Ce dessinateur inspiré par l’encreur miraculeux de Will Eisner, Lou Fine, est l’un des artistes les plus talentueux du Silver Age, pour ainsi dire une légende du comic-book. Il assigne aujourd’hui son éditeur DC Comics, filiale du groupe Time Warner, devant un tribunal « pour infraction de la loi sur le copyright », réclamant un dédommagement de l’ordre de 4 millions de dollars (environ 3.6 millions d’euros).
Le dessinateur dit que c’est une interview du PDG de Warner qui cita ces personnages sans même mentionner leurs auteurs qui le décida à poursuivre cette action. Il n’est pas interdit de penser que l’énorme succès du film Spider-Man avec ses 800 millions de US$ de revenus, lançant une déferlante d’adaptations de super-héros au cinéma a pu également lui suggérer de faire valoir ses droits auprès d’un tribunal. Qui ne tente rien n’a rien. Car, comme pour ses prédécesseurs Siegel et Shuster, les créateurs de Superman, ou encore Jack Kirby, le dessinateur des X-Men et de Spider-Man, ce genre de revendication a toujours eu une portée limitée.
En ce qui concerne Flash cependant, Carmine Infantino, qui fut un temps président de la compagnie DC Comics, prétend qu’il n’a concédé à cette éditeur que les seuls droits d’édition du personnage, pas les droits d’adaptation cinématographique. Si cette revendication était fondée, ce serait un sale coup pour la maison new-yorkaise et une bonne affaire pour l’auteur. L’éditeur new-yorkais a cependant les moyens d’allumer des contre-feux : Infantino n’est après tout que co-créateur de ces séries et n’est pas le créateur de Flash, créé en 1940, tandis que Batgirl est un clone réussi se son ancêtre Batwoman. Aussi talentueux soit-il, son apport à l’œuvre n’est donc que partiel. Cette stratégie a toujours été soigneusement appliquée par les éditeurs américains, très rétifs au droit d’auteur à l’européenne. Par ailleurs, DC Comics et Warner affirment qu’une transaction avait déjà été conclue et payée à cet auteur il y a quelques années, avant qu’il ne revienne à la charge une nouvelle fois.
De là à penser que cette action n’est qu’un moyen d’exercer une faculté de nuisance sur des projets cinématographiques en cours et qu’elle ne se conclue finalement par un gros chèque, il n’y a qu’un pas.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Carmine Infantino ©Creative Mix