Dans ce troisième et dernier Cahier Baudelaire, Yslaire choisit de donner la parole à Jeanne Duval pour apporter un éclairage sur l’homme, un homme malade, tiraillé entre Madame Aupick, sa mère, qui l’a mis sous tutelle pour limiter son train de vie dispendieux et Jeanne, sa maîtresse, dont le passé et le contexte de leur rencontre restent un mystère.
Comment déflorer la poétique dissonante de Baudelaire, si ce n’est par l’omniscience de Jeanne dans son univers tourmenté, où le sexe, les paradis artificiels, la mort et les fêlures de l’amour ont fait éclore Les Fleurs du Mal ?
Yslaire ne fait cependant pas abstraction du contexte socio-politique qui révolte le dandy, témoin d’un Paris transformé par la Révolution industrielle, en pleine mutation urbaine et politique. Baudelaire arpente l’Île Saint-Louis et ses abords quand l’énigmatique Jeanne lui ronge l’âme telle une sphinge.
On entrevoit également les amis de Baudelaire, ceux qui ont compté dans sa vie ou qu’il a admirés, tels Constantin, Courbet, Nadar, Nerval, Byron, Poe, Hugo ... Ils traversent élégamment cette évocation biographique.
Yslaire capte les caractéristiques de la poésie Baudelairienne par une esthétique brute et épurée avec le croquis et l’esquisse comme « avant-texte » de l’œuvre définitive. Ce voyage onirique dans la vie et l’âme du poète ressemble à une quête sur le processus de la création. De cette quête de l’absolu dans la dualité et de la chair qui se fait verbe, Yslaire en a puisé justement la quintessence.
Cette revisite de la vie de Baudelaire selon Yslaire est l’occasion de redécouvrir les sublimissimes Fleurs du Mal. À l’instar des deux précédents, ce troisième tome des Cahiers Baudelaire est limité à un tirage de 2 500 exemplaires.
(par Nadine RIU)
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© Baudelaire Cahiers, Tome 3, Dupuis, 2021