Suite à la grande guerre qui a vu les Ieretiks envahir leur état, et massacrer leur famille, les soldats du Velikiistok, et leur Imperator, ont bâti une ligne de front de 10.000 km de long : la Demarkacia. La plus haute chaîne de montagnes du pays a été renforcée par 90 bunkers et 900 miradors où sont cantonnés plus de 13.500 soldats surentraînés. Est-ce grâce à cette militarisation à outrance qu’aucun Ieretik n’a été signalé depuis 17 ans ? Mais cela ne peut pas être la proche tribu Troglodyte, vivant comme des Cro-magnons, qui aurait massacré les deux dernières patrouilles. Protègent-ils vraiment une porte vers un autre monde, peuplé de dieux aussi gigantesques que dangereux ? Le mont Ulù-Teliak, sommet inviolé de 11.628 m, n’a pas encore révélé ses mystères, ce qu’il cache en son sein. A 7000 m d’altitude, le bunker 37 devra y trouver les réponses à ces questions, et aller au-delà de la logique humaine.
Après le succès de Sanctuaire [1], scénarisé par Xavier Dorison, Christophe Bec reprend le thème des militaires en huis clos face à des forces qui les dépassent. Co-scénarisé avec Stéphane Betbeder, Bunker bénéficie d’une solide toile de fond : un descriptif plausible d’un régime totalitaire, accompagné de son glossaire pour adopter au mieux ses rouages et sa hiérarchie. Dans ce premier tome, l’accent est mis sur le développement des personnages. Moment de calme relatif avant la tempête, on peut à loisir comprendre les motivations de chacun ; même l’action savamment distillée amène la tension à son point culminant jusqu’au (prochain) point de rupture.
Ayant exploré le vide galactique dans Zéro absolu [2], et les profondeurs abyssales de Sanctuaire, Christophe Bec s’élève donc parmi les cimes enneigées. Mis à part les décors qui réjouiront les fans de montagne, on reste dans le même univers de soldats qui affrontent les éléments contraires. Les amateurs de Sanctuaire retrouveront avec joie le dessin hyperréaliste de Bec, certains lecteurs regretteront le visage lisse de ses personnages, qui laissent peu transparaître leurs émotions. Néanmoins, sa palette graphique nous entraîne aisément dans ce monde de doute, et le rendu des hélicoptères et des chars de combats est éblouissant.
Ce premier album, d’une série qui en comptera cinq, nous plonge avec plaisir et angoisse dans les mystères de la montagne (et au-delà). Peu de nouveautés scénaristiques et graphiques, mais le décor est adroitement planté pour que la sauce prenne agréablement. Espérons que la suite sera à la « hauteur » et tiendra les promesses du battage publicitaire qui entoure ce premier tome.
(par Charles-Louis Detournay)
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[1] 3 albums parus chez les Humanoïdes Associés
[2] Trois albums et l’intégrale parus chez Soleil