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Bruxelles BD 2009 : les années Tintin de Willy Vandersteen

Par Morgan Di Salvia le 24 juin 2009                      Lien  
Durant tout l’été l’Hôtel de Ville de Bruxelles accueille dans le cadre de Bruxelles BD 2009, l’exposition "Willy Vandersteen, l’épopée bruxelloise". L’occasion de jeter un regard neuf sur le créateur de Bob et Bobette, auteur immensément populaire en Flandre et aux Pays-Bas mais assez méconnu des lecteurs francophones.
Bruxelles BD 2009 : les années Tintin de Willy Vandersteen
Willy Vandersteen en 1949
Couverture du magazine Ons Volk

Dans l’œuvre de Willy Vandersteen on parle de « période bleue », ou plutôt de « collection bleue » pour parler des albums réalisés pour le journal Tintin par l’auteur anversois entre 1948 et 1959. Repéré par Karel Van Mileghem, rédacteur en chef de Kuifje, Vandersteen va faire son entrée dans les pages de Tintin en 1948, fort de la grande popularité de ses personnages Suske & Wiske (Bob & Bobette) dans les pages du quotidien flamand De Standaard. Ce père fondateur de la bande dessinée belge est un créateur exalté qui publie depuis la fin de la seconde guerre. Son style enlevé goûte peu au directeur artistique du journal qui n’est autre qu’Hergé. Il demande à Vandersteen de s’aligner sur la pratique de la ligne claire qui domine le journal avec Tintin, Blake & Mortimer de E.P. Jacobs et désormais Alix de Jacques Martin.

Deux des quatorze couvertures réalisées par Vandersteen
durant les dix ans où il publia dans Tintin et Kuifje

Durant cette période particulièrement faste, Vandersteen dessinera parmi ses albums les plus réussis : Le Fantôme Espagnol, La Clé de bronze, Le Trésor de Beersel,… L’exposition « Willy Vandersteen, l’épopée bruxelloise » met en parallèle les créations de cette période pour Tintin et les autres travaux contemporains de l’auteur. On découvre ainsi que tout en réalisant certains ajustements pour plaire à Hergé, Vandersteen continuera à dessiner pour De Standaard dans le style plus libre de ses débuts. L’exposition met cependant en exergue le fait que la collection bleue, considérée comme la plus importante artistiquement, a influencé la collection rouge, et la technique d’un Vandersteen aux multiples facettes.

Joost Swarte
commissaire, scénographe et graphiste de l’exposition

Au sujet de l’évolution rapide du trait de Willy Vandersteen, Joost Swarte, commissaire de l’exposition nous confie : « Je suis persuadé que Vandersteen a toujours été un dessinateur de qualité. Au début de sa carrière, il a opté pour un style très expressif, je pense que c’est un choix délibéré. C’est ce qu’on montre dans cette exposition : tout en dessinant de manière plus appliquée pour la série bleue, il a continué en parallèle pour le public flamand la série rouge, qui est beaucoup plus expressive. Willy Vandersteen était un créateur aux multiples facettes. Son ambition, comme celle d’Hergé, était de toucher le grand public. Influencés par le succès international de Walt Disney, tous les deux ont rapidement mis sur pied un travail en studio. Il faut cependant souligner que Vandersteen adorait créer les histoires et les crayonner, mais était lassé par le travail d’encrage. C’est une partie du travail qu’il a rapidement laissée à ses collaborateurs. »

Dessin original de couverture de l’album "Le Fantôme Espagnol"
datant de 1948

Outre les albums et des planches originales de Bob & Bobette, l’exposition regroupe des créations de cette décennie comme Le Prince Riri ou Tijl Uylenspiegel. Etant donné que sa production de planches est énorme, Willy Vandersteen se fait rapidement aider pour l’encrage. Eric Verhoest, coordinateur de Bruxelles BD 2009 témoigne : « Dès le départ, il est assez allergique à l’encrage. Il encre les tous premiers Bob et Bobette de la série rouge, parfois aidé de son épouse. Mais dès qu’il aura l’occasion de le faire, il déléguera cette tâche. Sur le premier album de Tijl Uylenspiegel par exemple l’encrage est dû à Karel Verschuere, qui plus tard reprendra la série Bessy. Vandersteen fournissait un crayonné assez poussé, ensuite le résultat dépendait du talent de l’encreur. Mais son véritable plaisir c’était le crayonné. C’est quelqu’un qui n’a jamais lâché le crayon. Je l’ai rencontré à la fin des années quatre-vingt, et à 70 ans il était heureux comme un enfant avec sa série De Geuzen : il pouvait enfin publier ses dessins libéré de l’encrage ! »

Une des reproductions géantes ornant les murs de l’exposition
ici, Lambique dans le "Trésor de Beersel"

Après dix ans de collaboration au journal Tintin, Willy Vandersteen se retira en 1959. Deux explications circulent : la très forte demande du côté néerlandophone qui l’accaparait de plus en plus et la fin d’une époque familiale au sein du journal dont l’esprit de groupe se diluait à mesure que sa pagination augmentait.

Malgré un succès populaire jamais démenti en Flandre et aux Pays-Bas, le créateur de Bob & Bobette reste méconnu du public francophone. Cette exposition estivale permet de réparer en partie cette lacune.

(par Morgan Di Salvia)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photos © M. Di Salvia

L’exposition "Willy Vandersteen, l’épopée bruxelloise" est accessible du 24 juin au 27 septembre 2009, à l’Hôtel de Ville, Grand Place de Bruxelles.

VOIR EN LIGNE :

Le site officiel de Bob et Bobette

Le site de Bruxelles BD 2009

 
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10 Messages :
  • "assez méconnu des lecteurs francophones"

    n’aurait-il pas fallu écrire "assez méconnu des lecteurs français", car pour autant que j’en puisse juger les albums de francophones sont toujours bien vendus en Belgique francophone

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    • Répondu par Morgan Di Salvia le 24 juin 2009 à  19:46 :

      Disons que j’élargissais aux francophones de Suisse ou du Québec, et pas uniquement aux Français.

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  • C’est beaucoup plus grave que ça.
    Hergé et Vandersteen, surtout Vandersteen quitta le Journal Tintin car il y avait une incompatibilité d’humeur entre les deux auteurs.
    En effet Vandersteen était un homme sincère franc et généreux tandis qu’Hergé, hé bien, ce n’était pas réciproque.
    Hergé déclarait que Vandersteen était le Rembrant de la BD puis déclarait à l’insu de Vandersteen que ce dernier était vulgaire, que sa bd était médiocre etc...
    Vandersteen finit par en avoir marre de l’hypocrisie d’Hergé et rentra chez lui en Flandre pour forger son propre studio.
    Plus tard Tibet se moqua de Vandersteen dans ses aventures de Chik bill dans l’album "La bande à K Ordinn" où le caractère industriel des studios Vandersteen était dénoncé.
    Tibet a toujour été le défenseur d’Hergé, cela traduit bien les tensions du journal.
    Précision Vandersteen était un ami personnel de Bob de Moor et de Greg.

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    • Répondu le 24 juin 2009 à  23:06 :

      C’est bizarre de voir comme il est de bon ton de cracher sur Hergé.

      Il ne faudrait pas confondre l’attitude détestable de Moulinsart S.A et Hergé qui était quelqu’un de courtois, poli et terriblement humain.

      Il était très exigeant, envers lui-même et envers les autres, ça n’attire pas les sympathies, et l’énorme succès (bien mérité) de Tintin a créé des jalousies et beaucoup de rancoeur.

      Aujourd’hui restent les oeuvres. À nous de les juger avec le recul des années.

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      • Répondu par dupont le 25 juin 2009 à  12:59 :

        Je dirais même plus , Hergé était jaloux de vandersteen car aux référendum ses personnages avaient un meilleur score que ceux de Hergé.

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        • Répondu par JM le 26 juin 2009 à  12:47 :

          Hergé était jaloux de tout le monde, il était jaloux du succès d’Astérix et en souffrit même physiquement ; il était jaloux de Jacobs quand il réalisa qu’un album de B et M sorti en même temps que "Les Sept Boules de Cristal" avait une meilleure vente, il était jaloux de Vandersteen quand Bob et Bobette avaient un meilleur résultat au référendum du journal Tintin, il était jaloux de Franquin, de Peyo et de Jijé.
          C’est surtout après son mariage avec Fanny qu’il eu la grosse tete et alors qu’il n’accordait plus grande attention à Tintin en laissant tout de travail à ce pauvre Bob de Moor qu’il orienta ses efforts pour se faire passer pour "le Père de la BD Européenne".
          C’était déjà à ses yeux, lui le plus grand , le plus beau , le plus fort.
          Croyez moi , Moulinsart SA n’a rien inventé de neuf....

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          • Répondu le 26 juin 2009 à  21:02 :

            Comme il est dit plus haut,c’est bizarre de voir comme il est de bon ton de cracher sur Hergé.

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            • Répondu par Flocon le 30 juin 2009 à  12:29 :

              Il n’est pas question de cracher sur Hergé, ni sur personne d’ailleurs mais de témoigner de la vérité face à l’océan de désinformation propagée par les tintinolâtres et destiné à accroître la valeur spéculative de leur butin de vieilleries tintinophiles.
              hergé lui même se moquait parfois de ces fous qui collectionnaient n’importe quelle bêtise liées à Tintin pour pouvoir la revendre ensuite plus cher à d’autres tintinophiles.
              C’est en disant la Vérité qu’on arrivera peut-être à calmer la frénésie de ces spéculateurs.
              HERGE ETAIT UN SIMPLE ILLUSTRATEUR, rien d’autre !

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  • Le sujet c’est Vandersteen et on se retrouve à parler Hergé.
    Ca veut tout dire. Ca n’arriverait pas aux néerlandophones.

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    • Répondu le 23 juillet 2009 à  18:33 :

      En plus, peu importe les caractères des auteurs, ce qui nous intéresse c’est leur œuvre, point. Hergé était un génie absolu et Vandersteen un excellent auteur. Comparez les caractères si ça vous passionne, mais ne comparez pas les auteurs...

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