On s’attendait à ce que le rachat du groupe Flammarion fasse des vagues : il n’est jamais facile d’intégrer une activité aussi complexe et personnelle que celle de l’édition.
Une fois Flammarion rachetée, qu’en est-il de Casterman ? En dépit de quelques propos inquiétants, l’éditeur germano-pratin se voulait rassurant : les équipes éditoriales n’étaient pas remises en cause, les seuls changements à venir le seraient au niveau de la distribution.
Mais c’était compter sans les personnes qui animaient ces équipes au premier rang desquelles Louis Delas, la patron de Casterman. Ce passionné de rugby originaire des landes avait fait ses débuts d’éditeur dans la bande dessinée en dirigeant Vents d’Ouest, alors une filiale des éditions Hatier. Rachetée par Glénat, il y poursuit son activité jusqu’à ce qu’il devienne le Directeur Général des éditions Casterman.
Lors du rachat de celles-ci par les éditions Flammarion, il prend la direction du pôle BD / jeunesse du groupe qui comprend les labels de BD Casterman et Fluide Glacial et Jeunesse Père Castor et Autrement Jeunesse. Dans le domaine de la BD, il redynamise le catalogue un peu endormi de l’éditeur tournaisien, rachetant successivement les droits de Bilal et de Margerin, développant les grandes séries classiques de la maison, défendant bec et ongles son catalogue face aux ambitions de Nick Rodwell et des éditions Moulinsart. Il a notamment présidé le groupe BD du Syndicat national de l’Édition.
Au moment du rachat de Flammarion par Gallimard, il se pose la question de son avenir : Il a la possibilité de travailler dans la maison familiale fondée par son arrière-grand-père, L’École des loisirs, un label qui a une belle position dans l’édition jeunesse.
Mais, face aux enjeux actuels de l’édition, il lui préfère une autre option : un projet d’alliance entre L’École des loisirs, Casterman et Gallimard afin de développer la synergie entre les deux catalogues. Un projet autant professionnel que patrimonial.
Mais Antoine Gallimard ne souscrit pas à cette proposition. Par voie de conséquence, Louis Delas démissionne de son poste de PDG à la fin de cette année : "Je respecte la décision d’Antoine Gallimard, nous dit Louis Delas. Je suis triste de quitter cette société que j’aime profondément et dont les équipes sont formidables."
Pour l’heure, les auteurs sont dans le désarroi. Ceux que nous avons pu contacter sont dans l’inquiétude : le marché est particulièrement difficile et la gestion d’un catalogue comme celui de Casterman demande une certaine technicité. Succéder à Louis Delas ne sera certainement pas une chose aisée. Son départ de Casterman n’est pas une bonne nouvelle pour l’industrie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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