans les grands médias internationaux, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou ailleurs. On s’est dit qu’on allait se forcer. On a trouvé finalement pas mal d’articles sur les auteurs et c’est comme en littérature : quand les auteurs sont bons, les articles qui en parlent sont souvent bons aussi. On a donc un panorama de ce qui se fait en bande dessinée dans le monde, y compris dans des pays de moindre tradition. »
S’ouvrant sur entretien avec Benoit Peeters qui compare Chris Ware à Georges Perec et taxe au passage Alain Finkielkraut d’ « ignorance et d’incuriosité » quand il exprime son mépris pour la bande dessinée, Books introduit son florilège d’article par une mise en perspective de la reconnaissance de la BD : Töpffer, le roman graphique, la BD des super-héros vue comme un « art juif » [sic]…
Le magazine s’arrête ensuite sur quelques individualités : Tatsumi, Taniguchi, David Mazzuchelli, Alison Bechdel, Adrian Tomine, Gene Luen Yang, Gipi, Dash Shaw, Rutu Modan, Ralf König, Jaime Hernandez, Shaun Tan, Joe Sacco, Carlos Giménez, Crumb, Jens Harder…, un joli panorama de la création dans le monde, complété par des entretiens avec la Libanaise Zeina Abirached (Je me souviens, chez Cambourakis), auteure de la couverture, David B, Guy Delisle, Marguerite Abouet, Nicolaï Maslov, José Munoz
C’est l’occasion de découvertes comme le « premier roman graphique égyptien » de Magdi Al-Shafei, Metro, la grande dessinatrice turque de <>LeMan, Ramize Erer ou encore le Canadien « rural » Jeff Lemire
La BD n’est pas la seule représentée, le dessin d’humour aussi : « Nous voulions absolument couvrir certaines zones du monde, explique Suzi Vieira, notamment le Moyen-Orient et le Maghreb qui n’ont pas encore de tradition de bande dessinée mais qui ont en revanche une tradition ancestrale de caricature politique et de dessin de presse. On leur a fait une petite place. »
Joli numéro !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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