Captain America : Sam Wilson T3 – Par Nick Spencer, Paul Renaud, Angel Unzueta & Daniel Acuña – Panini Comics

Ce troisième tome de la série Captain America : Sam Wilson continue de présenter, sous la direction du scénariste Nick Spencer, un personnage principal qui a du mal à se positionner dans la société.

En effet, si Sam Wilson (le héros précédemment connu sous le nom du « Faucon ») a repris le bouclier de Captain America [1], de nombreux Américains se sont détournés de ce symbole ; par opposition idéologique (Sam n’hésite pas à s’engager sur le plan politique pour défendre ses convictions) ou tout simplement par racisme. Les choses ne s’arrangent par ailleurs pas quand un cube cosmique a refaçonné la réalité et a redonné à Steve sa jeunesse perdue !

En plus de devoir faire ses preuves en tant que Captain America, Sam va devoir aussi gérer la pression des personnes qui souhaiteraient que Steve récupère désormais le bouclier... Situation d’autant plus périlleuse que dans le secret, le cube cosmique a réécrit l’histoire de Steve et a ainsi fait de lui un agent dormant de l’HYDRA ! Est-ce que Steve Rogers, nouvellement fasciste, va pousser Sam à la faute sans que ce dernier sans rende compte et ainsi favoriser la disparition de la démocratie aux États-Unis ?

Un pays de plus en plus divisé, une police privée au service des collectivités locales qui n’hésite pas à bafouer les droits civiques de catégories ciblées de la population... Sam Wilson a du pain sur la planche pour rassembler le pays autour de lui et des valeurs qu’il défend.

© Marvel

Autant l’avouer, ce tome a une nouvelle fois fait naître un avis assez mitigé dans notre esprit : s’il est très plaisant dans un Comic grand public de voir exposer des thèmes sociaux et politiques importants (voire clivants), il nous apparaît assez dommageable que cela ce fasse au détriment d’une intrigue qui peine à s’envoler ou à proposer des antagonismes forts au héros. En effet, Sam a plus fort à faire avec les hommes politiques du parti républicain ou les idéologues de droite que de faire face à des super-vilains (même si pour certains politisés dans leur action) ; ce qui nous semble dommageable pour l’intrigue globale qui nous semble encore relativement légère.

Il n’en demeure pas moins que ces thèmes politiques continuent pour certains de réellement faire mouche et de donner un intérêt à la série, comme celui de la place des Afro-Américains dans la société américaine aujourd’hui. Sam continue ainsi d’être tiraillé entre un pays qui est incarné par le symbole qu’il représente et une communauté qui attend plus d’actes forts de sa part pour parvenir à une égalité sociale véritable, ce qui permet au personnage de continuer de capter l’empathie des lecteurs. En ce qui concerne par ailleurs l’écriture des personnages, seul Sam ressort véritablement du lot, mais aussi le jeune super-héros Rage qui souhaiterait que le nouveau Captain America fasse beaucoup plus pour le sort des Afro-Américains.

Sur le plan graphique, cet album est très bien servi par une équipe de dessinateurs talentueux qui se succèdent au gré des chapitres. On retiendra ici particulièrement les planches proposées par Paul Renaud ou Daniel Acuña.

Le troisième tome de Captain America : Sam Wilson est une lecture qui peut valoir le coup d’œil, mais qui ne réinvente pas encore le personnage ou la place qu’il occupe dans l’univers Marvel. À conseiller peut-être aux lecteurs qui souhaitent découvrir aussi l’influence de la présidence étasunienne actuelle sur l’art grand public contemporain du pays.