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C’est officiel : Tintin passe dans le groupe Gallimard

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 juin 2012                      Lien  
On l'apprend par une dépêche AFP, RCS Mediagroup aurait accepté ce mardi 26 juin le rachat pour 251 millions d'euros, de sa filiale française Flammarion, maison-mère de Casterman, notamment éditrice de Tintin, et de Fluide Glacial.

C'est officiel : Tintin passe dans le groupe Gallimard Nous avions été les premiers en France à lever le lièvre en janvier dernier : un possible rachat de Flammarion par Gallimard. Après de fermes démentis, puis des confirmations de plus en plus précises, c’est aujourd’hui chose faite, sous réserve de quelques formalités syndicales.

Le groupe Flammarion était entré dans la bande dessinée (outre ponctuellement, avec l’édition de Maus de Spiegelman, par exemple) en 1995 en rachetant les très rentables éditions Fluide Glacial à Marcel Gotlib & Jacques Diament, à l’instigation de Jacques Sadoul soucieux d’assurer un fond de bande dessinée aux éditions de poche J’ai Lu, filiale du groupe.

Cette acquisition lui donna de l’appétit et c’est finalement l’un des fleurons du secteur, Casterman, l’éditeur de Tintin qui fut surnommée il fut un temps "le Gallimard de la BD", qui tombe dans son escarcelle en 1999.

Était-ce pour embellir la mariée ? C’est possible, car Casterman devint rapidement l’une de ses filiales les plus rentables du groupe et Flammarion fut rachetée par RCS Médiagroup en 2000. Un groupe qui détient aussi l’éditeur italien Rizzoli, le quotidien Corriere della Sera, le journal sportif La Gazzetta dello Sport et le journal espagnol El Mundo. Mais un endettement à hauteur de 980 millions d’euros obligea le groupe italien à réduire la voilure, Flammarion constituant un des actifs les plus sains.

« La BD de Gallimard »

Très tôt, Gallimard tourna autour du dossier, au point qu’après quelques péripéties, l’éditeur germanopratin obtint le 22 mai une négociation exclusive avec RCS. L’affaire se conclut donc, seulement suspendue par une rencontre avec les syndicats et l’agrément des autorités sur la concurrence, choses qui ne devraient pas rencontrer d’obstacles.

L’ensemble des deux groupes totalise un chiffre d’affaires d’environ 470 millions d’euros.

Dans le domaine de la bande dessinée, Gallimard contrôlera directement onze labels : Gallimard jeunesse, Gallimard-Bayou, Denoël Graphic, Futuropolis, Casterman, KSTR, Fluide Glacial, Sakka, Jungle !, Flammarion et J’ai Lu, ce qui en fait un poids lourd du secteur - avec en particulier Tintin comme joyau de la couronne.

Si le profil éditorial ne devrait pas être considérablement modifié, la période tendue que nous vivons en librairie rendent cependant les restructurations possibles. Mais c’est au niveau de la diffusion et de la distribution que se posent les premières questions : Les labels respectifs resteront-ils diffusés par la CDE-Sodis et par Flammarion ? Réponse dans quelques semaines.

Casterman n’a désormais plus besoin de s’appeler "le Gallimard de la BD". La maison belge est devenue "la BD de Gallimard".

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

En médaillon : Dessin d’Hergé - Tintin (C) Casterman / Moulinsart

 
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3 Messages :
  • C’est officiel : Tintin passe dans le groupe Gallimard
    27 juin 2012 22:54, par Oncle Francois

    Je suppose que cela en ferait le deuxième groupe d’édition BD en France, après Media Participations. Je n’ai pas trop le goût des chiffres, pouvez vous confirmer ? Ou sinon, à quelle place se sitierait-il ? Quoi que l’on dise, je ne suis pas persuadé que Gallimard aime vraiment la BD, car sinon, ils en auraient édités au cours du siècle dernier, ce qui ne fut pas le cas si l’on exclut leur reprise de Futuropolis. Donc le dirigeant actuel essaie t’il de rattraper un manque flagrant, maintenant que la BD n’est plus le parent pauvre et pestiféré de l’édition ? "Mieux vaut tard que jamais", comme dit l’homme qui du mal à se lever le matin !

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    • Répondu le 28 juin 2012 à  11:05 :

      Dans le titre, il est mentionné "Groupe Gallimard". Pour un groupe, celui-ci ou un autre (à cette échelle, on ne parle plus d’éditeur), la question n’est pas de savoir s’ils aiment ou pas ce qu’ils publient mais comment occuper le terrain. Il n’y a donc plus beaucoup de rapport avec les éditions Gallimard du siècle dernier.

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      • Répondu par Jacques Langlois le 3 juillet 2012 à  21:15 :

        Je doute fort que la catalogue Tintin ait été un élément déterminant dans la décision d’Antoine Gallimard de se porter acquéreur de Flammarion. C’est au mieux la cerise sur le gâteau...Les familles Flammarion et Gallimard ont dominé l’édition en France au siècle dernier et ont été rivaux pour le leadership dans le domaine de la littérature générale (romans et essais) : racheter Flammarion a sans doute un parfum particulier pour les Gallimard. Leurs fonds sont complémentaires (et leurs réseaux de distribution...supplémentaires, ça, c’est le point négatif) ; la patronne de Flammarion a longtemps été le bras droit de Gallimard. La BD, dans tout ça, me paraît très secondaire dans le deal (ce qui ne m’empêche pas de me féliciter de voir Casterman rejoindre une "marque" aussi prestigieuse que Gallimard)

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