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Catwoman Lonely City - par Cliff Chiang - Urban Comics

Par Jaime Bonkowski de Passos le 18 février 2023                      Lien  
À quoi ressemble Gotham sans Batman ? C'est ce que découvre une Catwoman cinquantenaire, proche de la retraite (son corps poussé à bout par des années de voltige le lui fait comprendre amèrement) mais bien décidée à renfiler le masque pour une dernière danse sur les toits. "Lonely City" paraît en ce début d'année dans le Black Label d'Urban Comics donc vous connaissez la chanson : il y a de très forte chance pour que ça soit excellent. Spoiler : oui, ça l'est.

Gotham a perdu son protecteur : lors de la Nuit du Fou, Batman, Nightwing, Gordon et le Joker ont perdu la vie, laissant derrière eux une Gotham livrée à elle-même. Selina Kyle, alias Catwoman, a endossé le chapeau des crimes et a passé dix ans en prison : l’histoire commence lorsqu’elle en sort, âgée et rongée par son passé dans une ville qu’elle ne reconnaît plus.

Gentrifiée, dirigée par un ex-criminel repenti, le maire Harvey Dent, la ville ne s’est toujours pas remise du traumatisme que fut la perte de son iconique protecteur. Et dans cette nouvelle Gotham, Selina doit trouver sa place et surtout clore pour de bon l’ultime affaire de Batman.

Mais elle a vieilli, et la chatte cambrioleuse a déjà bien consommé ses 9 vies...

Catwoman Lonely City - par Cliff Chiang - Urban Comics

Gotham sans le Bat

Mélancolie et teintes pastels : Catwoman Lonely City est un magnifique comics mené par la griffe de maître d’un Cliff Chiang en pleine maîtrise. Pour la version originale du titre, il assure le scénario, le dessin et le lettrage : un exploit.

Graphiquement, il reprend la charte esthétique du Bat-Verse de la série animée de Bruce Timm, et les designs iconiques de ses personnages dont le fameux costume gris à ceinture jaune de Catwoman pour un effet rétro hyper-convaincant. C’est coloré, c’est pop, ça claque : chaque planche est un festival pour les yeux, peu importe l’ambiance, qu’il s’agisse de l’intimité d’un penthouse ou du chaos d’une manif’.

Surtout, il reprend le ton général de la série, sorte de cartoon adulte assez dark où tout le monde se prend très au sérieux. Combiné au ton général de l’histoire et à son scénario assez lourd émotionnellement, le résultat est ambivalent et assez unique en son genre

Mais c’est surtout par l’histoire que le livre convainc. Chiang dépeint une Gotham qui fait face à une autre forme d’agonie qu’au temps où les masques et les capes sévissaient. Non sans rappeler le culte Batman White Knight de Sean Murphy, qui interroge l’utilité de Batman et la place des héros à Gotham, Chiang explore les mêmes thématiques en y ajoutant le poids de l’âge et de l’héritage.

Il manipule les émotions du lecteur sans pitié, en hésitant pas à nous fendre littéralement le coeur à plusieurs reprises. L’histoire se déroule dix ans après l’ère Batman, on a donc affaire à toute la galerie des Bat-personnages (Nygma, Killer Croc, le Pingouin) qui ont souffert des ravages du temps, et trouvent dans la vieillesse parfois la rédemption, parfois une autre forme de conclusion...

La nostalgie carbure à plein régime, mais Chiang ne se limite à l’hommage bas de gamme et offre à ses personnages une vraie seconde heure de gloire, tirant partie de leurs nouvelles faiblesses et forces et glorifiant leur âge avancé. Il n’est pas question de s’apitoyer sur son sort en pensant à comment avant c’était mieux : il faut faire au mieux avec ce qu’on a !

Et, grande tradition des comics à vocation conclusive, il imagine aussi une nouvelle équipe qui prendrait la relève de la Bat-family, prête à faire les quatre cents coups au nom de la liberté dans les rues de Gotham.

On parle assez peu de Batman dans Lonely City. Pourtant, il est omniprésent précisément par son absence. Le récit reste centré sur Catwoman, ses états d’âme, ses regrets et ses projets, et Chiang parvient à garder ce scope du début à la fin, offrant au personnage sans doute l’une de ses histoires les plus personnelles et les plus réussies.

Enfin, on apprécie la finesse de l’intégration de thématiques modernes à son histoire. Il est question de discriminations, de violence policière, de racisme et de sexisme, de Starbucks et de BitCoins, alliant à l’agréable du récit à l’utile de la réflexion.

Carton plein pour Cliff Chiang qui signe un titre puissant et remarquable, et pour Urban Comics qui ajoute à son Dark Label un énième banger. C’est simple : si vous êtes curieux et que vous avez envie de découvrir des comics qui font un pas de côté, piochez les yeux fermés dans le Black Label, il y a 99% de chance pour que ça vous plaise. Lonely City ne fera pas exception à la règle.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026826484

Catwoman Lonely City - par Cliff Chiang - Urban Comics - 10/02/2023 - 21€ - 224 pages.

Catwoman Urban Comics ✏️ Cliff Chiang à partir de 13 ans Arts martiaux, Combats Super-héros Fantastique Etats-Unis
 
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