Journaliste à l’Obs, Doan Bui suit le procès Merah. Entre les plaidoiries, les réquisitoires, les discussions avec les collègues, la vie de famille, et ses propres interrogations, une période de grande agitation commence. Au-delà du choc que représente la trame judiciaire, elle livre ses sentiments au jour le jour, notamment la grande émotion ressentie face aux témoins et aux survivants.
C’est un journal de procès, comme on en a lu d’autres. Sous le trait élégant et clair de Leslie Plée, les événements sont narrés avec une pédagogie appliquée. A tel point que l’album pourrait très bien viser un public ado, et entrer dans une collection dédiée. Pour ceux qui connaissent bien l’actualité, et qui n’ignorent rien des récentes affaires terroristes françaises, cet album n’apportera que la sensibilité des auteures. C’est là toute la limite de l’exercice. L’émotion de Doan Bui, mère de famille concernée, devant l’horreur de son "sujet", apparaît certes très sincère, mais pourquoi alors avoir choisi ce sous-titre ? Le procès Merah et moi serait plus juste.
Cet aspect intime touchera les apprentis journalistes, et -encore une fois-le jeune public. Sortant de son univers habituel, Leslie Plée parvient à gérer la gravité du sujet avec une pudeur convaincante. Elle réussit à apporter des précisions au bon moment (certaines mimiques des accusés particulièrement justes) tout en gardant un brin de fantaisie. On pourra également pointer quelques apports informatifs notables : la diffusion du radicalisme en prison et les techniques -peu reluisantes- de ténors du barreau comme Eric Dupont-Moretti.
Le récit en lui-même manque de direction, sans être ennuyeux. Mais il peut très bien alimenter des discussions familiales enrichissantes. Y compris dans les milieux scolaires.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.