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Bordeline par Robin et Berr - Editions Bamboo

Par Patrice Gentilhomme le 5 février 2008                      Lien  
Fernando Villa est un écrivain au quotidien plutôt sombre, morne et solitaire, l’homme reste assez désabusé jusqu’au jour où il publie une histoire au succès inattendu.

Fernando ne sait pas trop lui même comment il a écrit ce scénario, tout juste se souvient-il que sa frénésie d’écriture lui est venue après une soirée bien arrosée entre amis au cours de laquelle il a fumé d’étranges herbes douces venues d’Amérique centrale.

Très vite son histoire s’avère correspondre à un fait divers authentique, c’est là que les ennuis commencent. La fiction et la réalité se mélangent pour le pire, notre héros se retrouve confronté aux véritables protagonistes d’une affaire sordide, qu’il croyait née seulement de son imagination. Très perturbé par cette étrange coïncidence, notre héros (ou plutôt anti-héros) va devoir se battre (au propre comme au figuré !) pour découvrir la vérité d’une affaire où imagination, faits divers et fantastique s’interpénètrent.

Tout en hésitant entre réalité et fiction, ce scénario original est prétexte à de savoureux portraits ainsi qu’à une présentation sensible, crédible et attachante du personnage principal. Adossé à un réalisme formel, cette histoire doit son caractère haletante et captivant à la personnalité de Fernando, sorte de Jean Reno égaré entre la France profonde et les divagations dépressives d’un apprenti écrivain à la recherche d’une énigme policière dont il est à la fois l’auteur et la victime involontaire. Dans ses écrits se cachent son ennemi, et peut-être pire !

Profondément humains, tous les personnages apportent à ce récit puissance et réalisme tout en justifiant son titre : Borderline. Si on relève certaines influences puisées dans une certaine tradition du film noir le scénario d’Alexis Robin retient l’attention en dépit de son ancrage dans unce réalisme provincial et banal.

On sera plus réservé face à un dénouement qui méritait mieux, arrivant sans doute trop vite, et qui laisse peut-être le lecteur sur une fin un peu précipitée sans véritablement surprise. Excès de réalisme ou essoufflement d’une histoire pourtant bien enlevée dès ses premières pages ?

Le dessin de Nathalie Berr, dont « La maison Dieu » avait déjà été remarquée, reste efficace et très maîtrisé. Une assurance graphique utile à cette histoire au postulat fantastique qui décrit un quotidien terriblement pesant et profondément vrai. L’association d’un trait souple et d’une belle maîtrise des couleurs contribue à rendre cette histoire agréable à lire.

Si l’on en croit les premières couvertures éditoriale et publicitaire, ce premier album ne passe pas inaperçu. Il bénéficie d’une promotion appuyée, volonté d’un éditeur soucieux de mettre en avant le travail de ce nouveau duo. La maquette soignée et accrocheuse suscite l’intérêt, on ne risque donc pas de manquer ce premier volume dans les rayons, tant mieux !

Annoncé comme un premier tome, cette histoire se lit non seulement d’un trait mais aussi de manière complètement autonome. Alors pourquoi annoncer une suite à un récit cohérent et qui se tient bien ? Après ce premier tome plutôt réussi, espérons que les auteurs parviendront à transformer ce bel essai .

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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