Ancien assistant du dessinateur de Boule & Bill, Verron s’est déjà depuis longtemps fait remarquer avec le facétieux et excellent Maltais (sur un scénario du romancier Lou Durand) publié naguère aux Editions Claude Lefrancq, ensuite par Odilon Verjus, une série décapante dans laquelle le scénariste Yann peut déployer avec volupté ses obsessions ambiguës. Il reste qu’aucune de ces créations n’accrocha vraiment le box office. Aussi, quand la succession de Roba arriva à l’ordre du jour, motivée aussi bien par des raisons de santé que de lassitude, le créateur lui passa le crayon comme un bâton de maréchal. Le mimétisme est parfait. Il faut avoir un œil exercé pour reconnaître le trait de Verron par rapport à l’original (il a encore du mal lorsqu’il doit dessiner les femmes). Une ombre subsiste cependant : la faiblesse des scénarios. Recrutés dans la nouvelle génération, les scénaristes de l’album ont un peu perdu l’efficacité du créateur d’origine, très habile pour restituer cette caricature de la famille moderne aspirant au cocooning. Pour le coup, on a l’impression que l’éditeur ne s’est attaché qu’à l’emballage de son produit. Il faudrait qu’il pense à l’avenir à en restituer la saveur.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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