Shunpeï, Anko et Kyohei sont des triplés dizygotes (ou hétérozygotes) de 14 ans. Ils sont totalement différents, autant du point de vue physique que de leur caractère propre. Leur mère décédée après les avoir mis au monde, c’est leur père qui les a éduqués, mais celui-ci est constamment parti à l’étranger pour raison professionnelle. Les deux frères et leur soeur partagent donc leur temps entre l’école et les sorties avec leurs camarades respectifs. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si Shunpeï et Khyohei n’étaient pas secrètement amoureux de leur sœur Anko. Fuyant cet amour incestueux, ils se réfugient dans des liaisons sans lendemain : l’un, égérie du lycée, passe son temps à éconduire les filles, tandis que le second, rebelle rock ’n roll, fréquente une femme mariée et jeune maman. Mais chaque moment passé leur rappelle leurs troubles pensées, et il semblerait que leur sœur commence elle aussi à se conduire étrangement.
Si on pouvait craindre un récit scabreux, on découvre en vérité une histoire d’amour d’une grande pudeur. Avant de s’affirmer comme dessinateur avec MPD Psycho, Sho-U Tajima a écrit et dessiné cette histoire de triangle amoureux entre frères et sœur, avec humour et légèreté. Si les scènes scolaires du Japon des années 90 rendent assez bien les ambiances entre écoliers, il n’en est malheureusement pas de même concernant le scénario. Les deux premiers chapitres donnent d’emblée un très bon rythme au récit. Les présentations des personnages sont classiques, mais efficaces, et on pénètre directement dans leur psychologie en imaginant leur combat intérieur. Malheureusement, faute de réel rebondissement, la suite et la fin de ce premier tome sont assez décevants : les confrontations incestueuses laissent la place à des conflits d’étudiants bien mièvres et l’attention cède rapidement le pas à l’ennui. Heureusement, les prémices du second tome laissent présager un retournement de situation qui permettait de réamorcer l’intrigue moribonde...
Parti d’une idée originale, ce premier tome s’éteint rapidement comme un amour de vacances. Reste un dessin enlevé qui procure un réel plaisir de lecture.
(par Charles-Louis Detournay)
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