L’exposition se veut le reflet de la réflexion de Baru sur le monde, la culture populaire, son identité. Sept espaces sont ainsi proposés au public : l’immigration, l’usine, la vie dans les cités, le football, la fin de l’usine et les cités, la boxe, l’autoroute du soleil. 400m2 d’exposition, 500 planches originales, 10 films d’archives, des crayonnés originaux et des agrandissements montrent le parcours de Baru et de sa volonté de témoigner de la grandeur du prolétariat.
Dessinateur engagé et militant, Hervé Barulea, dit Baru, a passé son enfance dans le bassin lorrain, une région qui vivait de la sidérurgie, une industrie qui utilisait une main d’œuvre en grande partie issue de l’immigration. Ainsi le père de l’auteur était d’origine italienne. Les premiers arrivés furent les Italiens suivis des Polonais et des Maghrébins. Entretemps, les usines fermèrent et ces populations durent apprendre à vivre avec le chômage et les problèmes qui en découlent : misère sociale et racisme. Les cités originelles horizontales (les Corons) devinrent verticales (les HLM).
Baru fut témoin de ces événements et au décès de son père décida qu’il serait dommage que tout un pan de l’histoire de cette population soit ignoré. Il prit alors ses crayons et se mit à raconter, avec un œil affûté, la vie de ce que certains appellent avec condescendance les petites gens. Toute son œuvre sera un chant d’amour pour le prolétariat, la grandeur des gens de peu, la beauté de leur vie quotidienne, la dureté des rapports humains. Le regard de l’artiste nous montre toute une population que les médias ont vite fait d’oublier. Baru ne veut pas d’une réhabilitation mais du respect pour ces familles qui soufrirent afin que leurs enfants puissent s’élever socialement.
Charleroi est certainement la plus légitime des villes pour recevoir telle exposition. Toute l’histoire de sa région est similaire à celle de la Lorraine car elle vécut aussi les richesses de la sidérurgie puis le déclin de cette industrie ; elle connut aussi l’afflux d’immigrés et leurs problèmes d’intégration face à une population autochtone pas toujours prête à accepter l’autre avec ses différences culturelles et sociales. Cette exposition devrait donc toucher un maximum de visiteurs par son approche de témoignages, de respect, de tolérance. Baru déclarait d’ailleurs lors de l’inauguration qu’il se sentait à Charleroi comme chez lui.
(par Erik Kempinaire)
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Exposition "Ritals, Polaks, Métèques, Racaille", le populo en bandes dessinées
du 9 mars au 13 mai 2007
du mardi au dimanche de 10h à 18h
Place du manège, 6000 Charleroi
Lire notre interview de Baru, réalisée pour l’occassion
Le site de l’exposition
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