Pour son retour dans sa propre série depuis pas mal de temps, et après avoir subi un échec avec la série Gotham Sirens qui n’a duré que douze numéros, DC engage le joker du Reboot, mais sort aussi carte de la provocation.
L’intrigue servie par Judd Winick nous entraîne sur le côté face des bas-fonds de Gotham City. Tandis que Batman vole dans les plumes des Hiboux, Catwoman plume le gratin de la pègre de Gotham. Au-delà de ces simples apparences volatiles, le scénario se révèle digne d’un film noir où Humphrey Bogart céderait son rôle à Rachel Mac Adams, justifiant la restriction T-16 attribué par l’éditeur lors de la sortie de cette publication aux USA.
Catwoman ne fait pas le détail et n’hésite pas à user d’allusions sexuelles à en mettre en émoi un juge ultra-conservateur de la Cour Suprême. Les vues sur le décolleté de la belle ne manquent pas et Guillem March est passé maître dans l’art de dessiner de créatures envoûtantes dans des positions lascives ou acrobatiques. L’apothéose survient lorsque Sélina a besoin d’un câlin : Batman est alors toujours dans le coin. Exit donc le sempiternel jeu du chat et de la souris usé jusqu’à la corde qui vous faisait acheter acheter cinq ans de parution pour recueillir au final un baiser au clair de lune. Ici, le chaste bisou se transforme en une nuit torride d’où chacun part de son côté, tout en sachant que l’un veille sur l’autre.
Cette fameuse scène a fait couler beaucoup d’encre aux Amériques, tout comme en France d’ailleurs, lors de sa sortie (premier numéro de Red Hood & The Outlaws).
Déchaînant la furie des fans, celle de certains médias ou encore celle des gens qui ont un avis sur tout sans avoir lu précisément le comic-book dont on parle, ce que d’aucuns nommèrent la “Catwoman-gate” a été l’un des événements les plus folkloriques de la scène comics de l’année 2011, faisant la preuve que lorsque l’on dépeint des femmes indépendantes et libérées de la pensée patriarcale dans le milieu US de la BD, on se cogne encore une fois à de doux relents archaïques. Rien d’étonnant pour une société puritaine qui reste leader dans l’industrie du X.
De notre point de vue, cette scène est utile à l’intrigue. Elle permet de constater qu’au final, Bruce et Sélina s’aiment (à la ville comme à la scène, d’ailleurs), le milliardaire restant l’une des rares attaches de Sélina.
Restant à un bon niveau, Catwoman est une série qui se bonifie à chaque numéro, servie par un dessinateur, Guillem March, qui s’amuse avec la féline, et ses lecteurs avec lui. L’album, très proprement édité, est agrémenté de croquis préparatoires au design des personnages et de recherches pour les couvertures.
(par Antoine Boudet)
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