Carthagène, c’est en Colombie, sur la côte qui fait face à la Mer Caraïbe, au Nord de l’Amérique du Sud. Le lieu, un ancien grand port négrier, est attaché au souvenir de Gabriel Garcia Marquès, l’auteur de Cent ans de solitude. Loustal et Depardon s’y sont rendus ensemble. À l’affût de la moindre lumière, de la moindre sensation. Depardon a sélectionné une cinquantaine de clichés. Loustal, qui a fait une prise de notes avec son appareil numérique et de nombreux croquis, a retranscrit à travers 38 dessins réalisés dans son atelier parisien les choses qu’il a perçues. Cela donne des images qu’il est intéressant de comparer.
D’abord au niveau de la focale. Chez Depardon, il y a une composition forte, avec une multitude de détails, la focale se fixe sur la matière sculptée par la lumière. Chez Loustal, la matière est le dessin et son support, le papier. le grain, déjà, n’est pas le même. Les formes sont schématiques, ne s’embarrassent pas de détails, alors qu’ils pullulent chez le photographe. On va vers une volonté de compréhension de l’image chez le dessinateur qui fait intervenir l’arbitraire de sa subjectivité, alors que photographe est objectif, fait surgir le sens par sa composition.
Il y a les couleurs enfin, minérales chez le photographe, apaisées et translucides chez le dessinateur qui se concentre le plus souvent sur l’anecdote, soulignant d’un rouge vermillon le sang d’un poisson évidé par le pêcheur tandis qu’un pélican reluque les abats. La scène chez Depardon est la même, mais Loustal la raconte, tandis que le photographe vous invite à partager l’instant en restant à distance.
Chaque image est commentée brièvement par les artistes. Belle idée, jolie rencontre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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