Nous avions été les premiers en France à lever le lièvre en janvier dernier : un possible rachat de Flammarion par Gallimard. Après de fermes démentis, puis des confirmations de plus en plus précises, c’est aujourd’hui chose faite, sous réserve de quelques formalités syndicales.
Le groupe Flammarion était entré dans la bande dessinée (outre ponctuellement, avec l’édition de Maus de Spiegelman, par exemple) en 1995 en rachetant les très rentables éditions Fluide Glacial à Marcel Gotlib & Jacques Diament, à l’instigation de Jacques Sadoul soucieux d’assurer un fond de bande dessinée aux éditions de poche J’ai Lu, filiale du groupe.
Cette acquisition lui donna de l’appétit et c’est finalement l’un des fleurons du secteur, Casterman, l’éditeur de Tintin qui fut surnommée il fut un temps "le Gallimard de la BD", qui tombe dans son escarcelle en 1999.
Était-ce pour embellir la mariée ? C’est possible, car Casterman devint rapidement l’une de ses filiales les plus rentables du groupe et Flammarion fut rachetée par RCS Médiagroup en 2000. Un groupe qui détient aussi l’éditeur italien Rizzoli, le quotidien Corriere della Sera, le journal sportif La Gazzetta dello Sport et le journal espagnol El Mundo. Mais un endettement à hauteur de 980 millions d’euros obligea le groupe italien à réduire la voilure, Flammarion constituant un des actifs les plus sains.
« La BD de Gallimard »
Très tôt, Gallimard tourna autour du dossier, au point qu’après quelques péripéties, l’éditeur germanopratin obtint le 22 mai une négociation exclusive avec RCS. L’affaire se conclut donc, seulement suspendue par une rencontre avec les syndicats et l’agrément des autorités sur la concurrence, choses qui ne devraient pas rencontrer d’obstacles.
L’ensemble des deux groupes totalise un chiffre d’affaires d’environ 470 millions d’euros.
Dans le domaine de la bande dessinée, Gallimard contrôlera directement onze labels : Gallimard jeunesse, Gallimard-Bayou, Denoël Graphic, Futuropolis, Casterman, KSTR, Fluide Glacial, Sakka, Jungle !, Flammarion et J’ai Lu, ce qui en fait un poids lourd du secteur - avec en particulier Tintin comme joyau de la couronne.
Si le profil éditorial ne devrait pas être considérablement modifié, la période tendue que nous vivons en librairie rendent cependant les restructurations possibles. Mais c’est au niveau de la diffusion et de la distribution que se posent les premières questions : Les labels respectifs resteront-ils diffusés par la CDE-Sodis et par Flammarion ? Réponse dans quelques semaines.
Casterman n’a désormais plus besoin de s’appeler "le Gallimard de la BD". La maison belge est devenue "la BD de Gallimard".
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Dessin d’Hergé - Tintin (C) Casterman / Moulinsart
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