Actualité

Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 août 2009                      Lien  
Au Centre Belge de la BD, Lanfeust est à la fête : l’ingénu et ses Trolls y peuplent les cimaises jusque fin septembre. Le moment pour faire le point sur le destin d’une série qui suscite aussi bien l’enthousiasme du public que le mépris de certains snobs.

Parce qu’il s’inscrit dans une tradition, celle de l’école belge, au point de nommer l’atelier qu’il partage avec ses potes et néanmoins collaborateurs –250 m² au cœur d’Aix en Provence- d’un juron d’inspiration bruxelloise : Gottferdom !, Christophe Arleston suscite depuis longtemps le mépris d’une certaine critique de bande dessinée qui voue aux gémonies l’humour grand public, l’Heroïc Fantasy et le dessin dit « commercial. »

Est-ce qu’un observateur de l’histoire culturelle du 21ème siècle peut sincèrement ignorer un auteur qui totalise près de six millions d’exemplaires vendus, recevant, selon la formule que Pascal Ory applique à Goscinny, « un plébiscite de tous les jours » dans le « suffrage universel de la culture » qu’est le succès ? Sérieusement non. C’est pourquoi il est heureux que le très critiqué Centre Belge de la Bande Dessinée laisse la place à ce phénomène, dont les ressorts sont si proches de ceux de l’école belge.

Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !
Christophe Arleston. L’équation qui lui apporte le succès est vertement critiquée par une quarteron de critiques snobs.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Thierry Bellefroid, commissaire de cette exposition, remarque combien « Arleston a su servir des codes du genre, les détourner de leurs origines et doser avec science la comédie, le burlesque, les blagues de potache, l’aventure, le suspense, les mondes inventés… » Son invention centrale, la planète de Troy [1], que le scénariste arpente dans tous les sens à l’aide de ses dessinateurs correspond à une « arithmétique » que Bellefroid se propose de faire découvrir au visiteur.


L’univers de Troy : une parodie de l’Heroïc Fantasy
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Cette arithmétique commence par la déconstruction du héros traditionnel de l’Heroïc Fantasy, testostéroné à fleur de muscles et dont l’épée est l’attribut phallique sans cesse exhibé. Lanfeust est « un héros pas très héroïque » note le commissaire : « un crétin prédestiné à sauver le monde… campagnard plutôt inculte… incapable de résister aux caractères forts ». Heureusement, l’entourage compense, et c’est là que la mécanique se met en marche : deux belles rivales, Cixi et C’ian, qui se réservent l’ingénuité du jeune homme et une brute poilue sous la forme d’un troll forment le quatuor qui compose cette « famille d’aventure ».

À cela s’ajoute un écheveau de rhizomes scénaristiques qu’Arleston construit au gré de ses collaborations graphiques avec Didier Tarquin, Jean-Louis Mourier, Ciro Tota, Ludo Lullabi, Nicolas Keramidas, Olivier Vatine, Éric Hérenguel, et bien d’autres dont le remarquable créateur d’Olivier Rameau, Dany dont on découvre les magnifiques pages réalisées pour Arleston sur les cimaises bruxelloises.


Le dernier avatar de Troy : un retour de Dany
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Jusqu’au 27 septembre 2009
Centre belge de la BD
Rue des Sables
1000 Bruxelles

Le site du centre belge

[1Tous els albums de la série de Troy sont publiés par Soleil.

 
Participez à la discussion
18 Messages :
  • Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !
    4 août 2009 12:01, par Monsieur le weblecteur

    Cela fait presque dix ans que Dany est sur cet album de Troy. Ses planches ont déjà été présentées à divers reprise. Bien qu’elles soient très belles, c’est à se demander si ce spin-off ne deviendra pas une arlésienne.

    Répondre à ce message

  • Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !
    4 août 2009 14:03, par PPV

    Il me semble que ce snobisme est surtout le fait de l’intelligentsia (autoproclamée, d’ailleurs) parisienne. A Bruxelles, coeur de la BD populaire, je trouve tout à fait justifié qu’on rende hommage aux Trolls d’Arleston à l’occasion de l’année de la BD.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Un snob ? le 4 août 2009 à  20:42 :

      Snob ? Il est légitime de penser qu’il existe des héritiers plus dignes de l’école dite belge (Frank, Emile Bravo, Geerts, Zep, Ers & Dugommier...), des déclinaisons modernes qui ont plus de fond, plus de classe que les héroïnes heroic fantasy aux gros nénés et décoltés plongeants des productions Soleil. Lanfeust passe encore, bien que là aussi, il est légitime de se sentir écoeuré par ce graphisme tape-à-l’oeil, qui, déclinés en gros présentoirs et statuettes, ne rehaussent pas l’image de la bande dessinée.

      Grosses ventes n’a jamais été synonyme de grande qualité.
      En musique, on ne pourrait pas contester la qualité de Shakira, Laurie ou Britney sous prétexte qu’elles engendrent des chiffres d’affaires monumentaux ?

      Répondre à ce message

      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 août 2009 à  22:39 :

        Oui, je dis snob. Et je souligne.

        Il est légitime de penser qu’il existe des héritiers plus dignes de l’école dite belge (Frank, Emile Bravo, Geerts, Zep, Ers & Dugommier...), des déclinaisons modernes qui ont plus de fond, plus de classe que les héroïnes heroic fantasy aux gros nénés et décoltés plongeants des productions Soleil.

        Toujours le même argument qui cache en réalité une pudibonderie qui, bizarrement ne s’exprime pas en d’autres circonstances. La vulgarité a toujours été l’argument des censeurs et vous êtes en plein dedans.

        Quant au fond, cela reste à prouver. Vous comparez ce qui n’est pas comparable (Geerts, Ers & Dugommier). Quant à la représentation de la sexualité par Zep et Frank Pé, je ne vois pas en quoi elle serait plus "classe" que celle de Tarquin et Mourier, par ailleurs aussi bons dessinateurs que les auteurs que vous citez.

        Lanfeust passe encore, bien que là aussi, il est légitime de se sentir écœuré par ce graphisme tape-à-l’oeil, qui, déclinés en gros présentoirs et statuettes, ne rehaussent pas l’image de la bande dessinée.

        Là aussi, vos attaques sont injustifiables. Le marketing n’est en aucun cas le fait des artistes, et vous le savez bien. Que ce soit Uderzo, Zep, Bilal ou Sacha Baron-Cohen, c’est le propre du marketing que d’être tape-à-l’œil. Aucun succès un tant soit peu notoire ne se réalise dans la discrétion. Vous imaginez un lancement de Lanfeust en version "acoustique", avec supplément dans Télérama et dans les Inrocks ? Ce serait hors de propos. En fait, là aussi, votre discours prône l’exclusion : tout ce qui n’est pas pour adulte trentenaire amateur de graphisme n’entre pas dans votre conception de la qualité. Il serait temps de s’apercevoir qu’il y a un monde extérieur à votre terrier (allusion à Greg, je vous laisse chercher).

        Derrière tout cela, il y a l’argument, absolument snobinard, que le public des adolescents est par définition méprisable. Comme dirait Jacques Brel : "Le mépris, c’est un péché".

        Grosses ventes n’a jamais été synonyme de grande qualité. En musique, on ne pourrait pas contester la qualité de Shakira, Laurie ou Britney sous prétexte qu’elles engendrent des chiffres d’affaires monumentaux ?

        Goscinny disait avec raison que si on se fiait au tirage, le bottin de téléphone devrait entrer dans la Pléïade. Tout cela, ce sont des truismes. Quand une série tient un succès pendant si longtemps, ce n’est pas non plus forcément parce qu’il est médiocre. En réalité, il n’y a aucun lien entre le succès et la qualité.

        En revanche, il existe une catégorie de snobs dont la faculté de nuisance a pu faire que de grands auteurs ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Goscinny n’a reçu aucun prix à Angoulême. Et avec lui, un long cortège de talents, à l’exception de Tarquin, Mourier, et Arleston qui ont été primés, eux. Mais il est vrai que les jurys d’Angoulême sont composés de gens voyeurs et vulgaires...

        Répondre à ce message

        • Répondu le 5 août 2009 à  03:23 :

          Qu’est-ce que Sacha Baron-Cohen vient faire là-dedans ? Il ne fait pas de BD à ma connaissance (cela dit Brüno est un excellent film, de la poilade d’un bout à l’autre).

          Le procès fait à Arleston est malvenu, car c’est un honnête homme, il pratique son métier sans arrière pensée malsaine, il sait ce qu’il fait, il fait du divertissement, et fort bien si on en croit les chiffres de vente. Il y a dans ce métier quelques arrivistes (qui parfois y arrivent d’ailleurs) à qui on ne fait pas de procès d’intention, qui seraient pourtant plus légitimes que ceux faits à Arleston.

          Répondre à ce message

        • Répondu par Un snob ? le 5 août 2009 à  10:49 :

          La sexualité dans "Titeuf" ou dans "Les filles électriques" est abordée par des questionnements et mécompréhensions typiques d’enfants et d’adolescents. C’est intéressant et drôle. La sexualité vue par Frank dans "Zoo" est abordée de manière artistique. Donc oui, je trouve ça tellement plus classe que de vendre des albums en mettant en évidence les protubérances mammaires d’héroïnes heroic fantasy ridicules. J’ai plus de respect pour des ouvrages qui s’affichent sans honte érotiques que l’usage d’une potiche ou d’une bombe caractérielle pour vendre. Goscinny n’a jamais eu besoin d’avoir recours à ça.

          D’autre part, quand vous écrivez "En réalité, il n’y a aucun lien entre le succès et la qualité." : c’est exactement ce que je voulais dire ! L’article ci-dessus utilise donc à tort l’argument du succès commercial pour décridibiliser ceux qui nieraient la qualité des productions Soleil. Je préfère parler des productions Soleil en moyenne, car "Lanfeust" et l’univers de Troy restent le haut de ce panier prosélytiste (avec "Monster Allergy"). J’estime en toute subjectivité que "Lanfeust" est un divertissement bien fichu mais que son succès est surestimé. Ca ne regarde que moi.

          Par contre, voici une constatation moins subjective :
          dans les points de vente ou les sites spécialisés, ce qui dessert complètement l’univers de la bande dessinée, c’est le graphisme surabondant de séries heroic fantasy de mauvais goût (il en existe quelques bonnes, merci Loisel Sfar, Trondheim...) ; l’humour entretenant les préjugés débiles ("Les Blondes") ; ou encore la surexposition d’une imagerie féminine faussée, fantasmée, dans l’unique but d’attirer le chaland masculin par les couilles.

          En fait, je vais vous dire : il suffit de demander à la plupart des lecteurs de roman pourquoi ils ne se sentent pas attirés par la BD et vous comprendrez.
          Comment ? Tous des snobs, la plupart des lecteurs de romans ?

          Répondre à ce message

          • Répondu par Sergio Salma le 6 août 2009 à  01:45 :

            Je suis assez d’accord avec Un Snob ? (sauf pour le choix de son pseudo)

            Je trouve que Didier Pasamonik est un peu sévère envers cette attitude de simple lecteur qui peut, c’est son droit, rejeter un genre qu’il n’apprécie pas d’emblée. On court le risque , c’est vrai, de schématiser et de passer à côté de certaines choses à l’aspect ambigu, pas aussi creux qu’on ne l’imagine. (un peu comme quand on n’a pas envie d’aller au ciné pour voir un polar où ça flingue ou encore une comédie romantique parce que l’on sait à peu près ce que l’on va y trouver. On ratera du coup Pulp fiction et Love actually ). On se trompe certainement aussi en faisant des amalgames : les livres d’Arleston et Tarquin ne sont vraiment pas que des livres avec des muscles et des décolletés, pitié ! Là c’est quand même une attaque déplacée ; comme si Franquin ou Peyo c’était juste des gros nez . Et Jacobs et Martin des mecs en costard un peu coincé du... non, voyons. Tss.

            Mais il est bon parfois d’avoir des réticences voire des dégoûts.
            Ce sont des sentiments parfois passagers qu’il ne faut pas forcément combattre sous prétexte d’être civique et magnanime.

            On temporise trop, on civilise , on socialise à outrance quand il faudrait parfois laisser s’exprimer des ras-le-bol, des agacements, des crispations.

            Dans la musique , on peut très bien être énervé par cette vague de chanteurs qui chuintent et geignent. Et leur préférer quelque chose de plus dynamique.
            On sort le fallacieux prétexte du succès ou de l’insuccès( rien à voir dans le débat) et on creuse ainsi une espèce de sillon protectionniste qui ressemble à un diktat.

            D’une certaine catégorie populaire, du mal tu ne diras point. Et pourquoi donc ?! Le snobisme n’a rien à voir là-dedans non plus. On peut très bien s’envoyer à la figure le même vocable. Qui est snob ? Celui qui se place artificiellement au-dessus des "masses" et du public "moyen" ou celui qui considère comme forcément respectable ce que ce même public prétendûment moyen apprécie ?

            Les uns interdisent aux autres de ne pas aimer tout un pan de la culture sous le prétexte réversible d’un trop grand écho dans la presse ou un trop grand nombre de zéros dans les chiffres de vente. Ce sont les anciens contre les modernes mais aussi les réalistes contre les humoristiques, les bd jeunesse contre les romans graphiques etc...quels combats d’arrière-garde ! On peut aimer les schtroumpfs et Pratt , Tati et Zemeckis.

            Mais on peut tout autant détester les schtroumpfs ou Pratt, Tati et Zemeckis. Pourquoi on pourrait pas ?! Les travaux de grande qualité on s’en tape parfois, on a envie de tout foutre en l’air et dans les magasins cet étalage de vulgarité on peut le trouver ...vulgaire parfois. Car ça l’est quand même un peu. Même les chefs-d’oeuvre ont parfois de ces aspects putassiers et énervants ! Et on met dans le même sac l’oeuvre et le marketing qui va avec ; ce n’est pas très raisonné mais parfois , même pour ces choses de l’esprit , il faut laisser parler son instinct.

            Un snob ( allez , on trouve un autre pseudo ok ?) a tout à fait raison je pense de garder ses préférences. Il a tort en revanche en citant ceux qu’il aime et de les opposer à ceux qu’il n’aime pas ; parce que son voisin pourra lui aimer les 2 qui ne sont diamétralement opposés que dans son système de pensée personnel ; et puis surtout c’est injuste pour un auteur de s’entendre comparé à un autre. 2 barils de poudre contre un ça marche pas pour les humains.

            Pourquoi snober ne serait-il que péjoratif ? Snober quelque chose ça peut être une preuve de bonne santé au contraire. Je ne devrais pas le dire mais moi par exemple, je snobe
            une certaine catégorie de chanson française. Je n’aime pas qu’en 2009 un chanteur ou une chanteuse use trop de l’accordéon ou de la guitare accoustique, pense comme Barbara ou Mouloudji, parle sans arrêt d’un Paris de pacotille en causant comme le peuple en enflammant le public avec ce qui me semble être une démagogie à peine cachée. Et je snobe aussi une certaine catégorie de pop-folk que je trouve trop neutre, n’étant pas fin connaisseur, elle ne provoque chez moi que de l’ennui alors que des amis sont passionnés par ces mêmes groupes qui sans Led Zeppelin ou Nirvana ne seraient rien.

            Suis-je un idiot de tout repousser en bloc parce que forcément il y a là-dedans des chanteurs et des groupes qui correspondent point par point à ces choses qui m’énervent et qui pourtant me plairaient peut-être si je prenais la peine de les écouter ?

            Et alors donc, les goûts et les dégoûts devraient être mesurés et irréprochables ? Je pense qu’au contraire il faut cultiver non pas la mauvaise foi mais sa foi. Et s’interdire de perdre trop de temps dans une culture "obligatoire" et parfois consensuelle. Là non plus, je ne fais aucun procès à aucun genre en particulier mais je pense sain de garder en mémoire ce qui nous est naturellement sympathique.

            Et si on loupe des trucs , tant pis. Quant aux exemples qu’on va chercher dans le passé( Goscinny pas de grandes récompenses etc...) c’est un peu dommage mais malheureusement la société humaine est ainsi faite, pleine de malentendus et d’approximations. On a distribué des Goncourt , des Oscar(s) et des Palmes d’or à des œuvres qui parfois traversent le temps et parfois pas du tout. Il ne faut pas y voir la preuve d’une quelconque maladresse ou snobisme. Je pense plutôt à une bonne grosse connerie qu’il faut parfois être capable de s’avouer. Ce ne sont que des jurys de gens , donc faillibles , très faillibles. Mais qui pourtant sur le moment ont été sincères. Pourquoi accorder de l’importance à ces prix quand on les considère bien attribués et trouver ces récompenses bien vaines et dérisoires quand elles se trompent à notre avis de vainqueur ?

            A propos d’Arleston , je recommande le livre d’entretiens que Thierry Bellefroid a écrit après des rencontres avec le scénariste de Lanfeust. On y découvre une personnalité tout en finesse et on y décrypte très joliment ce que peuvent être un parcours et une démarche d’artiste, avec des failles, des doutes terribles , des réussites.

            Répondre à ce message

            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 août 2009 à  09:13 :

              Cher Sergio, tu es en verve, et c’est un vrai plaisir.

              Je ne cherche pas à avoir raison contre quiconque, vraiment

              En fait, ce que tu décris là, c’est un dandysme, pas un snobisme. Le dandy a une attitude, disons, politique, délibérée. Le snob est un mouton bêlant. Le dandy est légitime dans son attitude : son argumentation est réfléchie, travaillée. Le snob est tout à la défense de sa clique, en réalité de sa propre condition.

              Tu réclames à raison pour le dandy le droit d’exprimer son dégoût. Tu as raison. En cette matière, je suis comme Jules Renard : "Je n’ai pas de goût mais j’ai le dégoût très sûr."

              En revanche, tu dois bien admettre qu’il y a dans mon article un certain militantisme en faveur d’une bande dessinée populaire que l’on réduit, comme tu le soulignes, à de vulgarité pour mieux rejeter un genre (l’Heroïc Fantasy, principale thématique des comics et des mangas, l’humour des Blondes, un thème universellement partagé) ou l’expression de la sexualité, voire d’une certaine grivoiserie.

              Je travaille en ce moment sur l’oeuvre du dessinateur Morris. Eh bien je suis frappé par le manque de consistance des interviews qu’il a données dans sa vie. Non pas qu’il n’ait rien eu à dire, mais parce que les journalistes (que je mets volontiers dans la catégorie des snobs) étaient totalement dépourvus de curiosité.

              De même, on chercherait en vain une analyse un peu subtile d’un Lucky Luke (d’un Bob & Bobette, d’un Chlorophylle ou d’un Lanfeust, le problème est le même). Là est l’effet du snobisme : il ostracise des pans entiers d’une bande dessinée de qualité sur un simple argument d’autorité. Des auteurs, des journalistes, des directeurs de festival sont directement responsables de cela.

              L’éclectisme d’ActuaBD est là, j’espère, pour compenser cet aveuglement. Avec ses moyens limités, car il est évidemment plus facile de s’épandre sur une "clique" que de s’intéresser à la masse des BD populaires qui arrivent sur le marché.

              Répondre à ce message

              • Répondu par Laurent Boileau le 6 août 2009 à  12:06 :

                Je travaille en ce moment sur l’oeuvre du dessinateur Morris. Eh bien je suis frappé par le manque de consistance des interviews qu’il a données dans sa vie. Non pas qu’il n’ait rien eu à dire, mais parce que les journalistes (que je mets volontiers dans la catégorie des snobs) étaient totalement dépourvus de curiosité.

                Lorsque j’ai visionné toutes les archives télévisuelles sur Franquin pour les besoins du film Franquin, Gaston et compagnie, j’ai, moi aussi, été frappé par la pauvreté des interviews. La raison ? A question banale, réponse banale...

                Répondre à ce message

        • Répondu par PPV le 5 août 2009 à  12:23 :

          marrant tout de même cette pudibonderie à deux vitesses : d’un côté cette "intelligentsia" (sic) snobinarde s’offusque de la touche érotique des personnages d’Arleston et de l’autre applaudis des mains et des pieds pour les ébats charnels de Aurelia Aurita, jetés en pature aux lecteurs. Suivant cette logique, il est de meilleur ton de savoir que Aurelia Aurita "se fait enc... comme une parisienne"(et on a même la date de l’exploit) que de savourer les gros nénés de Cyan dans Lanfeust ?

          Répondre à ce message

  • Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !
    6 août 2009 11:56, par Fred Boot

    D’un autre côté, n’y a-t-il pas un certain snobisme à débourser environ 12 euros pour une bd qui se veut populaire et grand public (et 5 euros pour la version scannée) ? ;)

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 août 2009 à  12:41 :

      Non, puisque les deux sont possibles. Après, chacun fait ce qu’il veut.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Fred Boot le 6 août 2009 à  18:32 :

        En fait j’évoquais sous cette blague bien pourrave un certain décalage à mes yeux entre les prix pratiqués (papier ou numérique) et les bonnes intentions de faire du divertissement populaire, grand public.

        Acheter 12 euros un bouquin pour faire mumuse et le placer 10 minutes après sur une étagere, c’est super snob je trouve. ;)

        Répondre à ce message

    • Répondu par Sergio Salma le 6 août 2009 à  18:55 :

      Alors là je crois qu’on n’a pas du tout la même définition du snobisme. Vous avez quoi comme dico ?
      Pour certains acheter un jeu vidéo ou un livre d’art qui coûteraient 30 ou 60 euros est choquant. Ma mère faisait toujours le rapport à un pain( non, pas une baffe, un pain).

      J’achetais un livre ou un 33 tours ( je commence à devenir vieux) ; elle avait une échelle de valeur bien à elle : combien de pains pouvait-on acheter avec cette somme ? Quoi ?! Mais c’est un scandale. Elle me trouvait dépensier, fou, stupide, inconscient, taré mais pas snob.

      Certains achètent des meubles à 1000 euros, d’autres en achètent à 10000. Aujourd’hui, les clubs de "radins pour rire", ceux qui s’amusent à économiser ou qui sont pris dans le raisonnement mi-pragmatique mi-ludique se rendent dans des brocantes pour chiner un tabouret à 2 euros alors qu’ils ont des revenus conséquents. Snobisme ?

      Acheter une bande dessinée ou un écran plasma ou une cravate ou tee-shirt Simpsons alors que c’est la crise et que des millions d’enfants et d’adultes meurent de faim. Snobisme ?
      Hé !Ho !

      Vous savez il y a certainement des gens bien terre-à-terre qui considèrent que la lecture elle-même est un snobisme.

      Répondre à ce message

      • Répondu par joel le 6 août 2009 à  21:44 :

        hello, bravo pour animal lecteur !

        Répondre à ce message

      • Répondu par Fred Boot le 7 août 2009 à  12:37 :

        Je cherche juste à dire qu’on peut toujours être le snob d’un autre.

        "Je suis snob
        Je suis snob
        J’achete les Lanfeust à 12 euros
        Ça m’demande des mois de boulot
        Juste pour voir des gros totos
        Mais la dédicace en page de garde
        C’est toujours celle qu’on regarde
        Je suis snob
        Foutrement snob
        Tous mes amis le sont
        On est snobs et c’est bon"

        (Sergio, mon intervention n’était pas très sérieuse voyons :) )

        Répondre à ce message

  • Bruxelles BD 2009 : Lanfeust, gottferdom !
    6 août 2009 20:01, par 6P

    Pour répondre à la question "Est-ce qu’un observateur de l’histoire culturelle du 21ème siècle peut sincèrement ignorer un auteur qui totalise près de six millions d’exemplaires vendus (...) ?" la réponse est bien sur que oui puisque les observateurs de la cultures des siècles passés savent très bien que beaucoup d’auteurs extrêmement populaires en leur temps sont totalement oubliés de nos jours tandis que d’autres, ignorés ou conspués en leur temps sont devenus les grandes figures de l’Art du passé. Voilà, hein, pas plus, c’est pas obligatoire ni systématique mais ça répond à la question...

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 août 2009 à  21:06 :

      Des auteurs populaires comme Victor Hugo, Michel Zevaco, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac ou Jules Verne étaient très populaires et on ne les a pas oubliés pour autant. Eugène Sue ou Ponson du Terrail ont un peu moins d’éclat, mais on a tort...

      Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD