Yechezkel Damjanich est un violoniste juif de 23 ans, désargenté et vivant avec sa mère survivante des camps de la mort, dans le Budapest d’après-guerre. La promesse d’une vie meilleure naît dans son esprit ingénu lorsqu’arrive de Palestine une lettre de son oncle, propriétaire d’un café à Jérusalem : le Café Budapest. Si le frère de sa mère est aimé du jeune homme, il n’en est pas de même pour cette femme brisée par Birkenau et par la disparation de son mari, pour qui l’espoir n’existe plus. Yechezkel finit par convaincre sa mère de la nécessité de ce départ et, au printemps de cette année 1947, tous deux descendent enfin du bateau en Palestine et se rendent à Jérusalem où vivent toujours ensemble Arabes et Juifs et... Britanniques, car le pays est encore sous le mandat du Royaume-Uni. La fiction de leurs destins individuels va dès lors rencontrer la grande Histoire des peuples…
Le jeune artiste espagnol Alfonso Zapico (27 ans au moment de la réalisation de cet album) se pose en auteur complet, avec un récit documenté, alternant la légèreté d’un amour naissant entre ce violoniste sioniste et une jeune maraîchère arabe ou encore la figure joviale de l’oncle, à la dramaturgie de moments sombres de l’Histoire passée et présente, soulevant la question du silence terrible des survivants des camps de la mort et des destins brisés. Au service de ce récit toujours lumineux d’espoir, l’artiste nous offre un noir et blanc dense, parfois légèrement vibrant, mais toujours d’une grande expressivité.
(par Louis GIRARD)
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