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Buck Danny - L’Intégrale T. 11 - Par Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier - Ed. Dupuis

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 janvier 2016                      Lien  
Le moment est solennel : ce volume clôt la collection des Buck Danny dessinés par Victor Hubinon. Outre la publication des trois dernières, et excellentes, aventures de l'aviateur au menton carré et de ses acolytes, c'est l'occasion de la publication d'un dossier absolument passionnant signé Patrick Gaumer.

La sélection d’Angoulême est beaucoup trop snob pour distinguer Buck Danny dans son Prix du patrimoine. Cette vieille baderne américaine conçue par des Belges, vous n’y pensez pas ? Et pourtant, a-t-on bien lu Buck Danny ? A-t-on tenté de le lire avec ouvert à ses côtés un précis de l’histoire géopolitique de l’après-guerre ? Cet exercice doit encore être fait.

Dans un texte que reproduit cette intégrale, Jean-Michel Charlier écrit : "Il serait fastidieux de continuer à vous dévoiler ici toutes les sources auxquelles j’ai pu puiser en vingt-cinq ans pour faire vivre en pleine actualité Buck Danny, Tumbler et Tuckson".

Buck Danny - L'Intégrale T. 11 - Par Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier - Ed. Dupuis
Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. Leur série Buck Danny est un incontournable classique de la BD belge.
Photo DR - (c) Dupuis

De fait, ces récits publiés entre 1972 et 1978 (La Vallée de la mort verte, Requins en mer de Chine et La Reine fantôme - "Ghost Queen"), qui sont les derniers de Victor Hubinon disparu le 10 janvier 1979, s’appuient sur une solide documentation que les auteurs ont accumulée depuis des années en parcourant le monde, pour l’un, réalisateur et producteur de documentaires pour la télévision ; en accumulant photos, maquettes et autres documents pour l’autre. Patrick Gaumer, qui a par ailleurs fort à faire pour parler du contexte éditorial de la publication de ces histoires, et ceci dans un espace limité, se contente d’esquisser cette analyse.

Car c’est un cas étrange que cette série, capable d’une précision documentaire quasiment prophétique s’agissant des innovations les plus en pointes de l’aéronautique, et en même temps plus qu’elliptique en ce qui concerne l’analyse géopolitique des différents terrains d’opération évoqués, d’ailleurs le plus souvent métaphoriquement.

Il y a une raison à cela et Gaumer l’explique très bien : il est un organisme qui surveille et poursuit Buck Danny avec plus de pusillanimité encore Lady X elle-même : la censure française qui juge notamment Requins en mer de Chine "violent et raciste". Rien que cela !

Tout cela, et bien d’autres choses, car Gaumer évoque par le détail les relations entre Jean-Michel Charlier et ses différents éditeurs de l’époque : Dupuis, Dargaud et Koralle Verlag, est parfaitement contextualisé dans la préface qui regorge d’informations passionnantes, notamment sur le succès international et critique de la série. Un paradoxe dans ces années post-1968 où la caste militaire n’est pas des mieux perçues auprès des jeunes dans un contexte de décolonisation et de délitement progressif de l’URSS et du bloc communiste.

La parenthèse Hubinon s’achève sur une carrière solide et impeccable. Bientôt, après quelques péripéties, la série sera confiée au talentueux, et très compétent lui aussi, Francis Bergèse. On referme ce dernier volume avec le sentiment d’avoir vécu un moment unique et singulier de l’histoire de la BD belge, un classique encore peu étudié, que les artisans de la sélection officielle d’Angoulême pourront continuer de snober avec leur fatuité coutumière. Tant mieux : rien n’est plus vulgaire que les plaisirs consommés par tous.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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