Ceux qui brûlent raconte l’histoire d’une inspectrice au caractère bien trempé : Alex ; qui, traumatisée par un récent accident de la route, va reprendre le travail où elle se verra affublée d’un nouveau coéquipier un peu lourdingue, maladroit et gênant, André Pouilloux.
Face à une administration sexiste et absurde, elle se retrouve avec son nouveau comparse sur une affaire de second rang. Cependant, elle est fermement décidée à en découdre et elle ne compte pas se laisser faire par un système oppressant et injuste. Pendant ce temps, un individu peu fréquentable continue de sévir dans les rues de la ville en brûlant ses victimes à l’acide. Voila une occasion en or pour l’inspectrice de se distinguer dans ce monde d’hommes et de prouver sa valeur à ses collègues. Elle va cependant mettre son doigt et celui de Pouilloux dans un engrenage très dangereux.
Ceux qui brûlent est un polar habilement construit qui décrit avec rigueur le processus d’investigation d’une inspectrice plongée au cœur d’un milieu hostile. Si l’ensemble manque parfois de rythme ; les évènements se succédant néanmoins à toute vitesse au fil de ces 188 pages, Nicolas Deghani prend cependant le temps de brosser un portrait complet et passionnant des deux protagonistes principaux de ce récit.
Le trauma vécu par Alex se manifeste par des doubles pages introspectives au découpage explosif, une incursion immersive dans la psyché d’un personnage perturbé qui se laisse submerger par ses doutes et ses craintes.
Face à elle, Pouilloux, un grand benêt moustachu plutôt naïf dont on se demande comment il a pu arriver là. Sa bonne humeur, sa sympathie et ses anecdotes pourries sur sa vocation de policier pèsent un peu… Cependant, il est là, et il faut en conséquence composer avec lui.
L’atout majeur de cet album, c’est le dessin. Il faudra parfois prendre le temps et freiner un peu la lecture pour contempler les somptueuses planches de Nicolas Dehghani. Sorti de l’école des Gobelins en 2011, il livre ici un récit impeccable où les architectures sont impactantes, les personnages bien caractérisés et habilement conçus dans une palette crépusculaire envoûtante.
Cela donne un thriller violent et profond aux subtiles pointes d’humour qui ravira les fans du genre et les amateurs de beau dessin. Une découverte.
(par François RISSEL)
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