Construite comme un puzzle, l’intrigue de ce premier album situé dans un futur très proche n’a aucune peine à retenir l’attention du lecteur. On y découvre, dans une partie de l’Océan pacifique aux mains de la Carthago, entreprise de forage en eaux profondes, la présence d’un requin gigantesque tout droit venu de la préhistoire, qui, comme le célèbre Cœlacanthe, aurait dû avoir disparu depuis longtemps. Mais la multinationale cache cette découverte, pour des raisons purement pécuniaires.
Se greffent sur cela des océanographes secrètement engagés par un groupe pour enquêter sur ce mystère. Le couple est accompagné de sa fille encore enfant dont la personnalité semble aussi recéler quelques zones d’ombre.
Christophe Bec nous propose donc une jolie mise en bouche avec ce premier volet d’une histoire qui devrait en compter huit. Le suspense marche bien, même si les méchants ont l’air vraiment méchants (le dirigeant de la Carthago porte même une cagoule dissimulant son visage abîmé !), ce qui semble laisser peu de place à une quelconque complexité psychologique. Mais peut-être sera-t-on surpris par les prochains tomes.
Le dessinateur Eric Henninot réalise un très agréable travail à la narration solide et jamais ennuyeuse, où les cases ne semblent pas trop remplies, malgré la volubilité parfois un peu excessive des dialogues explicatifs. Le dessin est réaliste sans excès, offrant une variété de visages et de personnages qui donnent bien vie au scénario.
Vers où se dirige l’intrigue de cette série ? On serait bien en peine de le dire, ce qui n’est pas du tout désagréable. Mais comme Delenda Est Carthago [1], on peut se demander combien de temps la multinationale va tenir...
(par François Peneaud)
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[1] Locution latine que prononçait Caton l’Ancien au début et à la fin de chaque discours devant le Sénat romain. La version complète est « Ceterum censeo Carthaginem delendam esse », « En outre, je pense que Carthage [une ville située en Afrique du Nord, ennemie de Rome] est à détruire ». NDLR