Après le tollé suscité par le dernier festival d’Angoulême, il fallait qu’ActuaBD désigne une femme comme « personnalité de l’année 2016 ». Ce n’est pas la première fois. Cette distinction qui se remet le 31 décembre de chaque année avait déjà distingué Fanny Rodwell en 2011 et si la parité n’est pas généreusement respectée dans les lauréats – une société, un groupe et même un héros de BD peuvent être distingués – il nous semble que les élus ont été jusqu’ici légitimes, jugez-en :
2015 : Charlie Hebdo
2014 : Marcel Gotlib
2013 : Spirou
2012 : Albert Uderzo
2011 : Fanny Rodwell
2010 : Jean Van Hamme
ActuaBD compte une trentaine de contributeurs et deux contributrices qui viennent combler chaque année votre soif d’informations et qui sont le mieux renseignés sur le petit monde de la bande dessinée. Au départ, la liste des nominés titrait dans tous les sens. Des auteurs Zidrou, Wilfried Lupano, Jean-Claude Mézières, Riad Sattouf, Yves Bigerel, dit Balak, Jul, un personnage : Lucky Luke, un éditeur : Olivier Sulpice (Bamboo) et même un organisateur de festival, Franck Bondoux, salué pour sa résistance face à l’adversité ont été évoqués…
Mais c’est finalement Catherine Meurisse qui l’emporte.
Une autrice de premier plan
« Avec « Scènes de la vie hormonale » et « La Légèreté » (Ed. Dargaud) Catherine, qui a échappé au massacre de Charlie Hebdo (où ses amis et mentors ont été tués, dit Didier Pasamonik, avance face à la barbarie la fantaisie, l’humour et l’art comme antidote à la gravité ambiante qui a fait suite aux attentats. Tout esprit de résistance repose sur la résilience de chacun. Catherine Meurisse est une autrice de premier plan (on pense à Bretécher) qui a marqué l’année et qui marquera son époque. »
« Elle a réussi à se sublimer par le dessin, l’immersion totale dans la beauté de l’art (le fameux syndrome de Stendhal) pour surmonter le deuil de son journal et de ses amis perdus, ajoute Morgan di Salvia. Elle a sorti deux albums gracieux, drôles, élégants, qu’elle a défendus avec une classe folle. »
Frédéric Hojlo n’est pas en reste : « J’ajouterais la subtilité de ses interventions publiques à l’indéniable qualité des livres qu’elle a publiés cette année. Elle représente en outre deux choses qui, à titre personnel, me tiennent à cœur : elle réalise une sorte de trait d’union entre l’art dit « académique » et la bande dessinée (et cela ne date pas de "La Légèreté") ; et elle représente à mon sens un « post-féminisme » qui est la vraie modernité (une féminité assumée mais qui n’est qu’une des facettes de son identité et qui ne sert pas de prétexte, à l’instar de ce que l’on peut trouver chez une Claire Bretécher ou une Florence Cestac). »
Patrice Gentilhomme conclut en affirmant que « "La Légèreté" restera comme un album incontournable de cette année 2016 (à mon humble avis, supérieur à celui de Luz sans doute trop à vif, trop dans l’urgence). Avec "La Vie hormonale", elle revisite avec brio l’humour BD au féminin en digne héritière d’une Bretécher ou d’une Cestac. Enfin ceux qui ont la chance de la rencontrer ont pu constater que c’était une... femme ! (Voir la polémique pour la sélection d’Angoulême). Pour toutes ces raisons (et bien d’autres !) c’est le choix de la belle Catherine qui s’impose ! »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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