Largo & Co, de l’or en bulles
Le journaliste Paul Loubière analyse le secteur de la bande dessinée. Il note que tous les éditeurs sortent leurs blockbusters à l’automne. Avec Astérix comme chef de file, 5 millions d’albums sont achetés en quelques semaines grâce à la parution de XIII, Titeuf, Largo Winch, Kid Paddle, Le Chat et Lanfeust des étoiles. Les chiffres laissent rêveur : 1 million du dernier Astérix sont partis en 3 jours et Claude de St Vincent (PDG de Dargaud-Dupuis) se réjouit d’avoir, en vente, l’équivalent d’un Goncourt tous les deux mois...
Le journaliste revient sur l’opération marketing sans précédent du lancement du dernier Astérix (5% du CA prévu en 2005 soit 700.000 euros). Bernard de Choisy, responsable du marketing et du développement des éditions Albert-René, justifie ces moyens car, pour lui, il s’agit sans doute du dernier album d’Albert Uderzo. L’auteur va-t-il passer la main et laisser quelqu’un d’autre dessiner à sa place ? Aujourd’hui, Uderzo ne veut pas en entendre parler. Et pourtant, la BD à l’heure industrielle n’a aucun scrupule à exploiter les personnages comme des marques qui peuvent exister indépendamment de leur créateur, et qui sont déclinées sur tous les supports possibles. Le coup d’envoi de cette nouvelle stratégie a été donné par la reprise de Blake et Mortimer. Et les réussites commerciales des reprises de Boule et Bill et de Lucky Luke ne peuvent qu’encourager les éditeurs dans cette voie.
Les BD sur le business sont ses meilleures affaires
Pour un journal économique, quel est l’auteur le plus approprié à interviewer ? Assurément Jean Van Hamme ! Ancien homme d’affaires reconverti dans la BD, le scénariste belge fort de ses 25 millions d’albums vendus est une véritable "cash-machine" à lui tout seul. La plupart de ses récits se transforment en or.
Eric Tréguier nous livre une interview, somme toute assez classique, pour qui connaît le parcours professionnel de Van Hamme. Il nous apprend tout de même que le prochain Largo se déroulera à Hong-Kong et que l’auteur belge diminuant sa production, diminue ses revenus (de 1.000.000 d’euros à environ 800.000 euros par an) pour gagner... quelque chose de très précieux : le temps !
La bande dessinée excite les intérêts
Les produits dérivés des BD rapportent gros et leurs héros sont des locomotives publicitaires. Avec une croissance de 25% par an, le marché génère une cinquantaine de millions d’euros pour les éditeurs. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à faire confiance à des personnages de BD pour les campagnes publicitaires. Dior est satisfait de Largo Winch (encore lui !) et BNP Paribas ne voit pas pourquoi arrêter sa collaboration avec Blake et Mortimer. Les éditeurs restent très discrets sur les royalties qui représentent entre 6 et 10% du montant des opérations. Une bonne affaire dans un monde où les marges sont faibles. Les licences ne représentent que 10% du CA des éditeurs mais elles apportent des marges de 40%.Comme tout le monde y gagne, pourquoi s’en priver ?
(par Laurent Boileau)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion